
C’est en lectrice innocente que j’ai entamé « Les particules élémentaires » de M. Houellebecq. Je savais que les avis étaient partagés autour de son œuvre et de sa personne.
Si je ne me suis jamais intéressée aux polémiques qu’il suscitait, c’était pour la simple raison que je n’avais rien lu de lui. Pas un extrait, pas une quatrième de couverture, rien. C’était donc en toute neutralité et sans aucun parti pris que je me suis plongée dans son livre.
Dès les premières pages j’ai ressenti une sorte de délectation mêlée à de l’extase. Le texte me portait et avançait avec une fluidité déconcertante. J’ai rarement connu un tel contentement lors d’une lecture. J’ai vite compris que j’étais en présence d’un grand écrivain, j’espérais juste que ça dure. « Les particules élémentaires » raconte l’histoire de « Michel » et « Bruno », demi-frères ayant en commun une mère égoïste et irresponsable. Ils sont élevés par leurs grands-mères respectives pendant que leur génitrice était partie rejoindre le mouvement hippie aux USA.
L’histoire de ces deux garçons est très émouvante, on les voit traîner leur mal-être tout au long du récit. Si « Bruno » essaie maladroitement de sauver sa peau, « Michel », lui, n’y croit plus. Il consacre sa vie à ses recherches en biologie moléculaire. À défaut de sauver sa vie, il tente de sauver l’humanité.
Houellebecq truffe son texte de parallélismes avec le monde animal, ainsi que de réflexions purement scientifiques. C’était à ces moments-là qu’il me perdait avant de revenir m’englober dans son écriture électrique chargée d’émotions.
Ses personnages, tous sans exception, incarnent le désespoir existentiel. Son roman est comme une matriochka, ces poupées russes qui en cachent d’autres. Il nous pousse à ouvrir les tiroirs les uns après les autres. Il nous incite à la réflexion sur la société d’aujourd’hui où la quête de l’amour ne se fait plus dans la douceur. L’auteur dénonce cette société qui prône le consumérisme à l’excès et où tout est bon pour créer l’illusion d’un bien-être dérisoire. Une société dans laquelle les hommes et les femmes se prêtent à tout pour vaincre le temps qui passe.
Après la chute des religions et le catastrophisme des idéaux politico-sociaux, l’homme se retrouve nu et seul face à l’échec de l’humanité. Mais est-ce une raison suffisante pour qualifier de pessimiste le livre de Houellebecq ? Non. Réaliste oui, mais pas pessimiste parce qu’il nous reste l’amour. Pendant que « Michel » se trouve dans l’incapacité d’éprouver ce sentiment salvateur, « Bruno » a la chance de le vivre avant de voir sa vie se fracasser de nouveau. Mais, en dépit de cela, l’amour reste ce petit rayon de soleil capable d’atténuer l’assombrissement de nos existences.
Je sors enchantée de ma rencontre avec l’écriture puissante de Houellebecq. Je recommencerai.
Parution : 14 août 2016 – Éditeur : J’ai lu – Genre : roman sociétal, contemporain
» Dès lors qu’une mutation métaphysique s’est produite, elle se développe sans rencontrer de résistance jusqu’à ses conséquences ultimes. […] Aucune force humaine ne peut interrompre son cours – aucune autre force que l’apparition d’une nouvelle mutation métaphysique. » » Les particules élémentaires » est la chronique du déclin d’une civilisation – la nôtre -, qu’illustre l’existence plate et morose de deux demi-frères, Michel et Bruno, confrontés à leur misérable condition. Tandis que Bruno s’abîme dans une quête désespérée du plaisir sexuel, la vie amoureuse de Michel continue d’être un pitoyable désastre. Ni résigné, ni satisfait, ce dernier, chercheur en biologie, reste persuadé que ses travaux seront déterminants pour l’avènement d’une nouvelle espèce, asexuée et immortelle, et la disparition – enfin de l’humanité.
Catégories :Contemporain, Les avis de MYRLIT
De mon côté, je n’ai jamais osé tebter cette rencontre ! Mais tu m’intrigues…
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Myriam a su éveiller ma curiosité ! Je pense que c’est un auteur avec lequel ça passe ou ça casse !
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Merci pour ce retour extrêmement intéressant, je voyais Hoellebecq beaucoup plus cynique, désabusé et même assez révoltant
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Figure toi que moi aussi ! Et Myriam m’a donné envie de le lire du coup 🙂
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Il est désabusé et sa vision négative c’est sûr, mais quelle écriture!! J’ai rarement été autant enchantée par la lecture d’un écrivain contemporain.
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