Nuits nantaises, tome 3 : Le Nantais de Carl Pineau

J’ai eu le plaisir de découvrir la plume de Carl Pineau avec l’Arménien, dans lequel l’auteur immergeait son intrigue dans les années 80, une immersion dans le monde de la nuit, avec cette liberté qui prédominait, avec sexe à gogo, sans protection… Les événements majeurs des années 80, étaient le fil directeur… 

Avec Le Sicilien, on fait une plongée vertigineuse dans les années 90, le sida est passé par là, le sexe prend une place moins importante, enfin, on se protège… Mais les trafics en tout genre ont pris de l’essor, au point que les petits malfrats des années 80, sont devenues des pointures… 

C’est assez intéressant de suivre l’évolution des personnages, à travers un fil conducteur qui colle à l’Histoire, avec les événements importants de ces décennies, mais également de la plume de l’auteur qui a pris en maturité. 

Même si les personnages étaient déjà bien campés dans les précédents, ici, ils gagnent en profondeur. 

Le flic du Nantais, Greg Brandt, se fait vieux, il est à la retraite et garde ce profond attachement au genre humain en voulant aider ceux qui souhaitent sortir de leur dépendance à la drogue. Mais voilà, flic un jour, flic toujours, impossible de se refaire. Il dérange et les menaces ne tardent pas. Il est dans le viseur des dealers et des petits caïds… Soixante-dix kilos d’héroïne disparaissent du 36, une jeune flic est tuée. Le dernier baron de la drogue vient de tomber, en toile de fond, les émeutes et les violences explosent dans les banlieues à la suite de la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, le 27 octobre 2005, électrocutés dans l’enceinte d’un poste électrique alors qu’ils cherchent à échapper à un contrôle de police, les guerres entre bandes rivales pour s’approprier le marché de la drogue, et la religion fait son apparition dans certains discours. La tension est à son paroxysme lorsque les proches de Greg Brandt sont touchés. 

J’ai été très agréablement surprise par la direction que prend l’auteur pour clore cette trilogie nantaise où l’on retrouve les personnages récurrents avec leurs liens et surtout, on apprend certaines choses qui nous font ressentir de l’empathie pour ce flic droit dans ses bottes, mais qui, n’hésite pas à franchir les limites, par conviction ou amour. 

La plume est beaucoup plus travaillée et aboutit, les personnages sont plus humains, touchants, voir détestables. Une réelle évolution dans l’écriture et la qualité, même si elle était déjà présente, l’évolution est flagrante. La plume est concise, directe, pleine de réalisme. Surtout si on sait lire entre les lignes, et que l’on fait le parallèle entre certains personnages et l’évolution de la société.

Avec ce troisième opus, on bascule dans les années 2000, et les trafics en tout genre, mais surtout, Carl Pineau met l’accent sur l’émergence des trafiquants sans code d’honneur. Place aux jeunes, qui n’ont aucun scrupule à s’attaquer aux anciens pour les dégager de la place et se faire de fric. On trucide à tout-va, la violence est beaucoup plus présente. Le sang coule à flots, et tant pis pour ceux qui se trouvent sur la route de ces malfrats qui n’ont plus aucune limite. 

Un déchaînement de violence qui atteint son apogée, à l’image de cette société gangrenée. Pour autant, l’espoir est là et il suffit de tendre la main… Une belle façon de terminer cette trilogie que je vous recommande de lire dans l’ordre, pour en apprécier l’évolution, même si chaque livre peut se lire séparément. 

Je remercie sincèrement Carl Pineau pour ce livre, ainsi que les éditions Lajouanie. 

Pour la petite boutade, il a mis plus de 2 mois avant d’arriver chez moi, et autant vous dire que j’étais impatiente et que lorsque « désiré » a été entre mes mains, je l’ai attaqué de suite. 

Je suis particulièrement émue du parcours de Carl Pineau et de ses nuits nantaises qui, a remporté le prix des auteurs inconnus 2017 pour l’Arménien et qui remporte un succès mérité.

Parution : 28 juin 2019 – Editions Lajouanie –  Prix papier : 18,00€ – Prix numérique : 9,99€ – Pages : 312 – Genre : polar, thriller

Né en 1966 à Nantes, Carl Pineau commence très tôt à fréquenter la vie nocturne de la ville. Il est encore très jeune lorsqu’une discothèque l’embauche pour animer les soirées. Les lieux cultes nantais deviennent pour lui un univers familier. À 21 ans, il quitte le monde de la nuit et reprend des études. Nantes est sa ville de cœur. Pourtant, en 2009, avec sa femme et ses deux enfants, il décide d’aller voir le monde pour réaliser son rêve d’enfant : écrire. La famille se fixe d’abord au Québec, où Carl suit les cours de création littéraire de l’université de Laval et entame L’Arménien, et marque le début de la collection Nuits Nantaises. Depuis 2015, la tribu habite en Thaïlande, où Carl continue d’écrire. Malecón, thriller politico-financier situé entre Paris et Cuba, sortira en 2019. Deux autres polars de la série Nuits Nantaises sont également en rédaction. Il est lauréat du Prix des Auteurs Inconnus 2017



Catégories :Challenge Polars et Thrillers, Thrillers/Polars

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5 réponses

  1. Ha, j’imagine que l’attente a été longue !

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  2. Il faut absolument que je trouve le temps de lire cette trilogie. L’auteur est en plus d’une rare gentillesse. Merci d’en parler et d’avoir été ainsi un élément déclencheur du succès de cet auteur qui le mérite amplement👏. C’est beau ce parcours en trois ans. Excellent weekend Julie 😊

    Aimé par 1 personne

Rétroliens

  1. Bilan du Challenge polar et thriller 2020-2021 – Ju lit les mots

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