Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Et un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir, mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et l’on peut faire ce que l’on veut d’un tel peuple (citation : Anna Arendt)

Dans un contexte politique troublé où l’extrême droite progresse de manière inquiétante en France et en Europe, Salomé Saqué livre avec Résister un ouvrage qui fait du bien au moral. À la fois manifeste citoyen et récit personnel, ce texte, publié par une voix journalistique jeune mais déjà très affirmée, m’a paru non seulement nécessaire mais d’intérêt public.
Avec cet essai, Salomé Saqué interroge les raisons profondes de la résignation face aux injustices sociales, aux dérives autoritaires et aux tentations populistes. Elle revient aussi sur son propre parcours, les violences symboliques qu’elle a subies tout en tissant peu à peu une réflexion sur ce que signifie, aujourd’hui, résister.
À travers une écriture sans fioriture, Salomé Saqué ne se contente pas de dresser un constat alarmant : elle appelle, avec conviction, à la mobilisation collective. Ce n’est pas un essai froid ou dogmatique, c’est une sonnette d’alarme, un mixte entre du vécu, mais aussi une pensée sur la société actuelle, un regard clinique et réel sur des inquiétudes bien légitimes.
Le Rassemblement National, en particulier, est désigné sans détour comme une force politique aux ambitions dangereuses, dont la banalisation dans le débat public est minutieusement démontée. L’autrice rappelle aussi comment les inégalités sociales, l’appauvrissement démocratique et le traitement inégal des voix participent à l’érosion de nos valeurs républicaines.
Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est ce ton singulier, entre vulnérabilité assumée et fermeté intellectuelle. Loin d’une posture professorale ou moralisante, Salomé Saqué parle avec ses doutes, ses blessures, sa colère, mais aussi avec une profonde foi dans le pouvoir des mots et de l’action. Elle parvient à conjuguer émotion et lucidité sans tomber dans l’emphase.
Salomé Saqué, jongle, avec une plume accessible, entre des données chiffrées, des références philosophiques ou sociologiques, et des confidences sans jamais perdre le fil. C’est un texte qui donne envie de souligner des phrases, de réfléchir, d’en parler autour de soi. Une écriture d’alerte, mais aussi d’espoir.

Pour moi, Résister n’est pas un simple livre d’opinion, c’est une invitation à regarder notre époque avec plus de lucidité et moins de fatalisme. Ce texte m’a interrogé, et m’a redonné cette sensation trop rare que l’engagement individuel peut encore infléchir le collectif. Et cela, sans jamais nier la complexité du réel.
La montée de l’extrême droite m’inquiète, tout autant pour ses dérives politiques, mais encore plus pour ce que, demain, certaines personnes se sentiront légitimes de faire. Je ne sais pas comment je pourrais vivre dans un pays où l’extrême droite est au pouvoir, je ne sais pas comment je pourrais regarder mes voisins sans être suspicieuse, je ne sais pas comment mes enfants vont trouver leur place dans ce monde, mais ce que je sais, c’est que je ne peux m’empêcher de craindre pour le futur des enfants, ados et jeunes adultes qui devront composer avec tout ça. Il y a toujours eu des réflexions, des sous-entendus, des blagues racistes, mais ce n’était pas si ouvertement affirmé et quand cela arrivait, je n’avais pas le temps de réagir que d’autres le faisaient. Je suis enfant de couple mixte, on m’a déjà dit de rentrer chez moi… Mais chez moi, c’est ici ! Alors je fais comment ?
À la croisée de l’essai et du témoignage, Salomé Saqué dresse un constat alarmant mais non désespéré, en appelant chacun à ne pas céder au découragement. Un livre utile, nécessaire, à mettre entre toutes les mains, et à lire non comme un avertissement, mais comme un électrochoc citoyen.
Parution : octobre 2024 – Pages : 144 – Éditeur : Payot – Collection Essais – Genre : essai
L’extrême droite est aux portes du pouvoir. Dans les urnes comme dans les esprits, ses thèmes, son narratif et son vocabulaire s’imposent. Il est encore temps d’inverser cette tendance, à condition de comprendre les rouages de cette progression et de réagir rapidement.
Ju lit les mots
– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club
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Les avis de Céline C. : Résister de Salomé Saqué
Voilà. C’est parfait ma Julie 🥰. Tu analyses avec finesse et élégance cet essai ; c’est exactement cela que j’aurais voulu exprimer 😉. Merci pour cette très belle chronique engagée ❤️
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Merci ma Céline. Moi j’adore ton avis 🥰😘
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🥰😘
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Voilà un livre qui me tente énormément, bien que belge, cette Europe, ne parlons pas de l’Amérique, en voie d’extrémisme de droite aux relents hitlériens, et tous ces ismes d’ailleurs, qui profitent de l’incapacité de penser et de la lâcheté que nos sociétés ont introduites à force d’éducation médiocre et de déresponsabilisation, de destruction du langage également.
