De beaux jours à venir de Megan Kruse

A1ojNxe7+XLTitre : de beaux jours à venir (Call me home)
Auteur : Megan Kruse
Traduction : Héloïse Esquié

Éditeur : Denoël
Pages : 384
Parution : 25-08-2016
Prix : 21,90€

Depuis des années, Amy subit la violence de Gary. Jusqu’au jour où elle reçoit le coup de trop et décide de s’enfuir avec ses deux enfants, Jackson, dix-huit ans, et Lydia, treize ans. Premier arrêt au Starlight, motel crasseux qui va leur servir de refuge. Tous les trois s’endorment sereins et soulagés, mais au petit matin Jackson a disparu. Croyant gagner l’amour d’un père qui le rejette, il est retourné chez eux et a trahi sa mère et sa sœur en révélant à Gary l’adresse du motel. Amy se rend alors à l’évidence : si elle veut assurer sa sécurité et celle de Lydia, elle va devoir abandonner son fils. Cette séparation brise le cœur de la petite fille, très attachée à ce frère doux et différent. Jackson, de son côté, doit désormais se débrouiller seul, tiraillé entre la recherche désespérée de l’amour paternel, sa culpabilité et sa difficulté à gérer son homosexualité naissante.
De beaux jours à venir est un roman terriblement juste, touchant et sans complaisance, sur la famille, les sacrifices que l’on peut faire en son nom, et leurs conséquences. Un chef-d’œuvre où l’émotion prend à la gorge à chaque page.

Merci à Babelio et à l’éditeur Denoël

En apprendre un peu sur l’auteur

Megan Nicole Kruse écrit de la fiction et des essais. Elle a étudié la création littéraire à l’Oberlin College et a obtenu sa maîtrise à l’Université du Montana, où elle a reçu une bourse Bertha Morton. Elle vit à Seattle.

Avis

« Pu… de chienne de vie » ! Oui prendre un chemin plus que l’autre peut parfois nous entraîner dans des pentes glissantes …

Il est difficile de donner un avis sur cette histoire de vie, sans tomber dans le pathos ! C’est justement ce que l’auteur évite avec brio. J’ai pu lire certains commentaires qualifiant ce roman de  déprimant et je dois dire que j’appréhendais cette lecture.

On est vite plongé dans ce drame familial que tout à chacun peut vivre ou rencontrer dans sa vie. J’ai été émue, par cette femme qui après 14 ans de maltraitance prend son courage à deux mains et décide de dire STOP ! Sa force sera ses enfants puisque c’est en les observant qu’elle prend Sa décision. Elle voit la peur dans les yeux de sa fille, elle voit son fils qui ne pourra jamais s’épanouir et assumer son homosexualité au contact de ce père tyrannique.

« A présent, ses enfants dormaient et elle tenta de dormir également, de leur insuffler ses rêves, de rêver encore une nouvelle vie, de faire par la force de sa volonté que cette vie leur vienne, malgré tout. »

Ce fils qui malgré l’amour de sa mère et sa soeur, est à la recherche de l’amour et de l’approbation de son paternel, qui n’a que du mépris pour lui, ce père qui ne le regarde que pour le rabaisser…, va trahir cet amour inconditionnel…

« Elle voulait autre chose pour Jackson. Elle voulait toutes les promesses lumineuses que transmettaient ces voix d’espoir, les rues chaudes et accueillantes dans lesquelles tous et toutes défilaient. Elle voulait qu’il reçoive ce qui lui était dû, que le monde s’ouvre à lui. Elle voulait lui donner tout ça, le lui offrir sur un plateau. Elle ne voulait pas qu’il vive une minute de plus la pauvre vie étriquée qui le cernait déjà alors que tout cela l’attendait ici. »

Les chapitres se suivent et ne se ressemblent pas, chaque personnage nous livre son ressenti, ses peurs et angoisses face aux évènements. Avec un retour quelques années en arrière pour la mère. Permettant d’en apprendre beaucoup plus sur leur personnalité. La psychologie des personnages est tellement fine que cela les rend réel et attachants.

L’affirmation des penchants sexuels de Jackson est très bien décrite, ses doutes et ses peurs, sa descente en enfer pour mieux remonter et s’assumer.

« Lydia, m’a dit mon frère, tu sais le truc que les filles, elles ressentent pour les garçons.? Eh bien moi, je ressens la même chose.Je me dis que je pourrais bien me marier avec un garçon un jour. »

Par amour il faut parfois savoir laisser ses enfants voler de leurs propres ailes, quitte à y laisser des plumes. C’est dur, cru mais tellement vrai ! Pour s’en sortir et sauver ses enfants il faut parfois se sauver soi-même avant… Comment affronter la vie et aider ses enfants si toi en tant que mère tu acceptes d’être maltraiter et rabaisser.

« Tout ce qu’ils avaient fait à ce moment-là, c’était à cause de son père. S’il emmenait Lydia dans les bois, c’est parce que son père les y forçait, parce que son égoïsme et sa cruauté les contraignaient à sortir de la maison. Tous ces moments de jeux ne correspondaient qu’à une illusion de liberté. Les moments où ils pendaient qu’ils maîtrisaient leur destin, c’étaient en fait ceux-là même où son père avait vraiment gagné. »

Chacun des personnages va trouver sa place, trouver son chemin. La mère en s’enfuyant sait qu’elle se sauvera d’une violence de plus en plus présente, et sauvera sa fille. Jackson ne pouvant que fuir, ce père présent que pour faire peur, trouvera sa route et Lydia n’aura plus peur…

« Il en eut la certitude et il se promit en cet instants, dans la cabine du semi-remorque, au plus profond de son coeur, qu’il ne reverrait jamais son père. »

Après la pluie le beau temps c’est ce que ce livre nous crie !

« On fait des choses parce qu’on croit y être obligé. Je savais que ce qu’avait dit ma grand-mère était faux. Ce n’est pas vrai qu’on reste soi-même. On n’est jamais plus soi-même. Votre coeur va se briser encore et encore et vous serez peut-être coupée de vos enfants à jamais, mais quoi qu’il arrive, une mère reste une mère »

De beaux jours à venir est un bon et beau roman, hymne à la vie, hymne à l’amour, au don de soi à l’amour familial et au refus de la violence même par amour. Un cri de rage et d’espoir.

« Mon Jack, mon Jack, mon Jackson « , et à chaque fois qu’elle prononçait son nom c’était comme une prune de la fin d’été, c’était comme de s’endormir au soleil au beau milieu de l’après midi. Debout dans la lumière, il m’a regardée. J’avais cru que ma vie était finie, mais voilà, qu’elle recommençait. Ma mère disait son nom, et il s’approchait de moi, et j’étais sa soeur.

Megan Kruse a une très belle plume et la traduction est tellement bien faite que le texte est fluide et beau.

Je n’aurais sûrement pu découvrir ce roman, si je n’avais pas posé ma candidature pour rencontrer l’auteur. Je suis encore plus impatiente d’entendre Megan Kruse parler de son livre.

Une belle leçon de vie !

 



Catégories :Romans noirs

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8 réponses

  1. Il a l’air vraiment très chouette, ce livre…

    Aimé par 2 personnes

  2. Un texte qui semble très fort !

    Aimé par 1 personne

Répondre à Belette2911 Annuler la réponse.

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