George Orwell se trompait, pense-t-elle. Dans le futur, ce ne sera pas l’Etat qui aura l’œil sur chaque individu avec de gros systèmes de surveillance. Les gens se chargeront de ça eux-mêmes. Ils mâcheront le travail à l’Etat en mettant sans cesse en ligne les lieux où ils se trouvent, leurs centres d’intérêt, leurs goûts culinaires, leurs restaurants préférés, leurs idées politiques et leurs loisirs. Tout ça sur Facebook, Twitter, Instagram et les autres réseaux sociaux. Nous sommes notre propre police politique.

La Chaîne est un thriller qui frappe fort et vite. Dès les premières pages, on est plongé dans un cauchemar éveillé, un engrenage infernal dont les personnages, et le lecteur, ne peuvent se défaire. Ce roman se démarque par son originalité, et surtout par la tension psychologique qui maintient le lecteur sur le fil du rasoir une bonne partie du récit. Une réflexion intéressante sur la nature humaine et les choix moraux que nous faisons sous la pression.

McKinty explore avec brio la manière dont la peur et l’amour peuvent pousser des individus ordinaires à commettre des actes parfois monstrueux. Le roman interroge également la notion de culpabilité collective : dans ce système pervers, chaque parent devient à la fois victime et bourreau, pris au piège d’une machine dont il ne peut s’échapper. La solidarité parentale est elle aussi mise à mal, car pour sauver son enfant, il faut en condamner un autre. McKinty parvient à poser la question dérangeante : jusqu’où serions-nous prêts à aller pour sauver ceux que nous aimons ?

La plume est percutante, sans fioritures et sert parfaitement l’intrigue, avec un rythme haletant qui ne laisse aucun répit au lecteur. Chaque chapitre se termine sous tension, et on a du mal à poser sa lecture ! L’auteur parvient à équilibrer l’action et la psychologie des personnages, tout en maintenant une tension constante. On ressent la détresse de Rachel, ses doutes, mais aussi sa détermination implacable à sauver sa fille, à n’importe quel prix.

Dans la première partie McKinty, crée un piège narratif dont on ne peut s’échapper, tout comme ses personnages. Le rythme effréné du roman et les retournements de situation maintiennent un suspense constant.

Malgré tout, la seconde partie, est plus classique, la narration s’essouffle, quelques longueurs viennent ternir le tableau avec une suite d’invraisemblances dont les personnages se sortent un peu trop facilement. Un point départ extrêmement intéressant, une idée jamais exploitée, mais finalement cela devient un thriller moins vif, et plus conventionnel.

J’aurais voulu avoir un peu plus d’explications sur l’origine de cette organisation et ses créateurs.

Dans l’ensemble, c’est un page-turner qui frappe fort, avec l’angoisse parentale, la manipulation psychologique, et la moralité, mais dont le final m’a laissé un peu sur ma faim, même si j’ai globalement passé un bon moment.

Je remercie les Éditions Fayard-Mazarine et Netgalley pour l’envoi de ce titre.

Parution : 11 mars 2020 – Éditeur : Fayard-Mazarine – Pages : 400 – Traduction : Pierre Reignier – Genre : polar, thriller, thriller-psychologique, drame, littérature américaine, roman noir

VICTIMES. SURVIVANTS. RAVISSEURS. CRIMINELS.
VOUS SEREZ TOUT CELA À LA FOIS.

Le téléphone sonne. Un inconnu a kidnappé votre enfant.
Pour qu’il soit libéré, vous devez enlever l’enfant de quelqu’un d’autre.
Votre enfant sera relâché quand les parents de votre victime auront à leur tour enlevé un enfant.
Si un chaînon manque : votre enfant sera tué.

VOUS FAITES DÉSORMAIS PARTIE DE LA CHAINE.
VOUS N’ÊTES PAS LES PREMIERS.
VOUS NE SEREZ CERTAINEMENT PAS LES DERNIERS.

ChallengeAmerican Year – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2024 au 11 juillet 2025)

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