Je suis donc allé parler au ministre de ce qu’ils appellent les «ressources humaines». Un mot affreux, comme si l’humanité était une sorte de pétrole qu’on irait chercher sous terre pour le brûler dans nos entreprises ou nos administrations.

Aurel Timescu est un personnage d’une série écrite par Jean-Christophe Rufin. Un personnage comme on aimerait en voir plus souvent. Employé au Quai d’Orsay par on ne sait quel miracle, ce consul de France est pour le moins atypique. Roumain d’origine, il est naturalisé français, n’aime pas beaucoup travailler, porte des tenues improbables totalement inadaptées au climat des pays où on l’envoie, possède un charme suranné et déteste l’injustice ; il a en outre deux passe-temps favoris, boire du vin blanc (si possible du Tokay) et jouer du piano (les deux combinés étant le summum du ravissement).

Dans cette sixième aventure, Aurel est nommé en Albanie. Cela le laisse-t-il indifférent ? On pourrait le croire. Mais Aurel est très sensible, et se retrouver dans un nouveau pays lui procure des bouffées d’angoisse. Néanmoins, il s’adapte, même s’il n’en a pas l’air. D’abord enclin à s’adonner à son activité préférée, fuir tout ce qui pourrait ressembler à du travail, sa curiosité est piquée par un événement étrange, la mort d’un homme déjà mort. Rien de tel pour transformer Aurel le lymphatique consul, en Aurel le dynamique détective. À force de fouiner là où il n’aurait pas dû pour résoudre ce mystère, il va bien entendu se retrouver en fâcheuse posture et être confronté aux traditions et aux lois du peuple albanais.

J’apprécie beaucoup la plume et les histoires de Jean-Christophe Rufin ; l’un de ses romans est d’ailleurs un de mes livres préférés. Aussi, quand j’ai découvert il y a quelques années cette série policière, avec ce personnage totalement improbable, je n’ai pas hésité. Depuis, je suis chacune des aventures d’Aurel le consul, un personnage très attachant. Bien entendu, il ne s’agit pas d’enquêtes complexes, mais ces sortes de « cosy mysteries diplomatiques » sont vraiment intéressants, j’y apprend toujours quelque chose sur le pays dans lequel se déroule chaque épisode. Les personnages sont bien brossés, et j’ai passé un très bon moment avec chacun des tomes. Ce nouvel opus ne fait pas exception, même si je l’ai trouvé en deçà des précédents (j’ai ressenti une sorte de précipitation dans la façon dont il a été écrit). Pourtant, une fois encore, dès les premières lignes de ma lecture, je suis entrée dans une petite bulle très sympathique, hors du temps.

Parution : 02 avril 2025 – Éditeur : Calmann-Lévy Noir – Pages : 250 – Genre : roman policier, littérature française

Pour la première fois dans sa calamiteuse carrière de petit consul, Aurel Timescu fait l’objet d’une promotion. Le voici en Europe ou presque. Il est nommé en Albanie. Cet État voisin de la Grèce et de l’Italie n’est pas un pays comme les autres. Son territoire somptueux entre mer et montagne donne une trompeuse apparence de paix. Mais il a subi au fil des siècles bien des invasions, souffert sous des dictatures terribles. Le peuple s’est protégé en se forgeant ses propres lois. Un code de l’honneur, surtout dans les campagnes, régit tous les aspects de la vie… jusqu’à la vengeance. Est-ce pour cela qu’on peut y mourir deux fois ? Comme un certain Marc Lumière, qui vient d’être assassiné à Chamonix mais est officiellement mort trente ans plus tôt en Albanie.
Aurel, comme toujours, se saisit de l’enquête. Il va vite se rendre compte que rien n’est simple au pays des Aigles. Pour éclairer les mystères du présent, il lui faut plonger dans l’Histoire et comprendre quelles cicatrices elle a laissées dans les consciences.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2025 au 11 juillet 2026)

Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club

Catégories :Calmann-lévy, Challenge Polars et Thrillers, Les avis de Céline C., Littérature française, Thrillers/Polars

Tags:polar, policier, thriller