Chronique d’un conte enchanté : Galette au miel de Haruki Murakami


Je crois que c’est parce qu’elle a trop regardé les informations. Les images du tremblement de terre de Kobe sont sans doute trop impressionnantes pour une petite fille de quatre ans. Depuis le séisme, elle se réveille toutes les nuits. Elle dit que c’est un vilain monsieur qu’elle ne connait pas qui vient la réveiller. Elle l’appelle le  » Bonhomme Tremblement de Terre « . Il la réveille pour la faire entrer de force dans une petite boite.


Rééditée chez Belfond avec de belles illustrations de Kat Menschik, Galette au miel est une nouvelle où Haruki Murakami transforme la douleur et la peur en un récit guérisseur.

Inspirée par le tremblement de terre de Kobe, cette nouvelle rend hommage à toutes celles et ceux dont les nuits sont hantées par le souvenir de la catastrophe. Murakami y explore les blessures invisibles, celles de l’âme, souvent reléguées au second plan face aux dégâts matériels et corporels. Il tisse un lien subtil entre les douleurs physiques et psychologiques, soulignant combien les traumatismes intérieurs peuvent marquer tout autant, sinon plus, que ceux que l’on voit.

En quelques pages, Murakami, avec une plume épurée et poétique, dose un équilibre parfait entre mélancolie et espoir, sans jamais tomber dans la facilité. Il tisse un hommage touchant aux victimes du séisme de Kobe : un mélange subtil entre émotion et mélancolie.

Les illustrations de Kat Menschik viennent enrichir le texte avec finesse. Elles donnent au récit une dimension graphique qui évoque le roman illustré ou le conte moderne. Ces images accompagnent la lecture comme des respirations, des fenêtres ouvertes sur l’imaginaire de Murakami.

Murakami, fidèle à sa plume, sait évoquer la résilience par la poésie du quotidien. La douceur de l’ours mélomane résonne comme une berceuse littéraire, rappelant que, même après la plus grande secousse, un peu de douceur suffit à renouer avec la paix.

Galette au miel est une nouvelle pleine de bienveillance et de délicatesse. À lire lorsqu’on cherche un instant de répit, une parenthèse où la littérature se fait baume. Ce texte court mais dense rappelle que, même après les pires secousses, il suffit parfois d’un peu de douceur pour réapprendre à respirer.


Parution : 7 novembre 2024 – Editeur : Belfond – Pages : 104 – Traduction: Corinne Atlan – Illustrations : Kat Menschik – Genre : littérature japonaise, témoignage, fable, contes

Quand la femme dont il est secrètement amoureux lui révèle que sa petite fille est en proie à un cauchemar récurrent, Junpei, auteur de nouvelles, invente l’histoire d’un ours mélomane capable d’apaiser toutes les peines…


Ju lit Les Mots
Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes



Catégories :Belfond, Contemporain, Littérature japonaise

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27 réponses

  1. c’est un livre jeunesse ?

    le japon vit avec la peur des catastrophes naturelles extrêmes depuis toujours , mais il vit quand même

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  2. Un peu de répit et de douceur, cela ne me ferait pas de mal je crois 😉

    Merci Julie 😍

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  3. Cela fait des années que je veux lire Murakami, mais je n’ai toujours pas sauté le pas. Mais cette nouvelle dont tu dis tant de bien serait une super porte d’entrée dans son univers.

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  4. J’adore l’auteur japonais Murakami. Il a une si belle sensibilité. Merci du partage Julie. Passe un excellent weekend 🙂

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  5. Elle a l’air touchante et pleine de sensibilité cette nouvelle que j’aimerais lire à l’occasion.

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  6. Oh, elle est belle cette histoire, et la nouvelle couv est très très belle elle aussi.
    Merci ma Julie pour ce beau retour 🤩😘

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  7. Merci Julie, c’est vrai que les séquelles de ces tremblements de terre si fréquents au Japon doivent être effroyables.On ne parle pas assez des traumatismes subséquents aux catastrophes naturelles. Heureusement que Murakami et Julie sont là ! 😉

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  8. Merci Julie, c’est vrai que les séquelles de ces tremblements de terre si fréquents au Japon doivent être effroyables.On ne parle pas assez des traumatismes subséquents aux catastrophes naturelles. Heureusement que Murakami et Julie sont là ! 😉

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  9. Merci Julie pour cette très belle et douce chronique et cette découverte ! 🙂

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  10. Merci d’avoir porté ce texte à ma connaissance et surtout son sens et sa nouvelle édition. La bibliographie de l’auteur est tellement vaste que souvent je repousse l’idée de l’explorer ne sachant où aller. je me note celui-ci !

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    • Avec plaisir ! Je suis comme toi et j’ai mis du temps à lire l’auteur et je l’ai découvert grâce à ce titre et à Abandonner un chat : Souvenirs de mon père. Des textes courts qui permettent de découvrir la plume de l’auteur. Dernièrement j’ai aussi lu La Cité aux murs incertains et franchement c’était très agréable.
      Donc oui, commencer par des textes courts me semble être une bonne idée 🙂
      Bonne future lecture 🙂

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  11. J’aime beaucoup Murakami qui a choisi ici un registre différent de ses romans habituels. Je note !

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  12. Oh, un autre Murakami, décidément, il va vraiment falloir que je retente cet auteur. 😁 Ce mélange subtil que tu évoques, c’est justement ce que j’apprécie dans les romans japonais.

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  13. Intéressant comme approche de la peur au japon, merci de cette découverte.

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