À ce stade, je ne peux rien faire. Je suis chargé de la surveillance des mouvements d’ultradroite et d’ultragauche. Je peux vous dire que ce n’est pas l’ultradroite qui nous inquiète le plus, pour une raison simple : ils sont trop cons. On les repère à mille kilomètres. Les vrais dangereux, ce sont les animalistes, par exemple. Des gens d’ultragauche, en général, et avec des profils qui ont fait des études, voyez. Les types lisent des livres, quoi. Et comme par hasard, ils sont plus malin. »

Ce qui fait pleurer dans les chaumières est globalement assez universel. Ce qui fait rire en revanche l’est beaucoup moins. L’humour est sujet à grincement de dents, offuscations en tout genre, et parfois à levée de bouclier. Ce qui faisait rire hier n’est plus forcement compris aujourd’hui et inversement (ah non, ça ne fonctionne pas). En ce qui me concerne, je suis bon public. D’aucuns diront que j’ai un humour pourri (pour rester polie). Jadis, j’ai été pompier, et les pompiers ne sont pas connus pour l’élégance de leur humour, ceci expliquant cela. J’assume.

Je n’ai jamais rédigé d’avis sur un roman de Jacky Schwartzmann, pourtant c’est un auteur que j’apprécie beaucoup, et que je lis depuis son premier roman. J’attends toujours avec impatience son nouvel opus. Et avec ce dernier, Bastion, comme je m’y attendais, aucune déception, encore une lecture jubilatoire.

Alors que nous raconte Bastion ?

Jean-Marc est enfin à la retraite. Content et prêt à entrer dans cette nouvelle partie de sa vie avec entrain et satisfaction. À lui la belle vie. Pourtant, tout commence mal. Bernard, son ami d’enfance, s’est mis dans la panade, et Jean-Marc veut le sortir du bourbier dans lequel il s’est fourré, question d’honneur. Bernard est sympa, mais aussi très con ; il s’est engagé dans l’équipe de campagne d’Eric Zemmour. Jean-Marc, bien que déçu de sa famille politique, le socialisme, ne peut laisser son ami se fourvoyer ainsi.

Jean-Marc, pour protéger son ami, plonge la tête la première au sein de la mouvance d’extrême droite lyonnaise, et observe ce nouvel environnement auquel il doit s’adapter, désabusé mais lucide. Pour aider son ami, il se retrouve alors dans des situations rocambolesques, et d’observateur il devient participant. Bref, ce qu’il avait prévu ne se passe évidemment pas, et il s’embarque sans le savoir dans un jeu dangereux. Mais a-t-il le choix ? C’est lui ou Bernard.

Jacky Schwartzmann est un auteur à part dans la sphère du polar. Derrière son humour parfois désabusé, caustique, et grinçant, qui peut agacer comme le crissement des ongles sur un tableau noir, il y a bien sûr davantage. Il utilise cet humour pour porter un regard lucide, et humain, sur notre société. Je trouve brillante la manière dont il réussit à faire un état des lieux de notre monde, à travers ses personnages, en une sorte de satire sociale. Alors, il est certain que cet humour acide peut provoquer des aigreurs chez certains, parce que finalement tout le monde en prend pour son grade, et parfois ça pique un peu.

Pour moi, ce nouveau roman est une réussite, et encore une fois, j’ai ri, beaucoup. J’adore cet humour, les personnages sont bien campés, les dialogues sont juste truculents, la plume est féroce, et le propos toujours très juste. Bref, je suis fan de Jacky.

Parution : 14 mars 2025  – Éditeur : Seuil Éditions-Collection Cadre Noir – Pages : 304 – Genre :  Littérature française, polar, policier, humour

Lorsque Jean-Marc Balzan, vieux garçon sans enfant, prend enfin sa retraite, il est persuadé qu’il va se la couler douce. Petits restos, voyages, la liberté, quoi. Mais c’est compter sans Bernard, son plus vieil ami. Ils sont potes à la vie à la mort depuis l’école maternelle. Et ce que Jean-Marc fait de mieux dans la vie, c’est rattraper les conneries de Bernard. Ce dernier est sympa, il peut faire preuve d’intelligence, mais il est aussi capable d’être très con. Aussi, lorsqu’il s’engage dans l’équipe de campagne d’Éric Zemmour pour la présidentielle de 2027, Jean-Marc craint le pire.

Soucieux de protéger Bernard, Jean-Marc s’enfonce insidieusement dans la mouvance d’ultradroite lyonnaise. Il rencontre des néonazis amateurs de voitures de collection, des gendarmes qui veulent faire de lui une balance, des entrepreneurs véreux, des ultras qui fomentent un attentat, des maires de village sans étiquette, et même Éric Z himself.

Bref, c’est l’histoire d’une retraite bien pourrie.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2024 au 11 Juillet 2025)

Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club

Catégories :Challenge Polars et Thrillers, Les avis de Céline C., Littérature française, Seuil, Thrillers/Polars

Tags:avis livre, polar, policier