Eva a à peine quatre ans, lorsque sa mère décide d’en faire le modèle de ses photos érotiques.
Un livre à l’ambiance malsaine, glauque, où il faut à plusieurs reprises reprendre son souffle. On a du mal à réaliser que l’histoire est celle d’une petite fille de 7 ans, instrumentalisée, érotisée par une mère toxique et manipulatrice.
Dès la naissance, cette mère n’aura de cesse de faire de sa fille son jouet, refusant au père le droit d’exister, ou de reconnaître sa fille. Rien que le mode de vie de cette gamine est complètement déphasé. Sa mère vit seule dans un appartement, alors que la gamine dort dans une chambre de bonne avec sa grand-mère ?!
Très tôt, sa mère l’entraîne en boîte de nuit, en voyages, dans des soirées où l’alcool coule à flots et la drogue est en libre-service. Ce mode de vie placera Eva en complet décalage avec ceux de son âge.
En 1965, sa mère devient photographe et réalise que les photos érotiques d’une petite fille maquillée et habillée comme une femme ont le pouvoir de la rendre célèbre et riche. Sa fille devient son modèle, elle la fait poser nue dans des poses très suggestives.
Les clients s’arrachent les clichés qui se vendent comme des petits pains et les shootings photos s’enchaînent pour tenir le rythme du carnet de commande.
Eva devient à la fois, la source de revenus et celle du succès de sa mère. À 11 ans, la petite fille fait la couverture du célèbre magazine allemand Der Spiegel, complètement nue et les photos se vendront dans le monde entier.
La narration sur l’enfance d’Eva s’arrête vers 11 ans, sa mère perd sa garde et elle ira vivre en foyer. Lorsqu’elle reprend son histoire, c’est une femme adulte, en quête d’amour pour ce père, dont elle ne sait rien, même pas le nom de famille.
Une enfance volée, parsemée de haine, de violence psychologique, de maltraitance, mais également d’amour ambivalent de cette enfant. D’un côté Eva déteste ces photos et se déteste à travers elles, mais d’un autre elle est le centre d’attention de cette mère qui habituellement l’ignore, mais l’exhibe sur la place publique comme un trophée, à moitié nue.
C’est le cri de la petite Eva qui n’a pas réussi à se faire entendre en tant qu’enfant. C’est un cri de rage qui vient du fond des tripes, encore plus lorsque l’on sait que les photos sont visibles et accessibles. Alors même qu’Irina Ionesco est toujours la propriétaire des négatifs et exploite commercialement les photos.
On a parlé il y a quelques mois de l’affaire de Gabriel Matzneff avec le livre de Vanessa Springora « le consentement », un livre qui a défrayé les médias, pourtant Eva Ionesco n’aura pas eu cet impact à la sortie de son livre, alors qu’elle raconte son enfance violée par une mère qui faisait d’elle des photos obscènes, à une époque qui prenait cela pour de l’art.
Ce livre a été lu grâce à NetGalley et en partenariat avec le maison d’édition.
Parution : 23 août 2017 – Editions Grasset – Pages : 432 – Genre : témoignage, relations mère-fille, photographie
4° de couverture
Elle s’appelle Eva, elle est adorable avec ses boucles blondes et ses bras potelés. Une enfant des années 70. Photographe, elle prend Eva comme modèle érotique dès l’âge de quatre ans, l’oblige à des postures toujours plus suggestives, vend son image à la presse magazine. Comment survivre parmi les mensonges, aux prises avec une telle mère, dans une société qui tolère le pire ?
Actrice et réalisatrice française, c’est la fille de de la photographe Irina Ionesco. Enfant, elle est poussée à poser fréquemment comme modèle pour les photos de sa mère et de certains photographes, parfois nue. Le caractère érotique de ces photos mettant en scène une très jeune enfant nue et érotisée provoque de grandes controverses. À onze ans, elle pose nue en couverture du Spiegel du 23 mai 1977. Vers seize ans, c’est pour Pierre et Gilles qu’elle apparaît dénudée sur le thème d’Adam et Ève.
Elle a fait sa première apparition à l’écran dans « Le Locataire » (1976), de Roman Polanski, à 11 ans. Toujours à la fin des années 1970, alors qu’elle est encore mineure, elle joue dans quelques films érotiques.
A 12 ans, elle vit seule avec un jeune homme de 15 ans qu’elle souhaite épouser. C’est à cette époque que la Direction des affaires sanitaires et sociales (Ddass) s’alarme et retire à sa mère ses droits parentaux.
Catégories :biographie
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Purée, c’est la glauquitude à tous les étages aussi… Si je le trouve, je le lirai, ce roman mérite mieux qu’une place dans l’ombre des autres.
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Oui il mérite une place 😉
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Noté ! Si j’ai le courage parce que bon… on trinque avec ce genre de récit glauque.
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Oui ça chamboule….
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Parfois, on n’a pas envie d’être chamboulée…
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En général j’évite ce genre de thème aussi….
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Il faut le bon moment… Sinon, on ira dans le mur.
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Exactement… Perso je me protège de certaines lectures…
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J’y vais en toute connaissance de cause et je me prépare. Bien qu’on ne peut jamais se préparer tout à fait.
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Oui, il faut se préparer. Dans ce genre de lecture, tu sais où tu mets les pieds, mais tu ne sais pas toujours comment tu vas réagir…
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Souvent mal, avec les tripes nouées, la nausée et l’envie de fuir.
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C’est exactement ça…
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Je n’en avais pas entendu parler et pourtant c’est un cataclysme cette histoire. Merci de nous la mettre en avant. Effrayant.
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Merci à toi pour ton passage 🙂
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Je l’ai lu … je connaissais déjà l’histoire d’Irina Ionesco et j’avais vu son film « My Little Princess »… mais son livre est tellement pire, plus cru, plus détaillé !
Quelle vie…
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Oui un livre très dur. Je n’ose pas le film, je pense que ce serait au-dessus de mes forces…
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Je l’ai reçu un peu par hasard, je ne lis pas souvent ce genre de thème mais il me paraît vraiment poignant. J’ai hâte de voir ce que ça donne.
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Le plus terrible c’est de savoir que ces photos sont toujours visibles….
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Quelle horreur… Ça ne doit pas aider à se reconstruire.
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Oui c’est terrible !
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