Sept mensonges de Elizabeth Kay

Au-delà de l’objet livre qui est franchement très beau et visuel avec une édition avec sept intercalaires au lieu des traditionnelles parties, faisant ainsi référence au titre, j’avais un peu peur que toute la communication soit basée sur l’objet livre, mais je sais aussi que la collection la bête noire ne m’a jamais déçue lors de ses publications, donc je partais confiante. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue…

Il suffit parfois de peu de choses pour que notre vie bascule, un petit, tout petit mensonge…. Et puis mentir devient peu à peu plus simple, devient une nécessité parfois… Un mensonge ne peut, après tout, faire de mal à personne… Du moins en apparence, on pense maîtriser les choses. Il y a plusieurs types de mensonges, ceux que l’on fait par omission, ceux que l’on fait sciemment, ceux que l’on pense innocents, ou que l’on fait pour protéger ceux que l’on aime… Mais, faut-il mentir à ceux que l’on aime ? 

Pour peu que vous soyez friand de thrillers psychologiques, vous trouverez votre compte avec cette histoire brillamment construite sur le modèle d’un sablier inversé, dont on découvrira la solution vers la fin, puisque dès le départ on sait que Jane se confesse, mais on ne sait pas à qui.

Un thriller d’une remarquable maîtrise, que ce soit par sa construction que par sa plume sans fioriture et nerveuse de l’auteure. Les mensonges se distillent au gré des informations parsemées tout au long des sept parties qui représentent sept mensonges. 

L’auteure arrive à insuffler la vie à cette histoire très crédible. On entre dans l’intimité de cette relation amicale, pour en effleure la profondeur des sentiments, au point parfois de se demander si cette relation, portée au firmament, n’est pas imaginée, pour le paragraphe d’après se demander si ce n’est pas de l’amour. On se perd dans les méandres de la confession de Jane, pour mieux être amener vers la révélation. Elle nous entraîne à la lisière de la folie, sans que l’on ne réalise que l’on est déjà dedans jusqu’au cou, et cela, dès le départ. Il y a une telle sincérité dans les propos que la bascule entre obsession et réalité reste fine, au point que l’on ne discerne le voile qui les sépare qu’à la fin…

Tout au long des parties, Jane se livre, se raconte, raconte, justifie ses mensonges tout en cherchant l’assentiment du lecteur. Les mots sont feutrés et cela se fait à l’image de cette plume tout en finesse, sensuelle, enivrante, intime, sans être lassante. On pourrait s’imaginer au coin du feu, avec une bande de copains qui se racontent des histoires. Cette tonalité dans les mots créée une complicité entre le narrateur et lecteur, grâce à l’utilisation du tutoiement établissant une proximité entre les deux. 

J’aurais pu écouter Jane parler, me raconter son histoire, j’aurais pu être l’amie de Jane, pourtant Jane ne veut que Marnie dans sa vie. L’une est la lumière, l’autre, l’ombre et chacune a besoin de l’autre, mais pas pour les mêmes raisons. L’une par amitié sincère, l’autre a idéalisé cette amitié.

Sous ses airs de thriller, l’intrigue aborde les relations toxiques, complexes tout en établissant le rapport de ce type de déviances psychologiques avec le manque d’attention et d’amour en étant enfant. Les blessures enfants, nous accompagnent, nous construisent et peuvent faire de nous des monstres. Un thriller psychologique brillant qui met en évidence les blessures, les déviances qui sont en chacun de nous. 

Je remercie infiniment la Bête noire pour cette excellente lecture que je vous recommande chaudement.

Tout a commencé par un mensonge. Un tout petit mensonge… Jane et Marnie sont inséparables depuis l’enfance. Et si Jane avait été honnête depuis le début – si elle n’avait pas menti cette toute première fois –, alors peut-être que les choses auraient pu tourner autrement. Peut-être que le mari de sa meilleure amie serait encore en vie. Le temps est venu pour Jane de dire la vérité, enfin… sa vérité. Tandis qu’elle se confie et décortique les sept mensonges qu’elle a racontés à Marnie, chacun plus terrible que le précédent, elle révèle les couches de noirceur qui ont infiltré leur amitié et les secrets toxiques qui remuent sous la surface. Mais une vérité peut toujours en cacher une autre…

Parution : 11 juin 2020 – Editeur : Robert Laffont Collection : La bête noire –Traduit par : Nicolas Ancion et Axelle Demoulin – Pages : 400 – Genre : thriller, thriller psychologique, suspense psychologique

Elizabeth Kay est éditrice et écrivaine. Diplômée en littérature anglaise, elle est rédactrice en chef chez Penguin Random House et se consacre en parallèle à sa passion pour l’écriture. « Sept mensonges » (« Seven Lies », 2020) est son premier thriller.



Catégories :Challenge Polars et Thrillers, Thrillers/Polars

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20 réponses

  1. Nous sommes d’accord ! 😁 C’est vrai que par moments, on se dit que Jane est en plein délire puis on se rend compte que cette histoire est réelle.

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  2. Et comme tu le dis justement, Jane pourrait être ton amie, la mienne… Je l’ai trouvée très touchante malgré ses fautes.

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  3. Il me fait de l’œil celui-ci 😊

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  4. Je pourrais me laisser tenter merci !

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  5. Souvent un mensonge amène à un autre, puis un autre, etc…, et on ne peut plus arrêter la machine ! Il a l’air très intéressant et la maison dedition a bien travaillé sur l’objet livre, ça me donne encore plus envie.

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  6. Trop difficile de mentir, faut faire chauffer le cerveau pour ne pas se trahir ! Moi j’ai toujours été partante pour fermer ma gueule au lieu de mentir, sauf si le mensonge est essentiel « mais je n’avais pas vu qu’il fallait traiter ce dossier » 😀

    Je note le titre 😉

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  7. Hop, direct en wishlist! Après un tel avis il est impossible de résister 😉

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  8. Le genre de thriller psychologique qui me tente énormément et tu le vends si bien.
    Je me le note
    Merci pour cet avis

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