
Une lecture malaisante, un calvaire qui, je l’espère, cessera rapidement de me hanter.
Le récit de ce personnage abject m’a traumatisée au plus haut point. Il m’a donné des haut-le-cœur, j’ai ressenti du dégoût et un mal être dans ma chair au point que je devais interrompre la lecture pendant plusieurs jours. Jamais un livre ne m’avait inspiré autant de répulsion et de tristesse.
Puis au fil de la lecture, une petite, toute petite parcelle de mon cerveau a occulté que Lolita n’était qu’une pauvre petite gamine, seule au monde, devenue la proie d’un prédateur monstrueux. Grâce à ce subterfuge, j’ai réussi à aller jusqu’au bout du livre.
Tout au long du roman, une question se frayait son chemin dans mon esprit, et en toute bonne foi, je le précise: pourquoi Nabokov a-t-il écrit ce roman? Bien évidemment, l’auteur ne décharge pas son personnage hideux, et la souffrance de Lolita est omniprésente en filigrane, mais quel est l’intérêt d’exposer le point de vue du monstre?
À la fin du livre je trouve une note de l’auteur qui parle de l’autocensure de ses éditeurs américains. Ces derniers refusent de publier son roman, ce qui a dû un peu trop le vexer puisqu’il n’hésite pas à qualifier d’”agneaux” ceux qui, après la lecture de son manuscrit, se sont posés la question: pourquoi ce livre? Tiens!
Agneau ou pas, je continuais à caresser l’espoir d’une réponse. Je regarde tout ce que le Net propose comme interviews autour de “Lolita” avec son auteur; peine perdue! Je voulais un tantinet apercevoir le “chef-d’œuvre” dont certains parlent en évoquant ce livre; oui, parce que l’histoire racontée m’a empêchée de voir le style de Nabokov. Le sujet malsain a écrasé le reste.
Si de votre côté vous considérez que nous sommes en présence d’une grande œuvre, je suis ouverte à la discussion.
Parution : 23 mai 2001 – Editions : Folio – Traduction : Maurice Couturier – Pages : 551 – Genre : littérature américaine
« Lors d’une projection privée, j’avais découvert que Kubrick était un grand réalisateur, que sa Lolita était un film de premier ordre avec des acteurs magnifiques, et que seuls quelques rares bribes de mon scénario avaient été utilisées […] Ma première réaction face au film fut un mélange d’irritation, de regret, et malgré tout de plaisir […] Mais j’avais tort. L’irritation et le regret s’effacèrent bientôt tandis que je me rappelais ces moments passés dans les collines à chercher l’inspiration, la chaise longue sous le jacaranda, l’énergie intérieure, l’ardeur sans quoi ma tâche n’aurait pu s’accomplir. Je me dis alors que rien n’avait été perdu après tout, que mon scénario demeurait intact dans sa chemise, et qu’un jour je le publierais peut-être – pas en tant que réfutation mesquine d’un film munificent, mais en tant que variante affriolante d’un ancien roman. »



Challenge American Year – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024)
Ju lit Les Mots
– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes –
Catégories :Challenge An American Year, Contemporain, Folio, Les avis de MyrlitBooks

Les avis de MyrlitBooks : Le festin nu de William Burroughs
Nabokov n’a pas cessé de dire que son roman dénonçait un prédateur sexuel ce qui, à l’époque, n’a pas été entendu, du moins en France. Cette méprise fut renforcée par le film de Kubrick.
Un documentaire était passé sur Arte il y a un certain nombre d’années pour expliquer celle-ci.
Vanessa Springora, éditrice et ecrivaine du consentement, appelle Lolita, sa petite sœur.
Comment l’époque n’a vu dans cette victime qu’une jeune fille perverse ? Après coup, c’est inimaginable…et pourtant, il faut revoir les émissions de Pivot et voir tous ces hommes glousser pour comprendre combien c’était aucunement un crime. Les photos d’Hamilton avaient infusé perversement aussi.
Pour l’écrivain, ce dut être un affront terrible de voir son œuvre pervertie et même le prénom de son héroïne utilisé pour qualifier toutes jeunes filles désirables.
Tu es courageuse de le lire …Je n’y arriverai pas ! Merci pour ton retour 😉
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Merci pour ta réponse.
