Si j’avais pensé que cette terrible épreuve n’était pas une étape nécessaire vers sa guérison, jamais je ne la lui aurais imposée. Mais le médicament est parfois aussi amer que le poison –  et aussi dangereux.

Les doigts sur mon clavier, prête à vous raconter ce roman, me voilà bien ennuyée. Non pas parce que je n’ai pas aimé cette histoire, bien au contraire, je l’ai adorée, mais parce que je ne sais pas comment retranscrire le bonheur de cette lecture. Heureusement, Julie a déjà tout dit sur Le mystère Nerval, dans sa belle chronique qui m’a donné très envie de découvrir cette auteure.

Et voilà l’avis lecture le plus court du monde.

Allez, je vais tout de même tenter de vous en dire quelques mots.

Dès les premières lignes, j’ai plongé au cœur de cette histoire, en compagnie du narrateur le jeune Émile Blanche. Je ne suis pas friande des romans à la première personne, je goûte peu cette forme de narration, et souvent j’ai abandonné une lecture parce que je trouvais cela trop peu crédible. Rien de tout cela ici. Le personnage d’Émile est très attachant, et c’est avec plaisir que je l’ai suivi dans ses pérégrinations.

Alors qu’il rentre d’une soirée entre amis, Émile Blanche (étudiant en médecine et fils de l’éminent docteur Esprit Blanche, aliéniste parisien) est conduit au chevet d’un malade, le célèbre Gérard de Nerval. Ce dernier a été retrouvé en sang, délirant à propos d’une femme ; tout cela est très confus. Cette femme est-elle le fruit de l’imagination fertile de Gérard de Nerval ? Est-elle réelle ? Et si oui l’a-t-il tuée ? C’est l’énigme que devra décrypter Émile, encore étudiant en médecine.

Et c’est cette aventure que j’ai adoré suivre, à travers le Paris de 1841, où les débuts de l’expertise légale côtoient le monde littéraire de l’époque, où des personnages pittoresques connus, comme Théophile Gautier, et des inconnus, se rencontrent. J’ai aimé ce foisonnement maîtrisé, cette enquête fouillée et incroyable, j’ai éprouvé de l’empathie pour le personnage d’Émile Blanche, ses questionnements sur le sens de la vie, sur son futur professionnel, sur ses relations avec son père. L’auteure a su influer une profondeur à ce personnage principal, l’a rendu palpable et très humain. Je salue également ses recherches pour préparer ce livre, et la justesse avec laquelle elle a retranscrit l’époque, sans que cela ne soit trop prégnant par rapport à l’intrigue.

Enfin, j’ai trouvé l’écriture et le style de Diane Morel particulièrement travaillés ; une plume élégante, qui sied bien à l’histoire et à l’époque, chaque phrase est appropriée ; courte, parfois, percutante pour donner du rythme à la lecture, ou plus longue dans les descriptions, où les mots sont vivants et transportent, où les odeurs jaillissent du papier. Le tout agrémenté d’un vocabulaire riche.

C’est subtil, sans être fastidieux. Et tellement agréable à lire dans un polar historique. Comme quoi, même dans ce genre, on peut trouver des plumes puissantes et travaillées, sans être alambiquées. Vous l’aurez compris, cette lecture a été un régal, tant pour l’histoire, que pour l’écriture.

Une magnifique découverte.

Parution : 2 mai 2024 – Éditeur : Fayard – Pages : 464 – Genre : policier, polar, polar historique, littérature française  

Paris, 1841. Étudiant à la Faculté de Médecine, le jeune Émile se voit confier par son père, le célèbre docteur Blanche, un homme en sang et qui ne veut parler qu’à lui. Son premier patient ! Et pas des moindres : le célèbre Gérard de Nerval, en proie à la folie, perdu entre rêve et réalité, tenant un discours décousu et terrifié…

Le sang dont il est couvert serait celui d’une jeune femme qu’il nomme Isis. Est-elle le fruit de son imagination délirante ? Est-elle morte ? Si oui, a-t-elle été assassinée par le poète ou bien n’a-t-il été qu’un témoin impuissant ?

Du Tout-Paris lettré du XIX^e siècle à la préfecture de police, rue de Jérusalem, Émile Blanche entreprend de résoudre cette mystérieuse affaire, oscillant entre ses obligations d’apprenti médecin et ses nouvelles missions d’expert légal…

Normalienne et scénariste, notamment dans le domaine de l’animation, Diane Morel est passionnée par l’Histoire. Le Mystère Nerval est son premier roman.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2024 au 11 Juillet 2025)

Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club

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Tags:polar, polar historique, policier