Dans son dos, elle sentit une présence, mais il était trop tard. Elle ne poussa aucun cri, n’esquissa aucun geste. Elle savait qu’il était là. Elle fixa une dernière fois la rue en ouvrant grand les yeux, puis une fulgurance lui brûla la nuque. En guise d’adieu, elle leva la tête, aperçut un ciel bleu, sans nuages, et s’affaissa en inondant sa pèlerine d’un flot de sang.

Au fil du temps mon appétence pour les polars historiques va grandissante. Je m’aperçois que je me tourne davantage vers ce genre, plutôt que vers des polars ou thrillers classiques. Je suis une grande fan des romans de Jean-François Parot pour ne citer que lui, et j’aime découvrir d’autres auteurs, français notamment, et d’autres époques. Je me devais donc de lire Les fantômes de Versailles, de Jacques Forgeas un auteur que je n’ai jamais lu ; le fameux bandeau coloré apposé sur le livre attire le lecteur et indique « L’invention de la police moderne ». Je me méfie comme d’une grippe de ce genre d’ajout à la mode, un tantinet racoleur, et parfois totalement faux. Mais je dépassais mon acrimonie, pour me plonger dans les pages de ce polar historique.

Nous sommes ici à Paris, en 1673, sous le règne de Louis XIV. Une jeune femme est découverte quasi-décapitée et la bouche cousue. Un premier meurtre d’une série. Deux enquêteurs sont mandatés par Nicolas de la Reynie, le premier lieutenant de police de Paris, pour résoudre au plus vite cette affaire. Ces inspecteurs vont obtenir l’aide d’un peintre italien, Emilio, qui va leur permettre d’avancer dans leur enquête en réalisant des dessins des victimes.

Parallèlement, une autre intrigue se met en place. Tout Paris bruisse de rumeurs. Mais une intéresse particulièrement : quel sera la teneur exacte du portrait de Louise de la Vallière, ex-favorite du roi, qui doit être peint par le célèbre Mignard ? Ce tableau obsède la marquise de Montespan, interroge le roi, laisse de marbre de la Reynie, qui pourtant doit tout mettre en œuvre pour découvrir ce qui va être couché sur la toile.

Ce polar historique nous entraîne dans un Paris que Colbert et Louis XIV ont confié à de la Reynie afin qu’il règle les problèmes de délinquance et « standardise » la politique de sécurité. J’ai apprécié cette partie et la façon dont l’auteur nous explique les tenants et les aboutissants de la politique, les relations de la Reynie avec le roi, et avec Colbert. Le personnage du tout premier lieutenant de police de Paris est bien décrit et c’est celui que j’ai le plus apprécié. L’enquête sur les meurtres nous montre également (un peu) l’évolution de la police et l’utilisation du dessin afin de représenter la scène de crime, ou les victimes. Et le dénouement, la résolution de cette série de meurtres, est intéressant, par ce qu’il nous apprend.

Pour le reste, je suis mitigée ; les autres personnages manquent de relief (sauf le peintre Emilio), et parfois les deux intrigues se mélangent assez maladroitement. Il y a quelques longueurs qui m’ont dérangée, et il m’a manquée quelque chose, une cohérence peut-être, ainsi bien dans l’intrigue que dans l’écriture. Malgré tout, j’ai passé un bon moment.

Parution : 03 février 2025 – Éditeur : Albin Michel Éditions – Pages : 448 – Genre : policier, polar, polar historique, littérature française

1673, Paris, rue Pastourelle : on découvre le corps d’une jeune femme, les lèvres cousues d’un fil de soie. C’est la première victime d’une série de meurtres identiques. La Reynie, lieutenant général de police, missionne deux enquêteurs pour élucider l’affaire, ainsi qu’un jeune artiste italien, Emilio, assistant du peintre Mignard, dont les esquisses des victimes à la morgue favoriseront la collecte de témoignages.

Voilà Emilio projeté malgré lui au cœur de deux enquêtes car, dans l’atelier de Mignard, se peint un tableau qui inquiète la cour : le portrait de la duchesse de La Vallière, maîtresse en disgrâce de Louis XIV, qui dissimulerait à destination du roi un dernier message…

Des bas-fonds de Paris où rôde la redoutable police secrète de Colbert à la cour où s’ourdissent les plus folles intrigues, Jacques Forgeas signe un polar captivant, qui raconte la naissance de la police moderne.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2024 au 11 Juillet 2025)

Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club

Catégories :Challenge Polars et Thrillers, Les avis de Céline C., Littérature française, Seuil, Thrillers/Polars

Tags:polar, polar historique, policier