Parution : 16 août 2018 – Éditeur : Éditions du Seuil – Collection : Cadre rouge – Prix numérique : 11,99€ – Prix papier : 17€ – Pages : 176 – Genre : roman historique, témoignage
Lire « Frère d’âme », c’est découvrir une plume. Une plume tout en poésie qui sert un devoir, une mémoire. L’histoire occulte parfois certains passages dont elle est peu fière et David Diop, remet au goût du jour certains oublis…
Lire « Frère d’âme », c’est plonger dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale, c’est faire la connaissance des tirailleurs sénégalais…
Je me suis laissée porté par la plume de David Diop, j’ai fermé les yeux et j’ai eu la sensation de me retrouver dans un village africain et d’écouter cette histoire. Une histoire chantée comme une litanie, une ode à la mémoire, à l’amitié, une ode à la vie.
La barbarie n’est pas loin, mais les barbares ne sont pas ceux que l’on croit… La colonisation a fait des dégâts et son ombre continue à planer.
Alfa Ndiaye, tirailleur sénégalais, répété comme un mantra, qu’il n’a pu sauver « son plus que frère », il laisse sa colère se déchaîner. Une colère destructrice, jusqu’au bord de la folie. Mais Alfa va se ressaisir et pose dans une complainte, les mots sur ses maux. Ces mots qui vont nous enivrer, même si parfois, on se perd dans ces psalmodies dans lesquelles il nous entraîne. Nous allons le suivre sur le précipice de sa vie.
Avec la mort de Mademba, son frère d’âme, éventré, le « dedans du corps dehors », Alfa décide que puisque la France veut un sauvage, il va être le sauvage… Il va devenir ce sauvage monstrueux, ritualisant ses meurtres et se mettant en marge de ses frères d’armes, devenant un « dévoreur d’âmes » Alfa raconte, se raconte comme un cri, une demande de pardon, à travers ses incantations.
Un style étonnant, comme un diamant brut avec des phrases courtes, simples, que l’auteur fait répéter à Alfa, comme une litanie obsédante. Le tout ponctué d’images de son Afrique natale, son Afrique poétique. Un conte africain remis au goût de l’époque, qui sert le propose de ces tirailleurs africains, trop souvent oubliés.
Un roman court, mais d’une rare intensité. Qui peut sembler ardu à lire, mais qui laisse une musicalité remarquable en tête.
David Diop naît à Paris et passe une partie de sa jeunesse au Sénégal avant de revenir en France pour ses études. Il devient en 1998 maître de conférences en littérature à l’université de Pau et des pays de l’Adour. Lauréat du prix Goncourt des lycéens en 2018 pour son premier roman, Frère d’âme.
Catégories :Historique
Coucou, j’aime beaucoup la façon dont tu nous parle du livre . C’est d’ailleurs un roman que j’ai vraiment envie de lire depuis sa sortie.
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Merci beaucoup 🙂
C’est un roman atypique mais authentique à découvrir 😉
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J’ai beaucoup aimé cet aspect de conte africain durant ma lecture ❤
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C’est ce qui lui donne une vraie authenticité 😉
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Un véritable coup de cœur de la dernière rentrée littéraire ! Comme toi, je le recommande ! Bon WE
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Un très bon livre 🙂
Bon week-end également
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Comme quoi, on peut être court et bon 🙂
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La longueur n’est pas gage de plaisir, effectivement 😉
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Ce livre est vraiment unique en son genre, j’ai beaucoup aimé !
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Oui unique et marquant 🙂
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J’ai lu moi aussi ce livre et j’ai aimé avec un petit bémol sur le style d’écriture. J’ai préféré « le cri » de Laurent Gaudé par exemple. très subjectif comme toujours. Néanmoins, c’est tout de même un très bon livre 🙂
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Le style m’a dérouté au départ mais je me suis laissé prendre par cette litanie 🙂
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J’ai découvert ce roman dans sa version audio, et c’était sublime! En perdant Mademba, Alfa perd comme une ancre avec la réalité, et on le sent sombrer, peu à peu. Cette litanie, c’est tout ce qui lui reste pour s’accrocher. Il finit par se perdre lui même, à ne plus savoir qui il est. S’il est toujours physiquement vivant, la guerre a tué celui qu’il est à l’intérieur. Il ne sera plus jamais le même. David Diop nous livre un très bel hommage aux tirailleurs sénégalais, mais aussi à tous ces combattants de la Grande Guerre
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Oui c’est un bel hommage servi par une belle plume 🙂
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