L’armée des Ombres de Joseph Kessel

41W+pMrELfLAuteur : Joseph Kessel
Éditeur : Pocket
Date de parution : 1943
Pages  : 253
Prix : 5,40€

C’est à Londres, en 1943, que joseph Kessel, conteur inégalable et premier chroniqueur de notre temps, a écrit « L’armée des ombres », qui n’est pas seulement l’un de ses chefs-d’oeuvre mais le roman-symbole de la Résistance que l’auteur présente ainsi : « La France n’a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n’a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie […]  Jamais la France n’a fait guerre plus haute et plus belle que celles des caves où s’impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d’où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres. Tout ce qu’on va lire ici a été vécu par des gens de France. »

 ********   Avis   ********

Pas fioritures, on entre directement dans le vif du sujet avec ce livre écrit en 1943, dont l’auteur a modifié les faits (les lieux, les noms) afin que personne ne soit reconnu par les allemands, la France étant toujours occupée.

Avec émotion et authenticité, il retrace, en partie, les années noires de la France sous l’occupation allemande, où des hommes et des femmes choisissent la résistance, une liberté dans l’ombre plutôt qu’une vie d’esclave, on imagine très bien la vie terrifiante des protagonistes, qui dans les premières heures furent considérés comme des terroristes par beaucoup de français…

Des hommes et des femmes ordinaires dans des circonstances extraordinaires, nous donnent des leçons de bravoure, d’abnégation, de don de soi.

 » Dernière invention des questionneurs de la Gestapo.
On fait tourner une fraise de dentiste dans la gencive jusqu’à ce que la molette attaque l’os de la mâchoire. »

5 hommes sur 300. C’est le nombre de survivants dans le groupe de résistants suivi par Kessel au bout de quelques mois d’activité. 3 mois. L’espérance de vie d’un nouvel engagé.

Un livre qui colle à l’âme, impossible à oublier, chargé d’espoir.

« Je préfère, Monsieur, une France rouge à une France qui rougisse »

Aurais-je été meilleure ou pire que ces gens si…. ?

 » Nous sommes portés par des milliers et sans doute par des millions d’hommes. […] Personne ici n’a d’orgueil ni même le sentiment de la puissance. Nous savons que nos soldats changent cent fois de nom et qu’ils ne possèdent ni abri ni visage. Ils vont en secret dans des chaussures informes sur des chemins sans soleil et sans gloire. Nous savons que notre armée est famélique et pure. Qu’elle est une armée d’ombres. L’armée miraculeuse de l’amour et du malheur. Et j’ai pris conscience ici que nous étions seulement les ombres de ces ombres et le reflet de cet amour et de ce malheur. « 

Adapté au cinéma en 1969, par Jean-Pierre Melville, qui mêle ses souvenirs d’ancien résistant à ceux de Kessel, le film joue sur les silences et les regards, la scène de l’exécution du traître est aussi impressionnante que chez Kessel, voir peut-être même plus.

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 ******** Bio de l’auteur ********

Fils de Samuel Kessel, médecin juif d’origine lithuanienne qui vint passer son doctorat à Montpellier, puis partit exercer en Amérique du Sud, Joseph Kessel vécut en Argentine ses toutes premières années, pour être emmené ensuite de l’autre côté de la planète, à Orenbourg, sur l’Oural, où ses parents résidèrent de 1905 à 1908, avant de revenir s’installer en France.
Il fit ses études secondaires au lycée Masséna, à Nice, puis au lycée Louis-le-Grand, à Paris.
Infirmier brancardier durant quelques mois en 1914, il obtint en 1915 sa licence de lettres et se trouva engagé, à dix-sept ans, au Journal des Débats, dans le service de politique étrangère.
Ainsi, quand le conflit s’acheva et que Kessel, dès qu’il eut atteint sa majorité, demanda la nationalité française, il portait la croix de guerre, la médaille militaire, et il avait déjà fait deux fois le tour du monde.
Son premier ouvrage, La Steppe rouge était un recueil de nouvelles sur la révolution bolchevique. Après L’Équipage (1923), qui faisait entrer l’aviation dans la littérature, il publia Mary de Cork, Les Captifs (grand prix du roman de l’Académie française en 1926), Nuits de princes, Les Cœurs purs, Belle de jour, Le Coup de grâce, Fortune carrée (qui était la version romanesque de son reportage Marché d’esclaves), Les Enfants de la chance, La passante du Sans-souci, ainsi qu’une très belle biographie de Mermoz, l’aviateur héroïque qui avait été son ami. Tous ces titres connurent, en leur temps, la célébrité.
Correspondant de guerre en 1939-40, il rejoignit après la défaite la Résistance (réseau Carte), avec son neveu Maurice Druon. En mai 1943, les deux hommes composaient les paroles du « Chant des Partisans », voué à devenir le chant de ralliement de la Résistance.
Entre-temps, il avait publié un long roman en trois volumes, Le Tour du malheur, ainsi que Les Amants du Tage, La Vallée des Rubis, Le Lion, Tous n’étaient pas des anges, et il ferait revivre, sous le titre Témoin parmi les hommes, les heures marquantes de son existence de journaliste.



Catégories :Historique

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24 réponses

  1. Un grand livre et un merveilleux film. La meilleur adaptation possible du titre de Kessel.
    Merci pour ce retour. Il est important de ne pas oublier !

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  2. Bon livre et bon film… Passe un beau dimanche!

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  3. Coucou Rachel, désolée mais pas reçu de mail 😦 et après vérification il était ds mes spams! Je ne peux te dire si j’ai reçu le colis car mon fils a été opéré du coeur donc je suis en arrêt depuis 1 mois 😦 je dois dire que c’est un swap que j’ai complètement zappé et je ne me souviens même pas de ma swappee 😦 je ne crochète plus ne ne tricote car des gros soucis aux cervicales ! Mais je tiens à honorer ma parole donc si tu veux bien tout me renvoyer je ferais le nécessaire et surtout présente mes excuses à la copinaute 😕 je suis sensée reprendre le boulot le 26 juillet donc je ferais le nécessaire à ce moment. Vraiment désolée

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