Les sélectionnés du Prix de la littérature arabe 2023

On parle beaucoup de certains prix littéraires, moins d’autres, pourtant très intéressants, et je ne pouvais pas passer à côté de celui-ci et grâce à Myrlit, je vais pouvoir vous en parler plus en détail, car j’ai bien envie de découvrir ces livres.

Créé en 2013, le Prix de la littérature arabe est l’un des rares prix français à distinguer la littérature arabe et je trouve ça vraiment génial qu’une telle initiative existe, permettant de mettre en avant l’œuvre d’un écrivain(e) originaire et/ou ressortissant de l’un des pays de la Ligue arabe et auteur(e) d’un ouvrage écrit ou traduit en français et publié entre le 1er septembre 2022 et le 30 septembre 2023.

Cette année, la sélection est aussi riche que les années précédentes, mettant en lumière la richesse de la littérature arabe, à travers des auteurs issus de pays divers (Algérie, Égypte, Irak, Koweït, Liban, Syrie) mais aussi, la qualité des traductions et la diversité des sujets abordés. En effet, on parle peu des traductions, pourtant le rôle des traducteurs est essentiel dans la transmission de cette richesse et cela quelque soit la littérature et le pays.

La Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe ont annoncé la sélection officielle du Prix de la littérature arabe 2023, avec huit ouvrages ont été présélectionnés et seront proposés au jury.

Le jury se réunira à l’automne pour délibérer et désigner le ou la lauréat(e) de la nouvelle édition du Prix de la littérature arabe. Il ou elle sera dévoilé(e) à l’occasion d’une cérémonie qui se déroulera le 28 novembre 2023, à l’Institut du monde arabe (IMA), en présence de Jack Lang, Président de l’IMA.

Je me souviens de Falloujah de Feurat Alani (Irak)

Parution : 1er mars 2023 – Éditeur : JC Lattès – Pages : 320

Au début des années 1970, le jeune Rami décide de fuir la dictature de Saddam Hussein. Réfugié politique en  France, c’est un homme taiseux et secret sur son passé.
À la fin de sa vie, alors qu’il est hospitalisé, Rami est soudain  atteint d’amnésie. Ses souvenirs semblent s’être arrêtés quelque  part entre l’Irak et la France. « Je me souviens de Falloujah »,  dit-il pourtant à son fils, Euphrate, qui y voit l’occasion de  découvrir enfin l’histoire de son père…
Ensuite c’est le néant. Rami a oublié la seconde partie de sa  vie : celle de l’exil. Euphrate va alors raconter à son tour ce  qu’il en sait, avec l’espoir de percer certains secrets. Une quête  qui le plongera dans les tumultes de sa propre odyssée  familiale, de Paris à Falloujah.

Feurat Alani est un journaliste, grand reporter français d’origine irakienne né le 5 décembre 1980 à Paris. Il est également producteur et auteur. Il est lauréat du prix Albert Londres en 2019 pour son livre Le Parfum d’Irak.

Les Portes du paradis de Taleb Alrefai (Koweït)

Parution : 3 mai 2023 – Éditeur : Actes Sud – Collection : Sindbad – Traduction : Luc Barbulesco – Pages : 320

Yacoub, un homme d’affaires koweïtien extrêmement riche, consacre tout son temps à la gestion de ses nombreuses entreprises, au détriment de sa femme Sheikha, aimante et frustrée, qui comble le vide de son existence par une consommation effrénée. Un de leurs quatre enfants, Ahmed, tombé dans les rets d’un prédicateur islamiste, a tourné le dos à sa famille pour s’engager en Syrie dans une organisation djihadiste. Alors que Yacoub est tourmenté par les choix et le sort de son fils, il se retrouve irrémédiablement attiré par une jeune femme iranienne qui travaille pour lui. Entretemps, Ahmed est kidnappé par un groupe terroriste rival qui réclame à son père une rançon colossale…

Taleb Alrefai est né au Koweït en 1958. Après avoir travaillé comme ingénieur civil, il a rejoint le ministère koweïtien de l’Information où il occupe un poste de responsabilité au Conseil national de la culture, des arts et des lettres. Auteur d’une douzaine de romans et de recueils de nouvelles qui portent notamment sur la condition féminine dans son pays et sur celle des travailleurs immigrés.

Les jardins de Basra de Mansoura Ez-Eldin (Égypte)

Parution : 4 janvier 2023 – Éditeur : Actes Sud – Collection : Sindbad – Traduction : Philippe Vigreux – Pages : 224

Hishâm est passionné par les manuscrits anciens et a fait de leur commerce son métier. Il est habité par un rêve étrange dans lequel il voit des anges cueillir tout le jasmin de Basra. Or ce rêve est répertorié et interprété dans un très vieux livre qu’il affectionne : ce serait le signe prémonitoire de la disparition de tous les penseurs de la ville. En proie aux fantasmes, il ne cesse de naviguer entre deux mondes : Le Caire contemporain où il vit et la Basra de la fin du VIIIe siècle, ville fascinante où la pensée islamique est en gestation.

