Les avis de Céline C. : Les Doigts coupés de Hannelore Cayre

On ne se rend jamais compte sur le moment, quand on est heureux, du coup on ne pense pas à faire des réserves de bonheur pour les moments difficiles, comme on le ferait avec de la viande séchée en prévision des jours où il n’y a plus rien à manger.

Hannelore Cayre est une auteure dont j’apprécie l’humour et la plume. J’ai adoré « La daronne » (un roman que je vous conseille, si vous ne l’avez pas encore lu), et dans un autre genre « Richesse oblige ». C’est donc sans me poser de questions que je me suis lancée dans ce nouvel opus.

Je l’avoue, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, à comprendre l’intention de l’auteure. À la fin du texte, Hannelore Cayre expose dans quelques pages de notes, la genèse de ce roman, les recherches effectuées pour écrire cette histoire, et cite la bibliographie des documents consultés. Comme j’ai la sale manie de « zieuter » la dernière page des romans que je lis, à peine les premières lignes commencées (je ne le fais pas à chaque fois), j’ai donc découvert ces notes dès le début de ma lecture. Et, je pense que c’est ce qui a fait la différence, et j’ai ainsi pu reprendre le récit avec davantage de facilité, et à mieux appréhender l’histoire.

Alors que nous raconte ce roman, au titre évocateur ?

Tandis que des travaux ont lieu dans une propriété privée, une excavation est mise au jour, avec à l’intérieur une sépulture des temps anciens de deux squelettes. Par un heureux concours de circonstances, Adrienne Célarier, paléontologue, est la première scientifique sur les lieux. Elle constate l’intérêt archéologique indéniable de cette découverte ; des peintures incroyables, qui représentent des mains aux doigts coupés, et ces deux squelettes, un homme et une femme, qui n’ont vraisemblablement pas eu la même fin. Cette grotte devient alors la sienne.

La paléontologue expose donc ses travaux de recherches concernant cette sépulture, et émet des hypothèses, notamment sur le sens des peintures, et sur la vie et la mort de ces deux humains. En parallèle des théories échafaudées par la scientifique, le lecteur suit ce qui aurait pu être la vie de cette femme (et de cet homme) dont le squelette a été découvert. Cette femme, à laquelle l’auteure donne la parole, s’appelle Oli, et elle nous conte ce qu’était son existence à cette époque, il y a 35 000 ans, le long de la Vézère, à quoi elle a dû faire face, comment elle a lutté pour sa survie, face à des hommes qui s’accaparaient les ressources et les outils.

En dépit d’un début de lecture un peu compliqué, j’ai apprécié cette histoire décalée. L’humour de l’auteure est bien présent, et on suit Oli dans son émancipation, dans son dégoût et son ras-le-bol de ce statut de femme, dans lequel elle est enfermée. Une rebelle des âges anciens, qui souhaite avoir le choix, celui de chasser comme les hommes, ou encore celui d’avoir ou pas des enfants.


Parution : 08 mars 2024 – Éditeur : Métailié Noir – Pages : 192 – Genre :  policier historique, polar,  littérature française

En découvrant le squelette d’une femme dans une grotte, la paléontologue n’a pas seulement mis au jour une sépulture vieille de 35 000 ans, mais également la première scène de crime de l’Histoire.

Quelle révélation est allée colporter Oli, cette femme venue du fond des âges, entraînant à sa suite l’humanité dans un chaos irrémédiable ? Qu’a-t-elle voulu nous dire en plaçant l’empreinte de sa main mutilée au centre de cette fresque de la douleur et de l’impuissance ? “Regardez donc ce qu’ils m’ont fait” ; “Regardez, ce qu’ils nous ont fait subir à nous toutes !”

Oli veut être une chasseuse car la chasse est interdite aux femmes. Comme toutes les héroïnes de l’auteur, elle est portée par le même vent de liberté et elle revendique avec une âpre autorité et un humour caustique son droit au bonheur.

D’une plume hilarante et acérée comme la lance de sa chasseuse, Hannelore Cayre mène le lecteur ravi au cœur de la préhistoire sur les traces de nos origines et joue avec notre avidité à écouter des histoires.

Une enquête passionnante et ténébreuse.


Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2024 au 11 Juillet 2025)


Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club



Catégories :Challenge Polars et Thrillers, Les avis de Céline C., Littérature française, Métailié, Thrillers/Polars

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21 réponses

  1. Mais ! Comment ça, zieuter les dernières pages ? Non mais c’est sacrilège, ça !
    Sinon, je me suis toujours demandé si la daronne pourrait me plaire 🤔

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    • 😂

      Je sais c’est sacrilège 😬, je plaide coupable !

      La daronne est excellent, vraiment c’est un roman assez dingue, je l’ai adoré ! Après ce n’est pas un polar comme tu les aimes, bien hard et sanglant, pas du tout. Mais c’est drôle

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  2. Moi aussi je regarde toujours la fin d’un livre , car je fais partie du petit groupe de lecteurs pour qui le suspens ne rajoute rien et même le plus souvent il m’encombre pour profiter de la lecture.
    J’ai aimé la Daronne alors pourquoi pas

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  3. Ah ! je me sens moins seule 😉.

    Celui-ci est très différent de La daronne

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  4. Pas de doigts, pas de chocolat ? 😆

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  5. J’aime bien cette autrice, mais, à la sortie de ce titre, j’ai crains un féminisme anachronique … Visiblement, ça passe quand même.

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  6. Je ne connaissais pas cette autrice mais je trouve l’idée de ce livre très originale. Le titre et la couverture invitent à la découverte. Par contre j’ai appris que tu regardais les dernières pages dès le début de ta lecture 😅 aïe aïe 😅 je souris bien sûr. Merci Céline pour ton beau retour 👍🙂

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    • Avec plaisir Frédéric !

      C’est vrai que l’idée de ce roman est originale ; les histoires de cette autrice le sont toujours, je trouve.

      En ce qui concerne cette affaire de dernières pages, je le fais de moins en moins 😆😉

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  7. Je le fais moins mais j’ai la même habitude que toi 🙂
    Il me semble que le roman est dans ma PAL et j’avoue que le côté en avance sur son temps d’Oli me plaît bien !

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  8. J’avais entendu parler de ce livre, dont le résumé m’avait carrément happée et ta chronique en rajoute une couche. En plus, j’ai très envie de découvrir la plume de l’autrice !

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  9. Je n’ai jamais lu l’auteur mais j’avais déjà repéré La daronne. Celui que tu présentes est intriguant aussi, ce n’est pas fréquent de prendre place dans la vie d’une femme il y a plus millions d’année. 🙂

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  10. J’avais pour ma part failli laisser tomber la lecture quand la propriétaire du terrain glapissait sur le sort de sa future piscine… et puis dasola m’a convaincu de continuer (ouf!).

    J’ai bien apprécié le « double langage » de l’interprétation des faits « de nos jours » et du récit vécu par les protagonistes qui nous est parallèlement raconté.

    Par contre, le « battage » médiatique autour de l’ouvrage m’avait aussi un peu excédé « premier roman préhistorique féministe », ça fait bon marché de La déesse mère de Cavanna… ou de Mme de Nénderthal, journal intime; premier polar préhistorique », ça oublie les livres de Sophie Marvaud… Ah, ces journalistes!

    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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