« Herbes, plantes, arbres, fleurs, feuilles et troncs, tous aussi participaient au cycle. Tous offraient leur part. Rouge ou verte était sève de vivants ».

Rousse est une jeune renarde, au pelage flamboyant, qui aime son indépendance, sa liberté. Elle vit à bois de Chet, un lieu qu’elle chérit, il est sa maison. Hélas, la sécheresse sévit, elle emporte tout, même les espoirs. Alors Rousse part pour d’autres cieux, au-delà des limites de Bois de Chet, vers des endroits tenus secrets, là où aucun être vivant n’a mis les pattes. Elle espère y trouver du mieux.

Courageuse, la petite renarde traverse des contrées dévastées où le vivant n’a plus sa place, elle souffre de la soif, de la faim, de la chaleur, et même du froid glacial qui prend possession du monde. Surtout elle fait des rencontres déterminantes ; Brune, la majestueuse ourse, Noirciel, le sage corbeau. Avec eux, elle découvre d’autres terres, plus ou moins accueillantes, d’autres lieux, d’autres animaux. Et toujours elle avance, vers un idéal, vers l’âge et la sagesse. 

Rousse est un court roman, conte et récit initiatique, fable aussi, dans la veine de ces récits post apocalyptiques à la teinte écologique. Il interroge notre rapport au vivant, qu’il soit de sève rouge ou verte, il nous questionne sur notre rapport à la vie en général, sur nos choix, sur nos actions. Ce texte est écrit dans une langue originale, un style singulier, ce qui lui confère une atmosphère à la frontière du réel ; j’ai adoré cette prose, qui après quelques lignes d’adaptation, m’a plongée dans cette belle histoire du vivant. Un de ces beaux moments suspendus, comme je les apprécie tant, entre réalité et rêve. 

« Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l’on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l’univers. » Cette citation de Jean Giono, en exergue de ce roman, l’illustre très bien. 

Parution : 04 janvier 2024 – Editeur : Tristram – Pages : 128 – Genre : roman, conte philosophique, littérature française, fable, écologie

Sur une terre que l’homme semble avoir désertée, où l’eau est devenue rarissime, tous les vivants –  » mobiles autant qu’immobiles  » – souffrent de la soif. Les végétaux dépérissent. Les animaux aquatiques aussi, pris au piège de l’évaporation de leurs demeures. Au retour de leurs longs périples, les oiseaux migrateurs n’apportent pas de bonnes nouvelles : partout la sécheresse sévit.

« Quelques-uns pourtant avaient osé, s’étaient décidés pour une des quatre directions, par choix ou guidés par pur hasard, et s’étaient mis en marche, droit devant. Rousse était de ceux-là. »

Ainsi commence ce bref roman, porté par une langue au ras du réel, de la conscience et des sensations de Rousse, une jeune renarde. Son histoire possède la clarté d’une fable et la puissance d’une odyssée. Le chapitre où Rousse découvre une trace de l’existence passée des hommes – l’incompréhensible carlingue d’un avion de ligne écrasé au sol – est inoubliable. Tout comme sont inoubliables les scènes où elle chemine et dialogue avec un vieux corbeau très sage, du nom de Noirciel. Et quel meilleur suspense que la recherche héroïque d’une eau vitale, mais peut-être impossible à trouver…

Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club

Catégories :Contemporain, Les avis de Céline C., Littérature française, Tristram

Tags:avis livresque, chronique, littérature anglaise, Livres, polar, policier, thriller