
« Théorème » ou la lecture qui n’en finissait pas, comme si le temps se dilatait à mesure que j’ahanais.
La quatrième de couverture décrit le roman comme « un genre littéraire unique et inclassable ». Ce dernier qualificatif aurait-il pour but de couper court à toute tentative de comprendre l’utilité de ce texte?
Toujours sur la même couverture nous apprenons que le roman suit de près la réalisation d’un long métrage éponyme. J’ignore comment Pasolini s’en est-il sorti avec son film mais un parallélisme entre les deux s’impose.
À supposer que le lecteur ignore qui était Pasolini, il lui est quand-même impossible de ne pas s’arrêter sur son écriture cinématographique. le découpage séquentiel ainsi que la description de certaines scènes rappellent sans équivoque les techniques du 7ème art.
Pasolini juge inutile de décrire le personnage principal présenté tout simplement comme « l’invité ». Les thèmes abordés sont universels et intemporels. Bourgeoisie, prolétariat, frustrations, ordre social et religion défilent sous sa plume. le lecteur est averti, nul besoin de poser un cadre à l’action. Aucun intérêt à connaître dans quel lieu se déroule l’histoire, ni dans quel ordre chronologique. L’intérêt est à chercher ailleurs, plus précisément du côté de cet invité et de la façon dont il marquera la vie de ses hôtes et de leur servante. Les relations sexuelles qu’il aura avec tous révèleront à chacun la vacuité de son existence. Tel un ouragan, le passage de cet Apollon des temps modernes sera dévastateur pour tous.
Mais tout cela pour nous dire quoi à la fin? Peut-on parler de littérature « expérimentale » à propos de ce roman? Il y a sûrement une symbolique, un message à décoder que non seulement je n’ai pas saisi, mais il n’a pas non plus suscité le moindre intérêt chez moi. Je me demande si Pasolini ne s’adressait finalement qu’à lui-même dans ce texte creuset d’idéologies et de hantises intimes.
Parution : 11 mai 1988 – Editions : Folio – Pages : 192 – Genre : absurde, humour, littérature italienne – Traduction : José Guidi
Un jeune homme fait irruption chez de riches bourgeois milanais. il est la grâce, la beauté mêmes. Et sa visite est davantage une visitation, qui s’accomplit dans et par la possession physique. La servante Emilie, puis Pierre, le fils de famille, puis la mère et Odette, la fille, enfin le père, tous connaîtront le visiteur, au sens biblique du terme. Mais après son brusque départ, rien ne restera du message laissé. Seule l’humble servante connaîtra le salut car, à la différence des bourgeois selon Pasolini, elle n’a pas substitué de conscience à son âme, ni de morale à son sens du sacré. Conçu comme pièce en vers dont il reste des extraits, puis écrit parallèlement au film, séquence par séquence, Théorème est une parabole, d’un genre littéraire unique et inclassable.
Ju lit Les Mots
– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes –
Catégories :Folio, Les avis de MyrlitBooks

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Il a l’air assez déroutant ce livre…
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Tout à fait!
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Merci Myriam pour cet avis ! J’ai toujours hâte de découvrir tes articles, et avec une sorte d’addiction, je me jette sur tes premiers mots, me demandant ce qui m’attend. Je ne suis jamais déçue. Ta phrase introductive donne le ton et je souris 😆.
Bon, étant donné mon niveau de culture générale proche du néant, le nom de Pasolini me dit vaguement quelque chose (ou pas), mais je suis certaine de ne jamais l’avoir lu. Et je ne tenterai pas l’aventure avec celui-ci 🤣 !!
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Merci Céline 🥰
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Un invité qui ne m’attire pas des masses, contrairement aux personnages de ce roman, qui semble avoir été marqués durablement par son passage. 😊
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