Tant que fleuriront les citronniers de Zoulfa Katouh

« De chaque citron naîtra un enfant, et les citrons ne mourront jamais »Un vers tiré du poème de Nizar Qabbani, lu par l’héroïne lors de la manifestation marquant l’anniversaire de la révolution

La Syrie n’aura jamais été aussi proche, malgré les réseaux sociaux, les informations, beaucoup se sentent bien éloignés de ce conflit et ne se sentent pas concernés. Ce qui se passe là-bas ne les concerne pas. Ne nous concerne pas… Pourtant, en tant qu’être humain, nous devrions toujours être concernés par le malheur des autres et ne pas fermer les yeux…

Et même si, je me sens éloignée, moi-même, l’autrice Zoulfa Katouh a réussi à m’y emmener, à vivre les bombes, la peur. A sentir l’odeur métallique du sang, à entendre les cris de peurs, de douleurs.

J’ai été très émue de vivre ces moments, très descriptifs et palpables. L’atmosphère poisseuse, irrespirable m’a parfois fait suffoquer, comme les personnages qui survivent et s’accrochent à la vie, malgré tout. Le cerveau de l’être humain se met en mode automatique pour préserver le peu de santé mentale qu’il peut rester. Mais à quel prix…

Homs et son hôpital ont beau être à plus de 4 000km de nous, l’horreur est palpable et ce livre permet de se rendre compte de notre quotidien, paisible en comparaison.

Il n’est jamais facile de vivre dans un pays en guerre et le quitter est toujours un déchirement et jamais un choix délibéré. C’est un exil pour survivre et c’est ce que l’autrice explore.

Partir ne sera pas facile. Je sèmerai des morceaux de mon cœur brisé derrière moi sur les côtes syriennes, et les cris de mon peuple me hanteront jusqu’à là fin de mes jours

Entre le moment où la décision est prise et les premières pensées d’un possible exil, se passent généralement un temps infini, jusqu’au moment où partir est une question de vie ou de mort. Ce livre, montre avant tout comment on devient réfugié, comment on fait ce choix. On ne devient pas réfugié volontairement et je trouve très intéressant que ce genre de livre soit accessible à des jeunes lecteurs.

La romance, même si elle peut surprendre, dans un contexte de guerre, montre à quel point le moindre signe d’espoir permet de survivre. Et en toute sincérité, elle vient apporter un peu de répit au milieu du chaos. Des moment de calme avant l’effondrement Nous ne sommes pas ici dans une romance ordinaire, l’autrice elle-même parle de romance s’inspirant de celles du 19ème siècle où l’amour, les sentiments prennent le pas sur le corps. C’est émouvant, beau , sans jamais tomber dans la mièvrerie. Elle n’est qu’un prétexte pour explorer les dégâts d’une guerre intestine, bien loin de nos préoccupations.

Un livre émouvant, poignant, à découvrir, pour comprendre une réalité que l’on ne connaît pas et avoir une réflexion sur l’exil, la guerre et ses conséquences, mais aussi se rendre compte de ce qui se passe ailleurs, de la capacité de résilience de l’être humain, mais surtout passer un moment aux côtés de personnages forts, face à des choix qui n’en sont pas.

Ils en parlent : Mes échappées Livresques, lamouchequilouche, LIVRES & RATURES, Un livre dans ma valise, Luocine, Sin City,


Parution : 7 septembre 2023 – Éditeur : Nathan – Pages : 416 – Genre : guerre, exil, romance, Syrie, révolution

Tant que les citronniers fleuriront, il y aura de l’espoir…

Salama Kassab, 18 ans, avait la vie devant elle, quand la révolution a commencé en Syrie et quand les combats lui ont tout pris : sa famille, son avenir de pharmacienne.
Il ne lui reste plus que Layla, sa belle-sœur enceinte, et sa conviction de pouvoir aider son pays grâce à son travail bénévole à l’hôpital. Mais elle est tiraillée entre l’envie de se rendre utile, et celle de mettre Layla à l’abri. Au moment où elle se résigne finalement à fuir la Syrie, une rencontre avec un jeune militant plein d’espoir va tout remettre en cause.


Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club




Catégories :Contemporain, Historique

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23 réponses

  1. Voilà en effet un livre qui semble intéressant pour comprendre la situation des gens dans ce malheureux pays. Est-ce un roman jeunesse à la base ?

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    • Il a été publié par les éditions Nathan, donc il est proposé pour les 13/18 ans. Les personnages principaux sont jeunes 18/20 ans mais franchement on ne le ressent pas. Sauf pour la romance, mais ce n’est pas ce qui prime dans le texte.

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      • Et à titre personnel, je le trouve extrêmement dur pour que des jeunes adolescents le lisent, ou il faudrait une lecture accompagnée ! Pour moi, la fourchette serait plutôt 16 – 25 ans.

        (ça me fait très bizarre de le voir à côté des Pierre Bottero ou Célia Flaux dans certaines librairies…)

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        • Bonjour 🙂
          Sur le principe je suis d’accord avec toi, sur le fait que le sujet est dur et que la tranche choisie par Nathan 13/18 semble jeune. Même si 13/14 peut sembler jeune pour ce type de lecture, je pense que tout dépend de l’éveil de l’ado. C’est tout à fait le genre de lecture que mes enfants auraient pu faire à 15 ans. 13 ans me parait jeune effectivement.
          S’il est classé dans cette catégorie, c’est parce que les personnages sont jeunes, sans tenir compte de la toile de fond. C’est récurent ce genre d’amalgame…

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  2. Tu as raison sur l’importance de ne pas détourner le regard… Ce roman a l’air poignant et offrir de l’intérieur un regard sur l’exil et ses victimes.

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  3. Un roman très émouvant, semble-t-il, et une couverture magnifique ! Merci pour ce retour 😉

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  4. Merci Julie pour ce bel avis. Je trouve essentiel que la littérature s’empare de ces sujets difficiles, les guerres partout présentes et l’exil des personnes qui les subissent, et qui sont arrachées à leurs racines. Comme tu le dis, ce n’est souvent pas un choix délibéré de quitter ses terres mais une question de survie.

    Quand l’actualité nous parle avec détachement et une certaine froideur de ce qui se déroule ailleurs (pas si loin, 1000 ou 4000 kms ce n’est rien quand les humains voyagent à l’autre bout de la terre pour une semaine ou deux de vacances) je me demande quel serait mon état d’esprit si je devais quitter mon pays contrainte et forcée …

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    • Merci Céline pour ton commentaire qui résume mon état d’esprit.
      Je pense qu’il faut effectivement se pose la question de notre état d’esprit si non devions vivre cela.
      Et ce type de lecture, mine de rien permet de recadrer certaines choses.
      Je ne comprends pas que l’on puisse rester indifférent. Je ne comprends pas que les gens puissent distinguer et donner plus de poids à ce qui se passe en Ukraine par rapport à la Syrie. Comme si les ukrainiens avaient plus de valeur que les syriens…

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  5. Cette couverture est tellement jolie, mais l’histoire a l’air tellement douloureuse à la fois. Mais tu as raison Julie, c’est bien, et c’est important, que ce genre de texte soit accessible à tous pour parler de la guerre, de la contrainte de quitter son pays ou du fait de vivre sous les bombes, la peur au ventre. Pour comprendre que la vie n’a pas plus de valeur en fonction du pays où nous sommes, car nous sommes tous égaux et personne n’est à l’abri. Merci pour cette chronique.

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  6. Il me tentait déjà, il va falloir que je trouve du temps pour le lire, celui-là ! 😉

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