
Début janvier, je vois passer une BD pas comme les autres, un truc bien gore, terrible… Non, ce n’est pas une BD d’horreur, mais bien la réalité, brute et brutale. C’est l’adaptation du témoignage d’André Hébert, ce Français de 26 ans qui décide de partir rejoindre les troupes kurdes en Syrie en guerre contre Daech. Je me souviens l’avoir vu passer, mais sincèrement, je n’avais pas envie de lire ce récit de guerre, à l’époque…
Le roman graphique est un bon moyen de découvrir des livres intéressants, mais que l’on n’a pas spécialement envie de lire, alors que le sujet nous intéresse et les adaptations sont vraiment d’une excellente qualité. De plus, les témoignages se prêtent particulièrement à ce format, s’évitant les longueurs qui pourraient nous rebuter.
Les convictions profondes de l’auteur qui ne trouve pas sa place dans les combats menés à mener en Europe, décide de se mettre au service d’une cause qui lui tient à cœur et autant dire que peu de personnes plaqueraient tout pour aller au cœur du combat contre Daesh, mais ce n’est pas seulement cela qui a motivé sa décision. C’est la lutte d’un peuple contre l’envahisseur et dont les convictions sont proches de ce qu’il croit juste.
Cette BD n’est pas ordinaire, c’est à la fois un journal de guerre avec des descriptions rarement lues sous cette forme graphique, mais surtout un combat politique aux côtés des Kurdes dont les idées politiques n’ont rien à envier à l’occident. C’est ce qui m’a particulièrement plu au fil des pages. Découvrir les idées des uns et des autres, tout en œuvrant pour le bien commun.
La démocratie chez les Kurdes n’’est pas feinte, elle est réelle et bien présente, j’avais eu l’occasion de visionner un documentaire et j’avais été particulièrement admirative de ce sens démocratique, où chaque voix compte indépendamment de son sexe. Les femmes combattent aux côtés des hommes et ne sont pas en reste quant à leur investissement. L’armée révolutionnaire kurde, se veut respectueuse de la vie des civils, des combattants, mais aussi des djihadistes. C’est d’ailleurs, on le sent, ce qui a le plus touché l’auteur.
C’est une BD très intéressante, qui prend une tonalité sombre, comme il se doit en temps de guerre, parfois pesante, sous les dessins de Nicolas Otero, rendant hommage au récit d’André Hébert, désireux de rester anonyme, dont la motivation première est de livrer un témoignage sur cette période de sa vie.
Le retour en France n’est pas facile, et on peut le comprendre, pour autant André Hébert, ne s’attarde pas sur cet aspect, comme une certaine pudeur et préfère faire la part belle aux amis morts au combat et aux vivants, à travers le monde qui ont fait un bout de chemin à ses côtés. On le sent grandit de son expérience, mais vidé également.
Un graphique, qui se veut historique, notamment avec cet épilogue très instructif sur la situation de Raqqa depuis sa libération, mais aussi et surtout témoignage au cœur des combats conte Daesh et surtout un hommage aux hommes et aux femmes morts au combat.
À lire si vous avez envie de comprendre, c’est éclairant et très instructif.
Parution : 4 janvier 2023 – Éditeur : Delcourt – Genre : Témoignage, guerre, Syrie, Daech, thriller, documentaire
André Hébert, jeune Français parti combattre l’État islamique aux côtés des Kurdes de Syrie, livre un témoignage capital sur l’un des pires conflits de ce début de siècle. Son engagement le conduira au coeur de l’ultime bataille dans les ruines de la capitale des djihadistes. Le journal de guerre à couper le souffle d’un militant internationaliste.
Catégories :BD/Romans graphiques, Challenge Polars et Thrillers
Cette chronique vient d’aiguiser ma curiosité. Je le note 😉
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Ravie qu’elle éveille ta curiosité 😉
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L’horreur est bien plus effrayante dans la réalité que dans n’importe quelle fiction…
Je ne pense pas pouvoir lire cette BD pour cette raison, mais c’est bien de savoir qu’elle existe, peut-être qu’un jour je me sentirai capable de la lire…
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Effectivement, pas besoin d’aller chercher bien loin, le monde nous donne assez d’exemple… Je comprends tout à fait ton ressenti, néanmoins sous ce format, l’aspect est plus ludique et semble moins imprégner nos mémoires de l’horreur décrite dans un livre…
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Sur le même sujet mais en plus « soft », permettez-moi le mot, j’ai lu « Djihad », une pièce de théâtre proposée à la lecture au collège de ma fille. Je n’ai pas lu la BD dont tu parles Julie, mais je trouve instructif et intelligent d’aborder ce sujet à travers plusieurs supports de façon à toucher un large éventail de lecteurs.
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Tout à fait Myrlit ! Multiplier les supports permet justement de proposer le sujet à un plus grand nombre et d’aborder des thématiques actuelles. Cela rend le sujet accessible. Je ne connaissais pas cette pièce de théâtre, c’est bien d’avoir lu ça au collège.
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Noté, j’ai envie d’en savoir un peu plus.
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Bonne future lecture 😉
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merci !
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