Imagine qu’un voisin ou une voisine débarque à l’improviste. Madame Cuaz, par exemple. Elle sonne à la porte parce qu’elle a oublié d’acheter de la farine, elle demande si on pourrait pas la dépanner. Ses petits-enfants viennent lui rendre visite et elle veut leur faire des crêpes. Imagine si elle voit tout le bazar dans le salon, les bouts de verre par terre et la table basse fracassée, qu’est-ce qu’elle va dire ? Ou bien le père Pastore. Possible. Dans le lotissement, c’est lui qui habitait la maison la plus proche de chez nous. Il aurait pu se pointer parce qu’il avait entendu quelque chose, des bruits bizarres, des cris, un sacré boucan. « Bon sang ! Qu’est-ce qui se passe ici ? » Rien du tout. Il se passe rien du tout, monsieur Pastore. Regardez, tout est impeccable. Tout est parfaitement normal. Je ne voulais pas qu’ils posent des questions. Mais c’est jamais arrivé. Ni madame Cuaz, ni monsieur Pastore, ni personne. Heureusement nos voisins étaient sourds. Nos voisins étaient aveugles.

Marcus Malte nous offre une petite nouvelle poignante sur les conséquences du silence face à la violence familiale. À travers une narration sensible, il met en lumière la difficulté de briser le mutisme imposé par des années de souffrance et de non-dits.
Quatre ans après le décès de leur mère, un frère et une sœur se tiennent devant sa tombe. Ce moment marque le début d’une libération de la parole, alors qu’ils décident enfin de parler de ce qui se passait derrière les portes closes de leur foyer. Le récit, tout en retenue, dévoile progressivement les traumatismes enfouis et les mécanismes de défense mis en place pour survivre dans un environnement toxique.
Avec un style épuré, l’auteur laisse la place à l’émotion brute, les témoignages de ces deux personnes rendent le récit encore plus authentique. Leur âge se gomme peu à peu et tout le long de ces pages, ce sont les enfants qu’on entend, les enfants qu’on écoute. Il n’y a pas de distance entre le lecteur et le récit, Marcus Malte veut que ses mots percutent et il y arrive très bien.
L’auteur aborde avec justesse le poids du silence et la difficulté de mettre des mots sur des expériences traumatisantes, des sujets qui résonnent en chacun de nous. Et c’est toute la force de ce récit ! Même si les violences n’ont pas été vécues, chaque lecteur peut se reconnaître dans certaines difficultés.
Le choix de dévoiler l’histoire à travers les souvenirs des personnages permet une immersion progressive dans leur vécu, créant une tension émotionnelle croissante.
J’aurais aimé que cette nouvelle fasse plus que 64 pages, cela m’a laissé sur ma faim, car j’aurais souhaité approfondir davantage les personnages et leur histoire. Et cela malgré une thématique sur la violence familiale éprouvante.
J’ai rien dit m’a profondément touché. La manière dont Marcus Malte aborde l’impossibilité d’évoquer certains sujets, le silence qui les entoure et la libération par la parole est d’une justesse rare. Bien que court, il invite à une réflexion sur l’importance de l’écoute et de la parole dans la reconstruction de soi.
Marcus Malte signe un récit intime et percutant sur le poids du silence et la nécessité de briser les chaînes du non-dit et de la violence familiale et conjugale. C’est court mais intense, et ça résonne longtemps après la lecture !
Je remercie les éditions Rageot pour cette lecture.
Parution : 5 mars 2025 – Editeur : Rageot – Pages : 64 – Genre : littérature française, thriller, violence faites aux femmes, violences faites aux enfants, drame
Ne te trompe pas : on était juste témoins. Les coupables, c’est pas nous.
Un garçon et une fille, debout devant une tombe, celle de leur mère. Quatre ans après le drame, ils sont prêts à parler. À raconter ce qu’il se passait chez eux, derrière les portes closes.



Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2024 au 11 juillet 2025)
Ju lit Les Mots
Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes
Catégories :Challenge Polars et Thrillers, Littérature française, Rageot, Romans noirs, Thrillers/Polars

C’était un sujet dont on ne parlera jamais assez et j’aime le fait que ce soit fait avec sobriété et efficacité dans ce récit aussi court que poignant si je comprends bien ce que tu en dis. On a besoin de plus de romans de ce genre.
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Oui ! On a besoin de plus de textes de ce genre, et qui, selon moi devrait être lu au collège ! Même si c’st touchant, à l’adolescence c’est l’occasion de pouvoir comprendre des choses importantes tout en étant accompagné 🙂
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Je suis 100% d’accord
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🥰
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Ça a l’air poignant et terriblement touchant. Vu le sujet, je pense que ce format court devrait me convenir. Avec un roman, j’aurais eu peur de me laisser submerger.
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Je comprends et ce format convient parfaitement à la manière dont l’auteur a voulu en parler. J’ai juste un goût d’inachevé par rapport aux devenir d’un des protagonistes 😉
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Merci Julie pour cette découverte. Je ne savais pas que Marcus Malte avait écrit cette nouvelle. Ce que tu nous racontes de ce texte percutant est vraiment touchant. C’est un texte destiné à la jeunesse ?
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La nouvelle est sortie tout récemment. Oui jeunesse 😉 C’est un texte touchant, mais qui d’ailleurs parle d’enfants qui vivent la maltraitance, mais ils sont grands dans lte texte et j’ai trouvé ça très intelligent 🙂
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ça a l’air poignant… Peut-être que ça aurait été trop difficile si ça avait été plus long, finalement?
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Ah mais oui tu as raison, mais j’aurais aimé connaitre l’évolution des personnages 😉
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C’est une lecture qui a l’air poignante et percutante ! Je note !
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Très touchante effectivement et très courte aussi 😉
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Ah, quand c’est trop court… c’est trop court !
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:-p
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C’est un livre certainement très dur à lire .
Mais il faut en parler, la violence fait des dégâts. Je pense aux enfants face à ça, que deviendront-ils ?
Merci Julie pour ce partage douloureux mais si important.
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Oui la violence fait des dégâts et on a tendance à oublier qu’intra familiale les enfants sont touchés au même titre que leur mère. La reconstruction et la résilience est toujours possible 😉 et fort heureusement !
Je suis contente d’avoir pu lire et parler de cette nouvelle 🙂
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