Je pleurerai plus tard de Mathieu BERTRAND

J’avais déjà eu le plaisir de découvrir la plume de l’auteur avec « les émeraudes de Satan », une belle réussite pour un premier livre, ici, il change complètement de registre et propose un thriller assez intéressant.

Il n’en demeure pas moins que l’on retrouve quelques bribes de fantastique, qu’il affectionne, même si son intrigue est un thriller : le passage où son personnage principal voit sa grand-mère flotter au-dessus de lui, alors qu’il se repose dans le noir lors d’une garde de nuit alors qu’il a  20 ans… Son épouse qui vient lui rendre visite… Le tout entre raison et déraison. Entre Folie et croyances de la Corse profonde, ses démons, ses fantômes… Et l’esprit cartésien qui tente de démonter tout ça…

Il y a un vrai travail d’écriture et l’évolution est flagrante, même si quelques longueurs persistent… C’est le récit d’un homme qui perd tout… Un homme bien installé dans la vie et dont la vie va basculer.

Le livre débute par la fin c’est assez atypique, le lecteur sait dès le départ que le personnage est en prison, sans en connaître la raison… La seule chose que nous savons, c’est qu’il souhaite en finir avec cette vie… Ainsi commence le récit de sa vie qui a basculé, 8 semaines auparavant… Le lecteur est entraîné dans un tourbillon sans fin… sauf une fin fatale… Car l’issue ne peut être qu’un drame.

« Ils sont morts. Tous les deux. Ce jour-là, j’ai tout perdu. Mais pire encore… j’ai perdu mon âme.
Couché dans ma cellule, j’observe le mouvement de balancier d’un nœud de pendu. Dans quelques minutes, mon cou s’y brisera. Quand plus rien ne vous raccroche à la vie, la mort devient une échappatoire plutôt acceptable. Huit semaines. Huit putains de semaines qui m’ont fait basculer dans une haine qui dictait mes pensées autant que mes actes.
Impossible de s’extirper de ce carcan que représente l’envie de vengeance. Ça part d’une promesse, ça se transforme en rage et ça s’installe dans votre tête pour n’en sortir que lorsque vous êtes un meurtrier… »

8 semaines que l’auteur va faire vivre sur les chapeaux de roues, aussi bien à son lecteur qu’à son personnage, Patrice Lorenzi, Directeur de services pénitentiaires… 8 semaines d’émotions… 

Je salue le travail que l’auteur a fourni, avec une écriture plus aboutie. Il rend hommage au milieu carcéral, qu’il connaît très bien… Un métier méconnu, souvent dénigré et pourtant loin d’être facile… Sans pour autant en faire trop, pour ne pas ennuyer le lecteur, sauf en filigrane, car nous ne naviguons pas dans ces eaux… Mais bien dans une vengeance…

La vengeance n’a pas de prix… Se venger de ceux qui lui ont volé sa vie idyllique, qui ont détruit l’équilibre parfait… Qui ont tué son enfant… Et sa femme…

Cet homme est torturé par ce choix et pourtant, il reste convaincu que la justice, reste le recours final… Mais sa promesse à sa femme va supplanter cette justice..

Le livre se termine par le début, avec les sentiments que nous livre ce père… Ce meurtrier. Qui pensait que sa haine et sa douleur seraient apaisées par la disparition des tueurs et pourtant… La douleur et telle que rien ne peut venir la combler, même pas la vengeance…

La justice aurait pu contribuer à une reconnaissance en tant que victime, mais le temps du deuil est long… Et même si on ne peut accepter de voir mourir son enfant… Se venger apporte-t-il le réconfort tant attendu ? Beaucoup de questions…Dont les réponses se trouvent en chacun de nous.

J’ai beaucoup aimé la trame principale de l’intrigue… En tout cas, tout est plausible et possible…

La vengeance peut avoir différentes facettes et le destin parfois met sur notre route d’étranges phénomènes dont les rouages s’articulent de manière à ce que tout s’emboîte parfaitement…

Le titre, leitmotiv du personnage principal, pourrait être le nôtre… Chacun de nous se retrouvera dans ses doutes, ses interrogations et certainement ses choix…

Une évolution visible qui est un vrai régal et une plume en parfait accord avec ce thriller psychologique qui m’a vraiment ému et dont l’intrigue est vraiment bonne.

Parution : 9 juillet 2020 – M+ éditionsPages : 288 – Genre : Polar-Thriller-psychologique

Au cœur d’une petite ville de province, Patrice Lorenzi mène une vie rangée entre des semaines en déplacements professionnels et des week-ends en famille. Le jour où son enfant disparait, ses certitudes sur la réelle valeur de l’existence s’envolent alors que sa vie de fonctionnaire modèle bascule dans l’horreur. Une parole donnée et l’étrange proposition d’un inconnu aux allures de mercenaire vont l’entrainer dans un cauchemar dicté par la haine et animé par la vengeance. Le compte à rebours de son destin, désormais réglé sur huit semaines, ne lui laissera que le répit nécessaire à un seul et unique objectif : devenir un assassin. Mathieu Bertrand est né en 1969 en région parisienne et a grandi en Corse. Ancien élève des Instituts Régionaux d’Administration, il est cadre de la fonction publique. En 2016, il publie son premier roman intitulé Les émeraudes de SatanSon second roman Je pleurerai plus tard est un thriller reposant sur la vengeance d’un père meurtri par le destin. Il habite dans la région de Toulouse à Agen



Catégories :Thrillers/Polars

Tags:

11 réponses

  1. Ah si j’avais le temps de lire toutes les tentations livresque…. :/ C’est bien quand un auteur sait de quoi il parle et a bossé son roman.

    Aimé par 2 personnes

  2. Je sors de la lecture du manuscrit des damnés, la suite des émeraudes de Satan. Tu dis que le style est plus aboutie dans celui-ci. J’espère bien car c’est vraiment le défaut de son style.

    Aimé par 1 personne

  3. A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.

    J’aime

  4. J’aime beaucoup le fantastique et le thriller, ensemble j’ai toujours un peu peur que ça ne fonctionne pas, que ça parte trop dans l’invraisemblance au bout du compte…

    Aimé par 1 personne

  5. J’ai l’impression qu’il faut le noter, celui-là !

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

En savoir plus sur Ju lit les mots

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture