Bilan du Challenge polar et thriller 2020-2021

Billet de lancement du challenge

L’heure du bilan est arrivée et, même si l’année du challenge a été compliqué en lecture, je suis ravie de partager avec vous mes lectures, et films autour du polar et du thriller. 

Tous les ans, je tente la catégorie Walt Longmire : de soixante-quinze à cent livres lus. Pour 2020/2021, avec les séries et les films ajoutés, je pensais y arriver.

C’est toujours un plaisir de participer, et terminer en commissaire Maigret c’est quand même pas mal. Je ne rivalise certainement pas avec Belette Sharon dont j’attends les bilans avec impatience.

Histoire de vous faire un avis des différentes participations, n’hésitez pas à vous rendre sur le blog de Sharon, on y découvre des avis sympas et des idées de lectures que j’aime explorer lors des bilans.

Pour accéder à mes avis, il suffit de cliquer sur le titre…

1- Melancholia de Lars von Trier : film

Tour à tour fascinant et lancinant, une ambiance singulière avec beaucoup de mystères, ce film pose de nombreuses questions sans apporter de réponses, puisque le spectateur devient acteur à part entière, le réalisateur le poussant à la réflexion. 

Le casting est parfait avec Kirsten Dunst, dans la peau d’une femme imprévisible et au regard vide et Charlotte Gainsbourg est juste parfaite de justesse et de fragilité. Alors que l’une est forte, la panique s’empare peu à peu d’elle et l’idée de tout perdre, notamment la vie, l’autre trouve une paix intérieure sublimée sous la caméra de Lars von Trier. Un film empreint de mystère dont le final est juste ahurissant d’émotion et de beauté …

2- Tel père telle fille de Fabrice Rose

c’est un livre que l’on ne doit pas prendre au premier degré, que l’on doit approfondir. Il faut lire entre les lignes pour y déceler une rédemption, une envie de tourner la page, l’amour de l’auteur pour sa fille, et de dire que le meilleur reste à venir et peut être vécu.

3- The House at the End of Time de Alejandro Hidalgo : film

En proposant cette alternance entre les deux époques ce film fantastique met l’accent sur les secrets en divulguant peu à peu les pièces du puzzle, tout en maintenant une tension dramatique. Le scénario se révèle riche en rebondissements avec un final aux révélations inattendues.

4- Les yeux des ténèbres de Dean Koontz

Il y a un côté désuet que l’on retrouve dans les dialogues, dans la manière dont Tina et Eliott se tournent autour, le tout mâtiné de respect et de sensualité. La trame suggère et laisse le lecteur s’approprier l’intrigue, grâce à son imagination. J’ai apprécié ce côté, non prémâché que l’on trouve trop souvent aujourd’hui. Ce que j’apprécie dans le cinéma des années 80, je l’ai retrouvé entre les lignes de ce roman. 

5- La Rue de Ann Petry

La plume est d’une beauté fulgurante, comme Luti, dont la beauté transfigure le récit. Un récit intemporel et d’une incroyable vérité, avec un final déchirant, et inattendu.

Vous ne pouvez absolument pas voir à quoi ressemble un nègre. Vous ne le pouvez pas : un nègre n’est jamais un être humain. C’est une menace, un animal, une malédiction, un déshonneur ou une plaisanterie.

6 Mon père, ma mère, mes tremblements de terre de Julien Dufresne-Lamy

Un sujet rarement abordé, la transition est un bouleversement pour la personne, mais aussi pour son entourage et à travers ces lignes Julien Dufresne-Lamy offre la possibilité d’être aux côtés de cette famille, dans ce huis clos, dans cette salle d’attente, où Alice est attendue avec amour.

7- L’homme de la situation de Lou Lubie

Un roman graphique qui se lit comme un thriller psychologique, dont l’étau se referme peu à peu sur son héros, qui n’a aucune chance d’échapper à l’absurdité de la situation. Que vaut la parole d’un homme face à certaines situations…

Au-delà de l’intrigue en elle-même le trait de crayon est maîtrisé avec des dessins tout en rondeur, comme pour arrondir les angles…

Dans une société qui évolue pour devenir de plus en plus inclusive, les hommes ont parfois du mal à trouver leur place.

8- Nuits nantaises, tome 3 : Le Nantais de Carl Pineau

Avec ce troisième opus, on bascule dans les années 2000, et les trafics en tout genre, mais surtout, Carl Pineau met l’accent sur l’émergence des trafiquants sans code d’honneur. Place aux jeunes, qui n’ont aucun scrupule à s’attaquer aux anciens pour les dégager de la place et se faire de fric. On trucide à tout-va, la violence est beaucoup plus présente. Le sang coule à flots, et tant pis pour ceux qui se trouvent sur la route de ces malfrats qui n’ont plus aucune limite. 

Un déchaînement de violence qui atteint son apogée, à l’image de cette société gangrenée. Pour autant, l’espoir est là et il suffit de tendre la main… Une belle façon de terminer cette trilogie que je vous recommande de lire dans l’ordre, pour en apprécier l’évolution, même si chaque livre peut se lire séparément. 

9- La race des orphelins de Oscar Lalo

Les mots comme des coups de scalpel qui permettent de retirer cette carapace dont s’est recouverte Hildegarde. Les mots claquent comme un fouet, comme une balle. Les mots étouffent Hildegarde qui les crache pour vomir sa haine de ce qu’elle est. Elle est le visible de l’invisible qui plane sur 70 ans d’Histoire. Elle voudrait être invisible, mais elle crie sa rage.

La forme du roman est atypique, puisque chaque page évoque une idée ou un sentiment. Loin du roman-fleuve qui pourrait déliter les sentiments, ici chaque page raisonne et fait sens. Chaque page réconcilie l’enfant avec l’adulte, chaque page est un pas vers l’acceptation, vers la délivrance.

10- Nous n’irons plus au bois de Mary Higgins Clark 

L’harmonie que l’auteur apporte à l’ensemble donne une fluidité au récit avec des descriptions visuelles et une psychologie des personnages fine, notamment à travers les différentes personnalités de Laurie. Mais l’auteur ne propose pas un roman psychologique, ce qu’elle nous propose, c’est bien un polar à l’intrigue bien ficelée avec une course contre la montre pour éviter à Laurie de se retrouver en prison. Sarah est persuadée de son innocence et fera tout pour le prouver. 

11- Sept mensonges de Elizabeth Kay

Sous ses airs de thriller, l’intrigue aborde les relations toxiques, complexes tout en établissant le rapport de ce type de déviances psychologiques avec le manque d’attention et d’amour en étant enfant. Les blessures enfants, nous accompagnent, nous construisent et peuvent faire de nous des monstres. Un thriller psychologique brillant qui met en évidence les blessures, les déviances qui sont en chacun de nous. 

12- Distorsion de JR Kobencröft

Rien n’est laissé au hasard, la plume est très visuelle et la réalité n’est pas loin. Aucune longueur dans les descriptions que l’auteur arrive à intégrer à son récit, chaque mot, chaque phrase sert l’intrigue sans jamais tomber dans l’extravagance que l’on trouve trop souvent chez beaucoup d’auteurs et cela qu’ils soient édités ou non.

L’auteur maîtrise la mise en place d’une ambiance bien glauque, mais maîtrise encore mieux sa plume. Ce qui ne gâche rien, la musique est très présente et elle nous guide à travers les pages jusqu’au final…

13- Un Poison si doux de Rick Fapatello

L’utilisation du smartphone comme narrateur, est déroutante au départ, mais on s’y fait rapidement, surtout quand celui-ci aime démontrer sa supériorité et sa capacité à manipuler, aussi bien Victor que les événements. 

14- Pièces détachées de Phoebe Morgan

Le mystère entoure ces petites pièces détachées qui apparaissent, faisant monter l’angoisse de Corinne, pour le plus grand bonheur du lecteur, tout en donnant un éclairage sur leur provenance et sur le passé, mis peu à peu en lumière.

C’est savamment dosé pour maintenir l’intérêt du lecteur, avec différents personnages secondaires qui passent tous par la case suspects, pour enfin les écarter en distillant les révélations peu à peu, à travers des manipulations que nous n’aurions pas soupçonné…

Une belle traduction qui met en exergue une écriture fluide, une intrigue bien construite qui permet au lecteur de s’immerger complètement et surtout un final avec un très bon retournement de situation, avec une révélation bien construite.   

15- La grâce et les ténèbres de Ann Scott

La plume est empreinte d’une certaine langueur, d’une certaine tristesse, comme un pendant au sujet évoqué qui est d’une gravité palpable. Mais, loin d’être ennuyeuse, cette plume est au service de l’intrigue, comme si l’auteure voulait s’effacer pour laisser la place à son intrigue.

16- Shanghai Dream, tome 1 : Exode 1938 de Philippe Thirault et Jorge Miguel

Inspiré d’une histoire vraie, ce premier tome ménage le suspense, avec un très bon scénario qui dépeint parfaitement l’ambiance de l’époque. 

On se laisse facilement prendre par les dessins de Jorge Miguel, classiques, sobres, mais qui apportent un certain réalisme, en nous plongeant, tout à tour, dans l’atmosphère angoissante de Berlin du IIIe Reich et le Shanghai très cosmopolite. 

17- Identités troubles de Benoit Rivière et Philippe Scoffoni

Bien que se déroulant en 2050, ce polar n’a rien de futuriste. L’environnement l’est effectivement, mais l’enquête est tout ce qui est classique. Attention, pas classique au sens péjoratif du terme ! C’est au contraire un réel plaisir à découvrir. Le scénario et les dessins prennent vie et donnent vie à des personnages hauts en couleur. 

18- mort de Stéphane Marchand

C’est à la fois terrifiant et passionnant. Le fait d’utiliser l’intelligence artificielle, pour lutter contre le terrorisme sert de base à une réflexion sur l’utilisation de « Face Mort » dans notre quotidien et c’est franchement flippant. Les dérives pourraient être importantes et je ne suis pas certaine que cela résolve le problème. Et c’est un peu ce que veut dire l’auteur, lorsqu’il évoque, à travers un personnage, l’immersion que l’Etat ou les Etats, font dans la politique de certains pays. La course aux richesses ouvre la porte aux compromis, aux ententes et lorsque l’on n’est plus d’accord on fou le bordel. Aujourd’hui, la Libye est devenue l’ennemie alors qu’elle était l’amie d’hier… Au passage, on glisse les doutes sur des financements… 

19- Le syndrome [E] de Sylvain Runberg et Luc BRAHY d’après l’œuvre de Franck Thilliez

L’enquête quant à elle, garde toute sa saveur, avec la traque et les différents croisements qui s’opèrent entre deux enquêtes parallèles qui n’en font au final qu’une seule. Rien ne destinait les deux personnages à se croiser, pourtant la rencontre se fait sur le terrain, face à l’abjection humaine.

Un bien beau rendu, pour un univers riche, un bel hommage qui rend accessible l’univers de Thilliez à ceux qui ne le connaîtraient pas. 

20- Dans la neige de Danya Kukafka

Ce n’est pas la résolution de l’enquête qui prime, mais bien les conséquences que la mort de cette ado va avoir sur la petite ville bien-pensante, où les travers et les pulsions sont exacerbés. Les non-dits, les secrets, l’Amérique profonde est scrutée à la loupe. C’est comme si l’auteure avait concentré tous les travers de l’être humain et nous les servait sur un plateau.

Un premier roman d’une rare maîtrise, une auteure de grand talent qui a su rendre l’intrigue vivante, glaciale. Les cœurs sont secs, sans empathie, froids, à l’image de cette neige qui vient glacer le lecteur.

21- Des vies à découvert de Barbara Kingsolver

Des tranches de vie dont le point de rencontre est une maison spectatrice de la temporalité entre Marie et Willa… Chacune à sa manière marque les esprits, marque le lecteur pour laisser son emprunte. 
Un roman délicieux, fin, drôle, intelligent, politique, remarquablement construit, humain si humain… 

Un livre d’une grande richesse, très bien documenté, même si c’est romancé. On termine toujours un chapitre XIXe siècle avec trois, quatre mots qui vont le relier notre époque moderne.

22- Nos corps étrangers de Carine Joaquim

J’ai tout aimé dans ce roman, la plume qui ne laisse pas indifférente, où la psychologie de chaque personnage est finement travaillée, le final d’une noirceur absolue, mais j’ai aussi aimé le message, porteur d’espoir que porte en elle Maëva. Tout est minutieux, minutieusement décrit, sans jamais tomber dans les travers de leçons de vie que certains livres pondent. A travers la plume, on comprend que la solution est en nous… Un final qui ne laisse pas indifférent… 

23- Les printemps de Nathalie Bianco

Une lecture pleine d’optimisme, malgré le fond tragique de l’actualité traitée d’une manière plus légère, pour exorciser les peurs. Un livre à lire pour passer un très bon moment en compagnie de ces personnages et pour apprécier la plume pleine d’humour de l’auteure.

A l’image de ce printemps 2020, trois générations de femmes, trois printemps vont se côtoyer pour leur plus grand plaisir et le nôtre.

24- Le Spirou de Christian Durieux : Pacific Palace de Christian Durieux

Le scénario est dense, sans temps morts, permettant une lecture agréable. Les personnages sont très réalistes et ont un goût très actuel, avec la reprise du contexte actuel ainsi que certains faits historiques. On ne peut s’empêcher de penser à ces dictateurs « amis » de le France…

Le dénouement est assez intéressant également et apporte une certaine réflexion et des interrogations… Mais pour les connaître, il vous faudra découvrir cet opus… 

25- Sur un air de Fado de Nicolas Barral

L’album est facile à lire, les dessins se suffisant à eux-mêmes, notamment avec certaines planches dépourvues de bulles… Apportant une certaine intimité, entre le lecteur, les personnages et l’Histoire. L’auteur se contentant de raconter des tranches de vie, sans jamais chercher à démontrer qui a tort ou raison, se centrant que l’évolution du personnage et la découverte de son passé apportant un éclairage qui maintient l’intérêt.

26- Le mal-épris de Bénédicte Soymier

Les choses ne sont ni toutes noires, ni toutes blanches. Toute la palette des gris est présente. L’angle pris s’appuie sur une construction psychologique fine de la violence et de ce qu’elle peut engendrer. On a très souvent de l’empathie pour la victime, mais le bourreau, est détesté, honni, on aimerait le trucider… Pourtant, même si le thème de la violence conjugale est central, l’auteure met aussi l’accent sur une partie de son origine. Alors, oui, certains peuvent trouver cela stéréotypé, mais si l’on connaît un peu le sujet, c’est la vérité. Un enfant maltraité, sera un adulte maltraitant. Oui, certaines personnes ne basculent pas, mais il y a autant de degrés de résilience qu’il y a de personnes. Tout est une question d’acquis et d’inné et nous ne sommes pas égaux.

À travers la parole de l’homme violent, la littérature blanche, n’a jamais été aussi noire, avec ce mécanisme de la violence décortiqué, pour comprendre, mais sans jamais l’excuser.

27- Le cœur à l’échafaud de Emmanuel Flesch

Une intrigue au goût bien trop réel sous ses airs dystopiques, au goût amer, mais dont la réalité est sur le pas de notre porte. Il suffit de peu et elle franchira le portail de notre réalité. La plume de l’auteur est simple, sans fioritures, mais intense, avec un message sous-jacent. On pense s’y projeter mais au final on vit les mots et les phrases que l’auteur met au service de notre réflexion.

Une lecture d’une rare intensité, qui m’a bouleversé. Mes angoisses les plus profondes y ont trouvé un écho malsain. 288 pages d’une densité et épaisseur d’une excellente qualité, le tout servi par une plume directe, observatrice, de ce possible devenir, où chaque mot est minutieusement choisi.

On y arrive et pourtant, on doit tout faire pour l’éviter !

28- Le sang des Belasko de Chrystel Duchamp

L’auteure a plus d’une flèche à son arc et balade son lecteur du début à la fin, pour en fin de compte construire une intrigue comme les petites poupées russes, où tout s’imbrique parfaitement. J’ai franchement été bluffée, car au-delà d’un bon thriller à huis-clos, c’est un excellent thriller horrifique qui a toute sa place dans cet univers littéraire.

