Beyrouth-sur-Seine de Sabyl Ghoussoub

Je ne lis que très rarement des biographies, surtout contemporaines ! Si j’en lis une, en général, la personne n’est plus de ce monde… Enfin, vous comprenez mon idée, je pense. Pourtant , Beyrouth-sur-Seine m’a tout de suite donné envie de plonger dans la vie de Sabyl Ghoussoub, enfin surtout celle de ses parents !

Et puis franchement, ce titre est tellement bien trouvé, évocateur, que je ne pouvais pas passer à côté.

Sabyl Ghoussoub donne la parole à ses parents, à ces hommes et ces femmes, tiraillés entre deux pays. L’exil au péril de sa vie. Un pied en France, un pied dans leur pays. Comment se sentir épanoui, heureux, lorsque la moitié de son cœur est ailleurs.

L’auteur, nous fait découvrir à la fois ses parents, leur humilité, leurs peurs, mais aussi tout un pan historique que ce soit du Liban ou de la France sur plusieurs décennies. On apprend, beaucoup de choses sur la politique qu’elle soit libanaise, ou française et j’ai trouvé ça excellent !

J’ai retrouvé quelques parallèles entre ce que j’ai pu vivre, ressentir mais aussi ce qui a parsemé ces années où la guerre au Liban touchait tout Paris. Le monde intellectuel était largement influencé par la culture libanaise avec une sensation de fusion entre le Liban et Paris.

L’auteur décortique les évènements libanais, et leur influence sur la capitale française tout en analysant les réactions, les peurs de ses parents, mais aussi, chose complètement folle, il met en exergue les attentats qui ont eu lieu à Paris, et les combats qui ont lieu au Liban. Les scènes de combats versus les images sanglantes des rues de Paris. C’est franchement fou et diablement bien construit, on est saisie d’effroi et en même temps c’est une illumination.

Un texte court, dense, triste et beau à la fois. Un hymne à ses parents, un livre plein d’amour, tout en retenu, car l’auteur n’omet rien. Il y parle de ses oncles, impliqués dans la politique libanaise, pas forcément dans le même camp qui font l’Histoire de son pays.

A travers ce récit, il raconte l’exil mais aussi le deuil d’un pays déchiré par la guerre et les luttes fratricides.

C’est un histoire d’une rare finesse, tout en profondeur, qui évoque à la fois des sujets politiques, géopolitiques, qui malgré leurs complexités, sont rendus accessibles par les descriptions et la vulgarisation que l’auteur apporte. Un livre nécessaire sur l’identité, l’exil, l’appartenance, l’enracinement.

« Mes références viennent d’ailleurs et beaucoup du monde arabe, pourtant j’ai grandi en France. J’ai alors l’impression bancale d’avoir grandi ailleurs tout en ayant grandi ici. »

A lire si vous voulez tenter de comprendre le déracinement. Si j’osais, je dirais que ce livre devrait faire partie des œuvres obligatoires du cursus scolaire au lycée.


Parution : 18/08/2023 – Editions points – Pages : 288 – Genre : autobiographique   témoignage   Histoire   exil   souvenirs   déracinement   immigrat-ion

Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d’origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu’il cherche. La vie de ses parents ? De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant ? Ou bien de la vie de son pays, ravagé par des années de guerre civile ?
Alors qu’en 1975 ses parents décident de vivre à Paris pendant deux ans, le Liban sombre dans un conflit sans fin. Comment vivre au milieu de tout cet inconnu parisien quand tous nos proches connaissent la guerre, les attentats et les voitures piégées ? Déambuler dans la capitale, préparer son doctorat, voler des livres chez Gibert Jeune semble dérisoire et pourtant ils resteront ici, écrivant frénétiquement des lettres aux frères restées là-bas, accrochés au téléphone pour avoir quelques nouvelles. Très vite pourtant la guerre pénètre le tissu parisien : des bombes sont posées, des attentats sont commis, des mots comme « Palestine », « organisation armée », « phalangistes » sont prononcés dans les JT français.
Les années passent, le conflit politique continue éternellement de s’engrener, le Liban et sa capitale deviennent pour le narrateur un ailleurs dans le quotidien, un point de ralliement rêvé familial. Alors il faut garder le lien coûte que coûte notamment à travers ces immenses groupes de discussion sur WhatsApp. Le Liban, c’est la famille désormais.


Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club




Catégories :Contemporain

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27 réponses

  1. Je réécris mon commentaire, car il semble ne pas être parti. A supprimer si jamais …J’ai moi aussi bcp aimé son humour, sa tendresse et son profond respect pour la génération de ses parents ! Un beau roman autobiographique !

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  2. Je lis peu de biographies mais celle-ci semble t’avoir beaucoup touchée et parlé ce qui me donne envie de la découvrir.

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  3. Merci Julie pour cette magnifique chronique. Tes mots m’ont touchée et franchement j’ai très envie de découvrir ce roman. Cette question du déracinement, tu le sais, m’intéresse également, pour des raisons différentes, et en plus je ne connais pas vraiment l’histoire du Liban et j’aimerais en savoir plus. Je le note pour une future lecture. 😍

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  4. J’aime beaucoup ton analyse Julie, et j’y adhère totalement

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  5. Là, j’ai l’impression que c’est une biographie digne d’intérêt 😉

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  6. La couverture donne l’impression qu’on va âtre dans un roman feel good, je trouve ^^ Le résumé et ce que tu en dis m’attirent déjà nettement plus, je note le titre.

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  7. Je l’ai beaucoup aimé. Bonne journée

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  8. Très touchant..
    le Liban et son histoire si difficile. Je garde le souvenir « des corbeaux d’Alep » de Marie Seurat qui nous parlait de la mort de son mari Michel Seurat ( otage avec JP Kauffman ) mais aussi de sa merveilleuse enfance dans les jardins d’Alep.
    Merci Julie 🙏🏻

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  9. UN livre que j’ai tout récemment mis dans ma liste d’envies et dont la thématique m’intéresse énormément.

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