Fanny N. De Alice Quinn

« Avant de savoir que je ne serai jamais quelqu’un d’autre que moi, il a fallu que je vive tout ça. »

Fanny N. adore les bébés. En avoir un à elle, c’est le rêve de sa vie. Quand elle les regarde, au parc, dans leurs poussettes, avec leurs mamans, l’envie monte, monte… et peut-être aussi la jalousie. Car Fanny N. a 33 ans, mesure 1,59 m, pèse 100 kilos, et vit encore chez sa mère, qui l’infantilise totalement. Il faut dire que Fanny N. n’est pas tout à fait comme la majorité des jeunes femmes de son âge, avec son corps dévasté par des monstres et sa simplicité d’esprit proche de celle des petits dont elle s’occupe à la crèche. Alors les prétendants au titre de père ne se bousculent pas au portillon.

Que faire, dans ces conditions ? Que faire de cette tendresse qui la dévore au fil du temps ? Que faire de ces désirs frustrés, de cette douleur insupportable ? Que faire, lorsque l’envie devient obsession ? Barricadée derrière ses éclairs de lucidité, d’humour et d’autodérision, Fanny N. pourra-t-elle tenir encore longtemps ou finira-t-elle par exploser comme une bombe à retardement ?

Un livre court, mais tellement intense ! Fanny N. est attachante et déstabilise le lecteur car elle s’adresse à lui… Et parfois parle d’elle-même pour se détacher et sa schizophrénie est exploitée par l’auteur avec une réalité déroutante et brio.

Fanny ne laisse pas indifférente… Fanny nous embarque dans sa folie, tour à tour on la déteste, on l’aime, on a de la compassion pour elle… Elle est tellement vivante… Emmurée dans sa folie…

Fanny N. m’a foutu une sacrée claque, car «Fanny N. est enragée en dedans. Mais en dehors elle est douce comme une image.»

OK Fanny est schizophrène, mais la vie n’a pas été tendre avec elle

« Elle m’a prise dans ses bras pour me consoler. Ça m’a dégoûté de sentir son ventre chaud et ses seins. Mais je me suis laissée faire. Elle me berce quelquefois comme ça. Elle défait ses fringues et elle me fait sucer ses seins, comme si j’étais un bébé qui tète….. Je sais que ma mère est folle.. »

C’est une histoire dure, crue (viol, inceste) à laquelle Alice Quinn donne vie. Il faut une sacrée dose de talent pour se mettre dans la peau d’un tel personnage, le mettre au monde, le faire grandir mais avec tellement d’amour, que cela se sent entre chaque mot. La vie de Fanny est glauque, froide, horrible…

L’auteur donne vie à un monstre, mais démontre qu’il y a un cœur qui bat en lui ! Un monstre rendu humain grâce à une très belle plume et grâce au talent d’un écrivain. Il est très difficile, parfois de lire certains passages, tellement l’horreur est présente, palpable jusqu’à la toute fin.

Avec Fanny N. vous ne sortirez pas indemne ! Il faut quelques jours pour se remettre de cette lecture. Une héroïne, qui n’a rien pour l’aider dans la vie, qui tente de survivre…

Fanny. N qui clame désespérément son droit au bonheur, en dépit de sa « différence ».

« Ça fait du bien de pleurer. Il y a des antidépresseurs dans les larmes. »

Un roman court, passionnant avec une histoire noire, qui vous colle à la peau, même quand vous le refermez, un roman que vous ne pourrez pas oublier tellement il remue les tripes.

J’ai du mal à croire que cet auteur puisse présenter un personnage aussi sombre que Fanny, alors que les autres titres laissent présager beaucoup d’humour. Elle me fait penser à un comédien de grand talent qui peut changer de peau et être plusieurs personnages… En laissant parler les démons de chacun de ses rôles…

4° de couverture

Fanny N. adore les bébés. En avoir un à elle, c’est le rêve de sa vie. Quand elle les regarde, au parc, dans leurs poussettes, avec leurs mamans, l’envie monte, monte… et peut-être aussi la jalousie. Car Fanny N. a 33 ans, mesure 1,59 m, pèse 100 kilos, et vit encore chez sa mère, qui l’infantilise totalement. Il faut dire que Fanny N. n’est pas tout à fait comme la majorité des jeunes femmes de son âge, avec son corps dévasté par des monstres et sa simplicité d’esprit proche de celle des petits dont elle s’occupe à la crèche. Alors les prétendants au titre de père ne se bousculent pas au portillon.
Que faire, dans ces conditions ? Que faire de cette tendresse qui la dévore au fil du temps ? Que faire de ces désirs frustrés, de cette douleur insupportable ? Que faire, lorsque l’envie devient obsession ? Barricadée derrière ses éclairs de lucidité, d’humour et d’autodérision, Fanny N. pourra-t-elle tenir encore longtemps ou finira-t-elle par exploser comme une bombe à retardement ?