Bienvenue chez les Belasko, où le sang coule à flots, mais où l’on se pose beaucoup de questions…

29- Les bordes de Aurélie Jeannin 

C’est sombre et lumineux à la fois. C’est d’une mélancolie profonde qui vous enveloppe jusqu’à la fin. Les Bordes sont à l’image de cette violence qu’ils renvoient, et trouver sa place n’est jamais simple.

La plume oscille entre poésie et cri de rage, et on y retrouve toute la puissance déjà bien présente dans Préférer l’hiver.

30- Le silence de la ville blanche de Eva García Saenz de Urturi

À travers la plume de García Seáenz de Urturi, on découvre un premier tome d’une trilogie bien prometteuse, surtout quand l’épilogue, nous annonce que nous n’en avons pas terminé avec La Ciudad Blanca.

Un thriller au dénouement étonnant qui ne laisse pas indifférent. Les Rituels de l’eau (Los Ritos Del Agua), scond opus, ne devrait pas tarder pour mon plus grand plaisir, car les personnages n’ont pas fini de livrer tous leurs secrets.

31- L’enfant de la prochaine aurore de Louise Erdrich

C’est parfois oppressant tellement, c’est criant de vérité et il est difficile de ne pas faire le parallèle avec « la servante écarlate ». Sauf que Margaret Atwood a vraiment écrit un thriller-dystopique et que Louise Erdriche n’a eu qu’à observer son pays et décrypter l’actualité. C’est flippant, car entre les deux, il y a peu de différences, mais tellement de similitudes…

C’est franchement bluffant, c’est sombre mais lumineux à la fois, une extinction de l’être humain tel que nous le connaissons avec une renaissance malgré tout, car l’auteure y met tout l’espoir d’un avenir meilleur et d’une prise de conscience salvatrice.

32- Le Palais des deux collines de Karim Kattan

On peut le lire en se laissant bercer par la musicalité des mots, par les souvenirs, les fantômes aux murmures obsédants où Faysal se perd au rythme de l’avancée des colons, se perd dans les mémoires et se perd pour la Palestine.

On peut aussi le lire au regard de l’Histoire et y voir la lente progression dans la Vallée du Jourdain, des troupes israéliennes détruisant les habitations palestiniennes. C’est une longue et douloureuse colonisation, un lent déclin et une disparition programmée d’un peuple.

On ne referme pas ce livre comme on en referme un autre… Il laisse son empreinte, son atmosphère, ses images, ses couleurs collent à la peau et comme Faysal, comme ces Palestiniens, on a envie de crier sa rage mais la tristesse nous enveloppe au point de nous rendre spectateur d’une mort programmée…

33- Scarlett et Novak de Alain Damasio

La dépendance aux nouvelles technologies, c’est la perte de l’autocritique, de la critique d’une manière générale, puisque l’on est aspiré par elle. De là, à y perdre notre liberté, il n’y a qu’un pas…

Une critique de la consommation, de la dépendance tout en finesse, sous couvert d’une nouvelle d’anticipation, la société en toile de fond est déjà la nôtre.  

34- NOIR de KOZ

La trame de l’intrigue, assez classique, emprunte au polar toutes les ficelles que l’auteur utilise à bon escient, mais peut se targuer d’un nouveau concept avec ce black-out parisien qui sert de fil conducteur. Un début sur les chapeaux de roues, très visuel, assez immersif, pour peu que l’on habite à Paris, et c’est ce que j’ai particulièrement apprécié. Le tout avec des personnages bien brossés avec leurs failles, leurs complexités, devenant tour à tour antipathiques ou attachants.

Sous couvert d’une bonne intrigue, dans laquelle l’auteur sait ménager le suspense, il nous entraîne dans les problématiques de notre société, en esquissant une réflexion sur les dangers auxquels nous devons faire face, dévoilant les éléments au fil de la lecture forçant le lecteur à aller jusqu’au bout, pour connaître le fin mot de l’histoire…

35- Murder Game de Rachel Abbott

Au final c’est une belle surprise, avec une construction classique du huis clos, une exploration psychologique des personnages, sans être trop manichéens, chacun a ses petits secrets, tout le monde passe par la case suspect, et c’est bien construit. L’auteur essaie de nous embrouiller, mais cela reste léger et le suspect est démasqué pour notre plus grand plaisir. La chute que sert l’auteure est assez inattendue, ajoutant une touche supplémentaire à mon plaisir.

36- Alisik – Tome 1 – Automne de Helge Vogt et Hubertus Rufledt

L’histoire est assez sympa, l’univers s’installe doucement, les personnages hauts en couleurs sont franchement bien dessinés. Les planches sont très belles et m’ont fait penser à Tim Burton.

La mort est abordée comme un conte, poétique, tout en finesse et humour.

37- La guerre des mondes de Steven Spielberg : film

Les acteurs sont excellents, pourtant, je ne suis pas fan de Tom CruiseDakota Fanning est bluffante de sincérité, Tim Robbins est vraiment flippant et Justin Chatwin est émouvant, malgré sa crise d’ado, j’ai trouvé touchante son envie d’en découdre avec les Martiens ! Les effets spéciaux valent le détour, l’ambiance est superbe et la musique de John Williams accentue une dramaturgie déjà très bien travaillée.

C’est un film d’un réalisme effrayant, que je regarde au moins une fois par an, ne me demandez pas pourquoi, mais on a tous un film doudou… Un de mes films préférés et à mon sens un des meilleurs de Steven Spielberg et mon ado de 14 ans a adoré et c’est déjà un pari de gagner.

38- La guerre des mondes de H.G. Wells

Au-delà de l’aspect science-fiction, l’auteur dénonce de manière allégorique et virulente, la colonisation de l’Empire Britannique, en inversant les rôles et en le mettant en difficulté face aux attaques martiennes.

Un excellent livre, à découvrir.

39- Rouge de KOZ

Les personnages sont bien construits, très intéressants, avec des failles tout aussi humaines que celles qu’une personne réelle peut avoir, ce qui fait qu’on peut facilement s’identifier à eux, enfin à certains pour ma part… Car tous ne sont pas si « gentils » que ça…

C’est bien ficelé, c’est astucieux, bien écrit ! L’auteur surfe sur nos interrogations et nos angoisses toutes légitimes quant au dérèglement climatique et l’avenir que cela nous réserve… Je serais très heureuse de lire les prochains de l’auteur, surtout s’ils sont de cette qualité.

40- Que sur toi se lamente le Tigre de Emilienne Malfatto

Une histoire glaçante mais tellement réaliste, car ce n’est pas une histoire, mais bien la réalité de la condition de la femme, dans certains endroits du monde.

L’honneur des hommes, c’est l’honneur des femmes. L’honneur des hommes, c’est l’horreur que les femmes portent en elles. L’horreur des femmes, c’est d’être femme.

On ne referme pas ce livre comme on en referme un autre… Il laisse une empreinte indélébile en nous.

A lire, à faire lire…

41- Citoyen+ de Audrey Pleynet

Une petite nouvelle auto-éditée, gratuite, que vous pouvez trouver sur le site de l’auteure, qui tente de démontrer à quel point nous pouvons être dépendants des réseaux et des injonctions qu’ils recèlent. On gagne parfois des points et à part l’implantation de la puce, on ne peut pas dire que l’univers décrit soit loin du nôtre… Au-delà de l’anticipation, cette nouvelle, dépasse la fiction en pointant les dérives de notre société de consommation.

Ce futur n’est pas si loin de nous, puisque nous en vivons les prémices. Une belle manière de critiquer cette société dépendante, dans laquelle nous vivons déjà.

42- Shanghai Dream, tome 2 : à la mémoire d’Illo de Philippe Thirault et Jorge Miguel

Les dessins de Jorge Miguel sont toujours classiques, sobres, mais apportent un certain réalisme, appuyé par le scénario de Philippe Thirault . Shanghai se révèle être bien différente des espoirs que Bernhard avait fondés, la ville se révèle étouffante avec ces soldats japonais omniprésents et persécuteurs de la population où les juifs ne sont pas mieux accueillis. Malgré tout, la vie prend le dessus et les personnages sont pleinement acteurs du changement qu’ils souhaitent.

Un second tome qui clôt agréablement cette histoire et qui tend à faire connaitre un pan de l’Histoire largement méconnu.

43- L’affaire des sœurs Papin de Julien Moca et Christopher Peyraud

Cette affaire, aussi sordide que complexe, a donné lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques parmi lesquelles celle du réalisateur Jean-Pierre Denis Les Blessures assassines (2000)

Je trouve que le format BD se prête bien, à ce genre d’affaire criminelle, pourtant ici, j’ai trouvé que le sujet était survolé, sans vraiment donner une piste pour comprendre. Par ailleurs, les dessins étaient beaucoup moins agréables que ceux d’autres BD du dessinateur.

44- La mère noire de Marc Villard et Jean-Bernard Pouy

C’est tout à la fois caustique et lumineux et c’est franchement bien écrit ! Que demander de plus à une lecture qui aborde des sujets de société, parfois bien moroses…

45- Abraham ou la cinquième alliance de Boualem Sansal

La plume de Boualem Sansal, ne peut laisser indifférente, elle invite à la réflexion sur la foi, sur l’évolution des religions et surtout apporte un témoignage historique riche, mettant en lumière les raisons des bouleversements de cette région. 

46- Vierge au Loup : Récit d’un psychopathe de Laurent Thines

La Vierge au Loup : récit d’un psychopathe relate en vingt planches, le parcours d’un psychopathe qui raconte son enfance ainsi que les sévices dont il a été victime. L’obsession qu’il développe envers sa mère, nommée « la Vierge », fait froid dans le dos. La violence de ce qu’il pose est de plus en plus prégnante et atteint son paroxysme lorsqu’il évoque son passage à l’acte.

Je dois dire qu’à la fin, je me suis demandé si tous les mots de ce personnage, dont le nom n’est jamais évoqué, n’étaient pas fantasmés, imaginés pour échapper à une réalité bien glauque.

47- Manger Bambi de Caroline De Mulder

Ce n’est pas une simple histoire, c’est une histoire qui prend aux tripes, ce n’est pas une simple intrigue, c’est un roman sociétal qui pointe les dysfonctionnements de notre société moderne. C’est un roman sur la lutte des classes, sur la pauvreté et ce qu’elle peut engendrer. C’est l’histoire de la violence sous toutes ses formes et dans ce qu’elle a de plus abject. C’est l’histoire de toutes les Bambi dont la violence est le reflet d’un mal-être d’une grande profondeur. C’est l’enfance bafouée, l’absence de parents, c’est la violence comme héritage familial.

48- La femme muette de Mathieu Albaïzeta

Un livre tout en pudeur sur les relations de couple toxiques, dont l’auteur nous rend spectateurs impuissants. Une lecture d’une densité saisissante, où la noirceur de l’être humain est dépeinte avec justesse, recul tout en distillant l’ingrédient majeur : si tu veux être heureux, ne fait pas ce que tu peux, mais fait ce que tu veux.

49- Macha ou le IVe Reich de Jaroslav Melnik

Un livre d’une grande intelligence, porté par une plume très visuelle à la construction atypique avec ces articles de presse, qui donnent une tonalité réelle et une certaine urgence dans les propos imagés, Jaroslav Melnik dénonce la cruauté de nos sociétés, qu’il il ose comparer aux camps de concentration nazis, il suffit Pour cela de lire le titre « Macha ou le IVe Reich » qui a lui seul révèle tout le génie dont il fait preuve.

50- Les miracles du bazar Namiya de Keigo Higashino

Un roman fantastique, dense, d’une rare humanité, qui use du paradoxe temporel avec délice tout en mettant en exergue l’influence bonne ou mauvaise que les êtres peuvent avoir les uns sur les autres, tout en démontrant l’humanisme profond dont on peut faire preuve pour faire évoluer les choses, pour le bien de l’autre. Il suffit justement parfois d’un pas pour que la vie prenne un virage à 180°.

Lisez « Les miracles du bazar Namiya », lisez le pour la plume, pour l’intrigue, pour la poésie entre les lignes, pour l’espoir qu’il vous donnera pour la petite bulle de plaisir qu’il vous apportera et surtout parce que c’est un petit bijou de la littérature nipponne qui ne fait qu’assoir l’auteur en maître du thriller, qu’il soit fantastique ou psychologique.

51- De cendres et de larmes – Sophie Loubière

L’auteure brouille les pistes en maintenant une tension palpable tout le long du récit, jusqu’au final que l’on croit deviner. Un thriller psychologique qui décortique l’âme humaine et aborde en filigrane des questions de société. A travers le personnage de Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, Sophie Loubière rend un bel hommage aux pompiers et leur dévouement, tout en leur donnant un visage humain, à travers leur famille.

Une excellente lecture teintée d’angoisse, grâce à la plume descriptive, immersive, des personnages attachants, aux fêlures palpables. Une tension oppressante qui maintient le lecteur à la frontière du thriller et du surnaturel grâce à une intrigue qui réveille l’imagination.

52- Sans compter la neige de Brice Homs

La plume de l’auteur est rythmée, visuelle, permet d’entrer de suite dans l’histoire de ce futur papa en route vers la maternité.
Une longue confession, un long monologue exprimant ses frustrations, et ses regrets tout en évoquant ses peurs de devenir père. La naissance de cet enfant, c’est la naissance de l’homme qui accepte de devenir père. C’est un cheminement qui se fait sur cette route, tout le long de ces kilomètres, sans compter la neige propice à la réflexion et à l’introspection, en route vers plusieurs naissances. 

53- La seconde épouse de Rebecca Fleet

Une lecture agréable avec une alternance de points de vue et à des allés retours entre le passé et le présent qui permettent de maintenir le suspens. Malgré la prévisibilité de l’intrigue, j’ai passé un bon moment et c’est tout ce que je demande à une bonne lecture.

54- Les Détectives du Yorkshire – Tome 3 : Rendez-vous avec le mystère de Julia Chapman

Comme toujours, Julia Chapman nous embarque dans de magnifiques paysages du Yorkshire, nous immerge dans ce village où le vent est glacial, mais le cœur des habitants est chaud. Le tout avec un savant dosage entre humour et suspens, permettant de passer un très bon moment.

55- La mort d’une sirène – A. J. Kazinski et Thomas Rydahl

Le temps de ma lecture, j’ai vécu au 19ème siècle, résolue une enquête digne des grands enquêteurs, aux côtés de personnages très attachants, mais j’ai surtout été épatée par la construction des auteurs A.J. Kazinski se cachent deux auteurs danois dont les livres, « le dernier homme bon » et « le sommeil et la mort » ont remporté un franc succès lors de leur sortie, ainsi que Thomas Rydahl, auteur du roman « Dans l’île », avec un récit qui se rétrécit vers la fin, pour amener vers une explication plausible du basculement dans les écrits de Hans Christian Andersen.

C’est brillant, c’est bien écrit, je me suis régalée et le tissage organisé par les auteurs est excellent. J’espère sincèrement que nous aurons l’occasion de découvrir d’autres écrits de ce trio dont le travail d’équipe démontre une réelle passion pour l’écriture et le genre.

56- La Chute de la Maison Whyte de Katerina Autet – Grand Prix des Enquêteurs 2020

L’auteure parsème le tout d’une crédibilité indéniable à ce contexte familial tendu et où la richesse sert de paravent à William Whyte, patriarche dont les secrets sont révélés par les extraits du livre publié, par l’une de ses filles Edith Whyte, qui n’hésite pas à écorcher cette image bien lisse au risque de révéler l’inavouable.

Sans révolutionner le genre, dont le livre respecte tous les codes, on passe un très bon moment grâce au rythme et suspense léger maintenu par l’auteure.



Catégories :Bilans, Challenge Polars et Thrillers

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24 réponses

  1. Merci pour tes participations.
    Belette a atteint le score de 305.
    Il faut que je fasse mon propre décompte.

    Aimé par 2 personnes

  2. Félicitations pour ce superbe bilan !

    Aimé par 1 personne

  3. Quel beau bilan ! La race des orphelins de Oscar Lalo, je l’ai trouvé très beau 🙂 Le Lars Von Trier Mélancholia m’avais aussi touché car j’adore Kirsten Dunst ! Excellent weekend Julie 😉🙂

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  4. He ben bravo 👏👏👏👏📚

    Aimé par 1 personne

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