Chronique du silence assourdissant : Ce que je sais de toi de Eric Chacour


Bien mieux que leur Sigmund Freud. De toute façon, leur Freud, il ne peut pas nous comprendre, nous. Il ne sait rien sur nous. Il ne sait rien sur nos djinns et sur nos rituels. Sur nos folies d’ici. Sur l’histoire d’ici, celle qui vient de la terre, de la poussière et du   vent. L’histoire de nos peurs et de nos saletés.


Éric Chacour, nous transporte dans l’Egypte des années 1980 à travers une histoire intimiste, portée par une écriture à la fois pudique et percutante. Entre amour interdit, poids des traditions, et quête d’identité, l’auteur esquisse un portrait sensible d’un homme pris dans les filets d’une société conservatrice.

La plume sobre et poignante d’Éric Chacour, suggère plus qu’elle ne montre, et donne au texte une puissance émotionnelle palpable.

Le contexte historique et social, de l’Egypte des années 1980, est restitué avec finesse, sans jamais prendre toute la place et écraser le récit.

Les personnages d’une grande profondeur, permettent d’aborder les conflits intérieurs, les silences imposés et les renoncements. Pour autant, l’auteur évite tout misérabilisme, en décrivant une réalité sans jamais porter de jugement, laissant au lecteur toute la place pour ressentir les émotions.

J’ai été profondément touché par cette lecture, dont la simplicité apparente dissimule une réelle complexité émotionnelle. La force du roman réside dans ce qu’il ne dit pas, dans les silences, les regards, et les gestes empêchés. Ce que je sais de toi est un récit bouleversant qui parle d’amour, de famille, de renoncements – et de courage. L’écoute a été immersive et donne une dimension plus importante et encore plus personnelle, comme une confidence que Tarek nous fait.

Avec ce premier roman, Éric Chacour signe un roman sensible et actuel, qui fait écho à des enjeux sociétaux, mais aussi personnels : l’amour que l’on tait, l’identité que l’on refoule, et les conséquences dévastatrices des normes sociales. Un roman luminueux, mais mélancolique, qui laisse une empreinte durable.

Extrait
Je remercie les éditions Lizzie et Netgalley pour l’envoi de ce titre.

Parution : 9 novembre 2023 – Éditeur : Lizzie, Philippe Rey – Temps d’écoute : 6 heures et 28 minutes – Pages : 301 – Narrateur : Loïc Renard – Genre : littérature canadienne, secrets de famille, Egypte, Sociétal

Un premier roman à l’écriture ciselée et aux multiples rebondissements, l’histoire d’une vie bouleversée par l’amour et un vent de liberté.

Le Caire, années 1980. La vie bien rangée de Tarek est devenue un carcan. Jeune médecin ayant repris le cabinet médical de son père, il partage son existence entre un métier prenant et le quotidien familial où se côtoient une discrète femme aimante, une matriarche autoritaire follement éprise de la France, une sœur confidente et la domestique, gardienne des secrets familiaux. L’ouverture par Tarek d’un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam est une bouffée d’oxygène, une reconnexion nécessaire au sens de son travail. Jusqu’au jour où une surprenante amitié naît entre lui et un habitant du lieu, Ali, qu’il va prendre sous son aile. Comment celui qui n’a rien peut-il apporter autant à celui qui semble déjà tout avoir ? Un vent de liberté ne tarde pas à ébranler les certitudes de Tarek et bouleverse sa vie.
Premier roman servi par une écriture ciselée, empreint d’humour, de sensualité et de délicatesse, Ce que je sais de toi entraîne le lecteur dans la communauté levantine d’un Caire bouillonnant, depuis le règne de Nasser jusqu’aux années 2000. Au fil de dévoilements successifs distillés avec brio par une audacieuse narration, il décrit un clan déchiré, une société en pleine transformation, et le destin émouvant d’un homme en quête de sa vérité.

Pride Month Challenge 2025 chez Collectif Polar


Ju lit Les Mots
Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes



Catégories :Contemporain, Littérature canadienne, Lizzie, Philippe Rey, Pride Month Challenge

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43 réponses

  1. J’avais beaucoup aimé ce roman, que j’ai découvert en audio aussi.

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  2. J’aime beaucoup ce genre de prose tout en sensibilité qui évoque sans « crier ».

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  3. Allez hop je le rajoute à mon bilan 🤩

    Merci ma Julie tu assures grave ! 😁😅

    😘

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  4. J’aime beaucoup le titre que tu as donné à ta note : chronique d’un silence assourdissant ! C’est exactement cela ! J’ai beaucoup aimé aussi ( sauf la toute fin, qui traîne un peu …)

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  5. Avatar de ducotedechezcyan

    J’étais curieuse de lire ton avis après que tu as montré ce livre l’autre jour 🙂 Le contexte égyptien a l’air intéressant.

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  6. Rhoo cette chronique, tu m’as mis des frissons. 😍 Merci à toi pour le partage 🙏 😘

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  7. Quelle magnifique chronique Julie. Merci pour ce partage ❤️

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  8. Et en plus Ge est ravie 🥰

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  9. Oh, un roman que je voulais découvrir et puis, j’ai oublié ! Tu fais bien de me donner un coup de pied au cul, toi ! 😉

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  10. Merci pour cette découverte d’une époque de l’Égypte que je connais bien mal. Tu as su m’intéresser et me rendre curieuse. Donc dès que j’aurai un peu de réseau, j’écouterai cet extrait que tu nous proposes ^^
    Chouette initiative

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  11. j’a été très touchée par ce roman . je trouve que peu de romans nous en apprennent autant sur la société égyptienne ?

    la construction du roman et l’écriture sont remarquables.

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    • Il y a pas mal de romans qui parlent de la société égyptienne. Il y a pas mal d’auteurs égyptiens qui sont à lire et qui permettent de découvrir l’Egypte de l’intérieur : Alaa El Aswany, Naguib Mahfouz, Christian Jacq…

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  12. Il doit être beau ce roman. Le sujet me plaît. Merci Julie, bon weekend à toi 🙂

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  13. Pas pour moi. Bon week-end. Pat

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  14. Je me l’étais déjà noté, mais je t’avoue qu’il me faisait un peu peur. Ta très belle chronique me donne envie de surmonter celle-ci et peut-être me lancer… 😉 Merci à toi Julie ! 🙂

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