J’ai regardé les interviews de Nabokov parlant de Lolita, ma lanterne ne s’est pas éclairée. Mais, je te rejoins complètement sur l’attitude scandaleuse des “intellectuels” de l’époque. C’est inimaginable!
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Je ne vais pas pouvoir t’aider, mais par contre, cette censure ne m’étonne même pas 🙄.
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Merci Myriam pour ce retour sincère et argumenté.
J’apprécie toujours de lire tes avis, ils me font réfléchir à ce qu’est l’essence d’une œuvre, ce qui fait qu’un roman nous plaît ou pas, qu’il repousse ou au contraire attire selon le lecteur que l’on est. Je trouve dommage que l’ambiance trop noire ou glauque d’un roman empêche de découvrir et d’apprécier la plume d’un ou d’une auteure, comme tu le mentionnes pour Lolita.
Je n’ai jamais lu Lolita, pas du tout attirée par le sujet, chef-d’œuvre ou pas. Pas certaine que je le tente un jour.
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Par contre, le film avec Jeremy Irons est très bon!
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C’est une oeuvre que je n’ai encore jamais lue, mais pour ma connaissance personnelle, j’aimerais le faire. Peut-être en audio. En tout cas, ça me permettra de me faire ma propre opinion.
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Une bonne idée l’option audio!
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Je n’ai pas lu et ne compte pas lire ce livre, je crois qu’il me rendrait malade. Ceci dit, j’en ai toujours entendu parler comme d’un roman dénonçant en la décrivant « de l’intérieur » la banalisation de la pédocriminalité.
Ce que tu dis des « intellectuels » rigolant du livre dans des émissions ne me surprend malheureusement pas, honte à eux, où qu’ils soient!
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Je suppose que c’est le but du roman, en tout cas je l’espère. Ce qui me trouble, c’est la position de Nabokov lui-même. Dans toutes les archives disponibles autour de ce roman, ses propos sont très vagues, comme s’il tournait autour du sujet, et ce ne sont sûrement pas les débats “littéraires” pernicieux de l’époque qui allaient me fournir des réponses.
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Très honnêtement, ce roman m’avait moi aussi mis mal à l’aise. Nabokov, je ne peux pas dire que ce soit ma tasse de thé. Je suis bien d’accord avec toi. Merci pour ce retour 🙂
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Je me sens moins seule, merci 😅
Je compte retenter l’expérience avec lui mais en évitant ce genre de sujets (pour lesquels il a un penchant assez troublant!)…
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Il faudrait que je le lise pour me faire une idée de ce roman dont on parle souvent… 🙂
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Oui, ensuite viens nous dire ce que tu en penses
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Ça en fait des choses à faire 😆 Un jour, j’espère avoir le temps de le lire (mais je pense que je vais encore l’oublier et que je n’y arriverai jamais).
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Moi aussi !
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Un jour, on y arrivera (ou pas) :p
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😂
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Chapeau d’avoir osé t’y confronter, je crois que je ne pourrais pas , mais je comprends ton processus d’avoir voulu saisir le mythe. Dommage effectivement de ne pas avoir trouvé grain à moudre même en dehors dans les interviews de l’auteur. J’aurais aimé plus d’explicitation de sa part. Je me contenterai pour ma part des films, qui m’ont suffisamment mise mal à l’aise…
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Et tu as bien raison
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le contresens sur ce roman en dit long sur les pervers sexuels intellectuels qui ont vu dans ce roman une justification de leurs déviance sexuelles que l’on appelle aujourd’hui des CRIMES, heureusement !
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Heureusement!
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Une de mes anciennes collègue m’avait conseillé ce livre en me disant qu’il était troublant mais vraiment bon. Pourtant quand j’ai lu le résumé et quelques avis dessus, ca m’a plutôt refroidie. Et ton avis me le confirme Myrlit, je vais passer mon tour. Je te souhaite que le souvenir de cette lecture s’estompe peu à peu, vu les sentiments qui en découlent. Merci pour ton avis en tout cas !
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Merci à toi de m’avoir lue!
Je suis certaine que d’autres belles lectures t’attendent, tu peux donc sacrifier celui-ci sans regrets.
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Avec plaisir, je vais suivre ton conseil, c’est plus sage 😉
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