Hors de toi – Sandrine Girard

On ne sort pas complètement indemne d’un texte comme celui de Sandrine Girard. Le choix de l’alternance des âges d’Alice confrontés à différentes situations est très bien construit, apportant une densité et une émotion palpable à l’horreur ou aux horreurs traversées.

Chaque moment aborde une situation, un âge : « Tu as huit ans » « tu as dix ans » …. Cette manière de scander l’âge sonne comme un glas, donne un coup de scalpel à la vie d’Alice, confrontée à l’horreur sans jamais rien laisser transparaître. Ce sont des instantanés figés dans la peau d’Alice, comme une photo immortelle. En gardant, un recule, en se dédoublant pour ne pas se laisser engloutir. Ses parents ont divorcé, elle fait face du haut de son innocence bafouée à la cruauté d’une belle-mère jalouse, la violence d’un beau-père alcoolique. Nulle part, elle ne se sent pas en sécurité.

« Hors de toi », c’est l’histoire d’une enfant devenue adulte qui doit se construire pour continuer à avancer. C’est l’histoire d’Alice qui aurait pu être un conte de fée, mais où les monstres ont pris une place de choix à ses côtés. C’est l’histoire d’Alice au pays de la cruauté, de la violence de la jalousie. C’est l’histoire d’Alice qui se protège et qui égrène les « même pas mal » pour rester forte et ne pas sombrer.

C’est l’histoire d’Alice, petit bout de femme qui va être le catalyseur des souffrances et des problèmes des adultes qui l’entourent, elle devient celle à haïr, à détruire. C’est l’histoire d’une parole muette, sourde, celle que l’on ne doit pas entendre, dont les insomnies, les troubles alimentaires parlent pour elle, mais jamais personne ne la regarde, ne la voit. C’est l’histoire d’Alice qui passe au travers des mailles des adultes qui la détruisent, qui ne savent pas écouter, ni voir, mais qui surtout ne veulent pas comprendre, de peur d’être confronté à leur échec.

« Hors de toi », c’est l’histoire d’Alice, qui décide de vivre quoi qu’il advienne et dont la parole libère enfin les démons.

Le choix narratif de l’auteur, donne une réalité poignante, cruelle, révoltante et immerge le lecteur dans le récit sans jamais tomber dans la mièvrerie, bien au contraire, c’est un cri pour la vie, pour la construction et surtout pour la libération.

Parution : 18 août 2021 – Éditeur : Calmann-Lévy – Pages : 208 – Genre : littérature contemporaine, violences, thriller-psychologique

Alice a cinq ans, six ans, sept ans, onze, quinze, vingt-cinq… Elle vit intensément chaque rencontre, chaque bain de mer, chaque instant. Et la rage bout en elle, une rage compacte qui explose par intermittence quand elle ne la retourne pas contre elle-même. Ses parents ont divorcé. Ballottée d’un foyer à l’autre, elle endure en apnée la présence de ses beaux-parents: la cruauté d’une belle-mère jalouse, l’alcoolisme d’un beau-père brutal. Nulle part, elle n’est en sécurité. Ce qu’Alice cache, y compris derrière sa soif de vivre inextinguible, ce sont les violences qu’elle subit au quotidien. Car toutes ces années, Alice se tait.



Catégories :Challenge Polars et Thrillers, Challenge Vice versa, Contemporain, Romans noirs, Thrillers/Polars

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5 réponses

  1. Merci pour cette belle chronique !! Il faut vite que je le lise 😉

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  2. Je ne connais pas du tout 😀

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Rétroliens

  1. Bilan lectures août 2021 – Ju lit les mots

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