Mansoura Ez-Eldin, née en 1976, travaille comme journaliste à l’hebdomadaire égyptien Les Nouvelles littéraires. Elle a publié cinq romans, notamment Au-delà du paradis (2009, nominé pour le Booker Prize arabe) et Le Mont Émeraude (Sindbad/Actes Sud, 2017, prix du Roman du Salon du livre de Sharjah en 2014).

Les Cinq Sœurs de Percy Kemp (Liban)

Parution : 6 janvier 2023 – Éditeur : Seuil – Pages : 384

Qui sont les Cinq Soeurs ? Et que cachent-elles ? En nous narrant les dernières tribulations de Harry Boone, le plus nonchalant des agents secrets, Percy Kemp, qu’anime semble-t-il le même esprit qui avait inspiré John le Carré, nous livre là un roman d’espionnage qui, tout comme dans la métaphore de l’oignon, se lit en épluchant une couche de duperie après l’autre, une poupée russe en cachant immanquablement une autre. Page après page il n’a de cesse de nous surprendre et de nous régaler de son humour, de son intelligence et de son sens du suspens.

Percy Kemp est l’auteur d’une dizaine de romans et de divers essais, il s’est vite fait un nom parmi les maîtres de l’espionnage. Mais si ses intrigues peuvent parfois évoquer celles de John Le Carré, sa vision du monde, elle, n’est pas du tout confinée à celle de l’ancien Empire britannique. D’origine à la fois anglaise et libanaise, toujours curieux du mélange des cultures, Percy Kemp écrit en français. Un français que bien peu de francophones savent maîtriser avec un tel brio. Il a publié au Seuil un roman (Noon Moon, 2010) et un essai sobrement intitulé Le Prince (2013) dont la presse s’est largement fait écho.

Noir Liban de Salma Kojok (Liban)

Parution : 8 juin 2023 – Éditeur : Erick Bonnier – Pages : 126

C’est l’histoire de Maïmouna, de ses cheveux crépus, de son accent cassé, du pétillement ravagé dans sa voix, de ses mains qui tremblent. C’est l’histoire de la falaise que toute femme porte en elle ; tant qu’elle la tient éloignée, sa vie reste assez tranquille, elle se lève chaque matin, parle la langue apprise, vaque à ses activités, fait ce qu’on attend d’elle, elle bouge, elle fonctionne. Mais la falaise est là qui veille, il suffit d’un moment de trouble et nous voilà au bord du gouffre, c’est alors sans retour.

Salma Kojok est née en Côte d’Ivoire en 1971. Elle vit aujourd’hui entre le Liban et la France. Noir Liban est son troisième roman.

Sur le méridien de Greenwich de Shady Lewis (Égypte)

Parution : 4 mars 2023 – Éditeur : Actes Sud – Collection : Sindbad – Traduction : Sophie Pommier et May Rostom – Pages : 208

Chargé contre son gré d’organiser l’enterrement d’un parfait inconnu, un Égyptien installé à Londres depuis de nombreuses années, bureaucrate blasé, se lance dans une sorte d’anti-épopée. Confronté à des aberrations administratives, à des rencontres improbables, à des souvenirs peu glorieux – doublés d’une “complication professionnelle” qui prend des proportions imprévues –, il lutte pour ne pas succomber au vertige de ce monde absurde.
Roman décapant à l’humour très british, « Sur le méridien de Greenwich » – “la ligne sacrée qui partage le monde entre Orient et Occident” – est une vraie découverte.

Shady Lewis est né au Caire en 1978, il obtient un master en psychologie à Londres qui lui vaut d’intégrer les services administratifs. Il écrit dans de très nombreuses revues arabes et européennes et contribue à divers ouvrages collectifs. Sur le méridien de Greenwich, son deuxième roman, est paru en arabe au Caire en 2020.

Si j’avais un franc d’Abdelkrim Saifi (Algérie)

Parution : 20 janvier 2023 – Éditeur : Anne Carrière – Pages : 208

Dès l’aube, Korichi se dirige vers l’usine d’Haumont avec des centaines d’ouvriers. La douleur de l’exil ne se dissipe pas depuis qu’il a quitté l’Algérie en 1948, mais il doit continuer, accumuler les jours de travail pour couvrir les dettes d’une famille de dix enfants, et espérer donner à ces derniers la chance d’une autre vie. Après l’usine, il trouve du réconfort au café, où les communautés de travailleurs immigrés commentent l’actualité et organisent la solidarité.
Rayonnante même dans le dénuement et l’adversité, Yamina élève leurs enfants dans un entre-deux complexe : son rêve d’un retour au pays natal se mêle à la détermination de les voir s’intégrer et réussir, et peut-être embrasser l’idéal républicain.

