L’enfant de la prochaine aurore de Louise Erdrich

Je suis sortie un peu étourdie de cette lecture… Tant par la construction, la plume que par l’intrigue.

C’est une lecture qui se mérite, car Louise Erdrich, sous une plume introspective, aborde des thématiques aux airs dystopiques, alors que toutes les interrogations qu’elle pose sont déjà bien actuelles. Il y a un tel sentiment d’urgence à poser les mots comme pour conjurer le sort que nous réserve l’avenir, que, parfois, j’ai eu besoin de relire certains passages.

Cedar Hawk Songmaker, adoptée par un couple de Blancs progressistes, apprend qu’elle est enceinte, alors même que le monde de demain est chaotique. Il ne neige plus dans le Minnesota, les hivers sont chauds. Des animaux et des plantes étranges apparaissent. Les naissances sont en baisse, les grossesses menées à terme sont de plus en plus rares et surtout lorsqu’elles le sont les enfants semblent porteurs de gènes qui vont modifier l’humanité même.

Les États-Unis sont dirigés par un gouvernement religieux et totalitaire qui oblige les femmes enceintes à se signaler, à intégrer des centres de suivi et si elles ne le font pas, elles sont traquées et enlevées.

La trame de l’intrigue oscille entre croyances Amérindiennes, religion catholique, créationnisme et évolution de l’homme, le tout dans une atmosphère apocalyptique. C’est assez bien construit pour maintenir l’intérêt du lecteur tout le long du récit, même si parfois, on a l’impression que ça part un peu dans tous les sens.

Louise Erdrich nous entraîne bien au-delà de la fiction, dans un futur effrayant où les notions de liberté et de procréation sont des armes politiques, avec une dictature religieuse déjà bien présente aujourd’hui. L’absence de temporalité claire, donne cet aspect réaliste à l’histoire où tous les malaises de la société américaine sont déversés.

C’est parfois oppressant tellement, c’est criant de vérité et il est difficile de ne pas faire le parallèle avec « la servante écarlate ». Sauf que Margaret Atwood a vraiment écrit un thriller-dystopique et que Louise Erdriche n’a eu qu’à observer son pays et décrypter l’actualité. C’est flippant, car entre les deux, il y a peu de différences, mais tellement de similitudes…

C’est franchement bluffant, c’est sombre mais lumineux à la fois, une extinction de l’être humain tel que nous le connaissons avec une renaissance malgré tout, car l’auteure y met tout l’espoir d’un avenir meilleur et d’une prise de conscience salvatrice.

Notre monde touche à sa fin. Dans le sillage d’une apocalypse biologique, l’évolution des espèces s’est brutalement arrêtée, et les États-Unis sont désormais sous la coupe d’un gouvernement religieux et totalitaire qui impose aux femmes enceintes de se signaler. C’est dans ce contexte que Cedar Hawk Songmaker, une jeune Indienne adoptée à la naissance par un couple de Blancs de Minneapolis, apprend qu’elle attend un enfant. Déterminée à protéger son bébé coûte que coûte, elle se lance dans une fuite éperdue, espérant trouver un lieu sûr où se réfugier. Se sachant menacée, elle se lance dans une fuite éperdue, déterminée à protéger son bébé coûte que coûte.

Parution : 6 janvier 2021 – Éditeur : Albin Michel  – Collection : Terres d’Amérique – Pages : 416 – Traduction : Isabelle ReinharezGenrecontemporain, thriller-dystopique, politique, anticipation

Karen Louise Erdrich, née le 7 juin 1954 à Little Falls dans le Minnesota, écrivaine américaine, auteure de romans, de poésies et de littérature d’enfance et de jeunesse.
Elle est une des figures les plus emblématiques de la jeune littérature indienne et appartient au mouvement de la Renaissance amérindienne.
Le premier livre qu’elle publie est un recueil de poèmes intitulé Jacklight.

L’action de ses romans se déroule principalement dans une réserve du Dakota du Nord entre 1912 et l’époque présente. Ils relèvent en partie du courant réalisme magique, avec une figure de trickster (Fripon), et parfois du roman picaresque.

Écrivaine de talent, elle a reçu de nombreux prix et distinctions au cours de sa carrière.

Elle obtient plusieurs prix pour son roman Love Medecine (L’Amour sorcier), dont le prix du Meilleur roman décerné par le Los Angeles Times, le National Book Critics Circle Award et l’American Book Awards.

En 2012, son roman The Round House (Dans le silence du vent) obtient le prestigieux National Book Award aux États-Unis.



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15 réponses

  1. J’ai beaucoup aimé ce roman de Louise Erdrich. Une dystopie qui fait froid dans le dos ! Merci pour ton joli retour Julie 😊

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  2. Bon, faudra que je le lise alors ! Après la chronique d’Yvan et la tienne, je me dois de découvrir cette dystopie qui ne l’est peut-être pas tant que ça…

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