Je te remercie pour ton remarquable article et, ô que vois je, Céline en a également parlé, il faut que je lise ça !
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A l’échelle européenne et mondiale, nous sommes tous concernés 🙂
Et oui, le fait de réduire le niveau éducatif réduit la connaissance. Mais le fait aussi de balayer certains faits historiques, soit en les revisitant ou en évitant d’en parler, ne permet pas aux gens d’avoir le niveau de connaissance pour éviter que cela recommence. Il n’y a qu’à voir en France, l’oubli de l’histoire même du rassemblement national que je continue à appeler front national ! Oublier l’Histoire c’est permettre les pires choses recommencer. On changera juste de paradigme, de population mais ce sera pareil… malheureusement !
L’article de Céline sera publié la semaine prochaine 😉
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C’est triste que ce genre de livres soit nécessaire…
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Oui, tellement !
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Je partage tes craintes, je vais lire cet essai avec lequel je ne peux qu’être d’accord. Je pense que la télé et internet participent beaucoup à l’abrutissement collectif. Déjà depuis l’époque des Romains on sait qu’il faut distraire les foules d’une saine réflexion. Bon week end
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Je suis entièrement d’accord. Le fait d’abrutir la masse avec les réseaux participe à ce désintérêt du fait politique et surtout les réseaux ont réduit le champ lexical, la curiosité des gens. Excellent week-end Pat 🙂
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Tu signes un commentaire, une analyse, pas seulement de cet essai mais du contexte actuel qui est très percutante. Tout est fait pour nous diviser et parfois on se décourage, ça m’arrive mais sans tomber de le relativisme du tout ce vaut. Je note ce livre qui traite d’une actualité brûlante. Merci Julie pour ce retour salutaire. Passe un excellent weekend 🙂
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Merci beaucoup Frédéric 🙂
Ce n’est pas simple de ne pas se décourager, cela m’arrive aussi, mais je me dis que je n’ai pas le droit 😉
Passe un excellent week-end Frédéric 🙂
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Cet espoir que l’individu peut changer le collectif ou en tout cas avoir du poids. Je le cherche et franchement même si c’est un essai. Je suis très tenté.
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Il est vraiment à lire et très accessible 🙂
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Encore un essai de cette journaliste que je dois découvrir. J’ai également Sois jeune et tais-toi dans PAL.
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J’ai justement envie de le lire aussi 😉
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Merci beaucoup Julie pour cette belle chronique, lucide et instructive… J’ai le projet de lire ce livre, tu m’en donnes encore plus envie. Ma meilleure amie est comme toi, enfant de couple mixte et elle subit également ce genre de réflexion complètement débile à mon sens. J’ai l’espoir qu’il y a encore de nombreuses personnes qui ne pensent pas et ne votent pas RN !
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Merci Lilou 🙂
J’espère aussi, j’espère car je ne sais pas comment je pourrais accepter !
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Une sonnette d’alarme qui semble à découvrir. Merci pour ton avis n’allant pas naturellement vers ce genre de texte.
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Je suis comme toi en général, mais les dérives de ces derniers années font que je regarde de plus en plus ce genre d’essais, nécessaires au regard de l’actualité. Ravie que mon avis incite à la découverte.
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Je dois avouer que de mon côté, j’admets céder au fatalisme… beaucoup trop de choses m’écœurent, notamment la culture du soi, et je commence à devenir désabusée… mais c’est bien de rappeler qu’un peu d’engagement peu changer les choses.
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Je comprends, mais je n’arrive pas à faire ça. Mes enfants me disent souvent que je prends les choses trop à cœur, mais je ne pourrais jamais ignorer le racisme latent. Peut-être parce que je suis plus à même d’y être confrontée. C’est important de ne jamais s’habituer à l’innommable…
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Voilà un livre que j’ai très envie de découvrir, depuis le temps qu’on m’en parle ! J’avais surtout besoin de fiction ces derniers mois, mais je suis prête à remettre le nez dans ce genre de livre – surtout qu’il a l’air facile à lire 😊
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Je comprends tout à fait ce besoin d’évasion 🙂 Il faut se laisser le temps de pouvoir lire ce type de sujets. Chaque livre a son moment 😉 Je serais ravie de lire ton avis 🙂
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