Abdlekrim Saifi a grandi à Hautmont dans le nord de la France. Il a été journaliste au Nouvel Obs et à La Voix du Nord, enseignant à l’université de Lille, puis président d’une fondation de recherche. Il est l’auteur d’une biographie de Pasteur (Pasteur ou la rage de vaincre, éditions La Voix du Nord)

La demeure du vent de Samar Yazbek (Syrie)

Parution : 11 janvier 2023 – Éditeur : Stock – Traduction : Khaled Osman et Ola Mehanna et May Rostom – Pages : 208

Ali, un soldat de l’armée syrienne de 19 ans, gît à quelques pas d’un arbre. Il a une vision, celle d’un enterrement. S’agit-il du sien ? Tandis qu’il reprend ses esprits, Ali se souvient : c’étaient les funérailles de son frère. Il y a un an peut-être.

Ali comprend alors qu’il a dû être blessé par une bombe et tente de localiser la douleur, d’identifier la blessure. Son désir le plus cher est de s’envoler jusqu’à l’une des branches de l’arbre. Les arbres ont toujours été son refuge, sa maison. Ils n’ont pas de secret pour lui. Là-haut, il serait également à l’abri des animaux sauvages après le coucher du soleil.

Samar Yazbek est une romancière et journaliste syrienne. Issue d’une grande famille alaouite de la région de Lattaquié, elle soutient le soulèvement révolutionnaire en 2011, ce qui lui vaut arrestations et menaces. Elle est réfugiée politique en France et vit à Paris. Elle a publié en France Un parfum de cannelle (Buchet/Chastel, 2013), Feux croisés, journal de la révolution syrienne (Buchet/Chastel, 2012), Les Portes du néant (Stock, 2016), lauréat du Prix du Meilleur livre étranger, La Marcheuse (Stock, 2018) et Dix-neuf femmes (Stock, 2019). Ses livres sont traduits et primés dans le monde entier. En 2012, elle a créé la fondation Women Now for Development qui vient en aide aux femmes sur le terrain, en Syrie et dans les camps de réfugiés.

Les biographies, et photos ont été glanées sur internet sur les sites où sont cités les auteurs.

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Catégories :Prix de la littérature arabe

11 réponses

  1. Je note Les jardins de Basra ! Le résumé et la couverture me plaisent beaucoup.

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  2. Je retiens Les jardins de Basra, ça a l’air très poétique 🙂
    Encore une fois, je ne connaissais aucun titre ni auteur-ice de la sélection… Je mesure l’ampleur de mon ignorance…

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    • J’ai lu quelques lignes en numérique, pensant commencer par lui et finalement, certains livres ne se lisent pas en numérique ! Je l’ai acheté en papier ainsi que d’autres. Comme je me lance le challenge de lire les sélectionnés, je te dirais 😉
      Je comprends ton sentiment, j’ai parfois le même lorsque je lis certains de tes articles 😉 Nous n’avons juste pas les mêmes centres d’intérêts et c’est ce qui fait la richesse de nos blogs ! Derrière chaque blog, je découvre et à chaque fois, je me dis, mais j’ai envie de lire ça ! Mais je n’ai pas le temps de tout lire… 😉

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      • J’ai hâte d’en savoir plus 😉
        Comme toi, je découvre plein de livres intéressants grâce aux blogs, malheureusement c’est difficile de suivre tous ceux qui m’intéressent… Les journées sont trop courtes!

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        • Je dis souvent qu’il nous faudrait des journées de 48h :-p Je suis en congés fin de semaine. J’ai hâte de lire, car je n’ai rien lu depuis le 25 juillet, occupée avec les championnats d’Europe de roller hockey de mon fils. Je vais ma rattraper 😉

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          • Si on avait des journées de 48h, je suis sûre qu’on trouverait encore qu’on n’a pas assez de temps pour lire 😆
            J’ai lu moins de 150 pages sur ces 3 derniers jours… C’est ce que je lis en une journée, d’habitude… Et je n’ai même pas la consolation de me dire que c’est pour faire autre chose de chouette 😦
            PS: j’ai cru voir sur ton Insta que l’équipe de ton fils a gagné, félicitations à eux 😉

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            • Tu as bien raison ! On trouverait encore le temps pas assez extensible… Le pire c’est que même si on fait quelque chose de chouette, il y a toujours à un moment, une fraction de seconde ou tu pense à ta lecture ! On serait accro ? C’est une bonne drogue 😉
              Merci pour lui ❤ Oui champion d'Europe ce n'est pas rien ❤

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Rétroliens

  1. C’est lundi, que lisez-vous ? #12 – Ju lit les mots
  2. Sur le méridien de Greenwich – Shady Lewis – Des romans, mais pas seulement

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