Parution : 27 janvier 2017 – Auto-éditionPrix Numérique : 4,99€ – Prix papier :  14,90€ –  Pages : 160

Née en 1965, Alice Quinn a des origines lorraines et italiennes. Son père, ouvrier dans les mines, subit la première grande vague de licenciements. La famille décide de se rapprocher de la mer et de ses racines méditerranéennes. C’est ainsi qu’Alice Quinn arrive à Cannes. Elle y suit toute sa scolarité. Pendant ses études en scénographie aux Arts décoratifs de Nice, elle travaille en tant qu’ouvreuse dans un cinéma puis, tombée amoureuse du 7e Art, devient décoratrice pour les films de René Allio tout en écrivant des scénarios de courts métrages pour le producteur Humbert Balsan. Transformé en roman jeunesse, l’un d’eux sera d’ailleurs son premier ouvrage publié. Avec le décès de René Allio, puis l’arrivée de ses enfants, commence une période de recentrage sur l’écriture. Publiée principalement avec des romans jeunesse, elle prend ses distances avec le cinéma.

Après plusieurs romans publiés, elle décide de se lancer en indépendante dans le numérique. Elle prend le pseudonyme de Alice Quinn, puis crée le personnage de Rosie Maldonne avec son roman Un palace en enfer qui devient le numéro 1 des ventes numériques en France en 2013. Les Éditions Michel Lafon publient le roman au format papier en France et au Canada. Amazon Publishing US la contacte pour traduire le roman en anglais. Cest sous le titre Queen of the Trailer Park qu’est publié son roman qui devient un succès numérique outre-atlantique. À partir de ce moment, elle se consacre à l’écriture. Alice Quinn devient un auteur hybride, c’est-à-dire qu’elle est à la fois éditée par des éditeurs traditionnels, ou par elle, en indépendante.

En 2016, elle signe Le Garçon qui rêvait de voler en Cadillac. Il s’agit de la rencontre improbable d’un enfant de la Ddass fugueur, avec un vieil accordéoniste de jazz-musette et la situation rocambolesque qui en découle.

À l’inverse, dans Fanny N., roman très noir, l’auteure raconte l’histoire d’une psychopathe obèse schizophrène dont l’obsession est d’avoir un bébé à tout prix.

Dans sa série des Enquêtes à la Belle-Époque, démarrée avec La Lettre froissée (City Éditions, 2018), Alice Quinn revisite l’histoire de la naissance de la ville de Cannes comme station balnéaire, avec un trio étonnant : une courtisane née dans le quartier pauvre de la vieille ville, une aristocrate anglaise déclassée, et Guy de Maupassant. L’occasion d’explorer aussi la place des femmes sous la IIIe République.

Alice Quinn a une chaîne sur Youtube : on y trouve des vidéos d’entretiens à bâtons rompus avec d’autres auteurs, des trailers de ses romans et des extraits de ses romans lus.

Challenge polar 2017-2018 – ABC 2017 _ Policier / ThrillerChallenge ABC 2017 auto-édition

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Catégories :Romans noirs

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14 réponses

  1. Très tentant.

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  2. Merci Julie pour cette chronique. Je sens que vous avez plongé dans l’enfer de Fanny N. sans en mesurer le risque, c’est pour cette mise en danger que je vous remercie.
    Si on ne sort pas indemne de cette lecture, je vous rassure, l’auteur n’en sort pas non plus si facilement. (De son écriture je veux dire)
    On pourrait en parler plus longuement mais c’est vrai que parfois les personnages vous possèdent.
    C’est la raison pour laquelle je préfère écrire des comédies. Ce n’est pas plus facile à écrire, mais c’est meilleur pour la santé!! 😳
    Merci encore c’est bon de se sentir comprise.

    Aimé par 1 personne

  3. Comme toujours tu me donnes sacrément envie de me jeter sur ce livre! J’aime ces personnages complexes, torturés et monstrueux à la fois. Je le note bien précieusement.

    Aimé par 1 personne

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