Vous avez beau attendre, non, il n’y a pas de message. Le téléphone ne sonne pas, il n’y a pas de grosse enveloppe dans la boite aux lettre. On ne frappe pas à la porte. Il n’y a rien que le silence et le vide. Et voilà comment silence et vide deviennent vos amis les plus proches. Des amis sans lesquels vous préféreriez vivre. Mais ce sont vos seuls compagnons. Bien sûr, vous vous accrochez à la moindre lueur d’espoir. Mais comparé au silence et au vide, qui ressemble à des armes lourdes et contondantes, l’espoir est aussi mince qu’une ombre.

La Cité aux murs incertains, dernier opus de Haruki Murakami nous entraîne une fois encore dans un univers unique, à la frontière du réel et du rêve. Ce roman, qui revisite et prolonge une nouvelle écrite dans les années 1980, explore les thèmes chers à l’auteur : la mémoire, la perte, la solitude, et ces lieux étranges qui semblent se situer hors du temps.
Adolescent, le narrateur, rencontre une jeune fille mystérieuse qui lui parle de choses étranges, de l’endroit où elle habite, et dont le souvenir le hantera toute sa vie. Des années plus tard, devenu adulte, il tente de retrouver cette cité insaisissable et de comprendre le lien qui l’unit à elle, naviguant entre mondes tangibles et univers parallèles.
On retrouve l’atmosphère murakamienne par excellence, avec cette écriture hypnotique entre étrangeté et réalité où il explore la mémoire et le désir de retrouver ce qui a été perdu, en les enveloppant d’un voile métaphorique. La frontière entre réalité et fiction reste floue, pour créer une symbiose entre l’univers et le lecteur qui pourra s’identifier plus facilement au personnage principal.
Comme à son habitude, la construction reste fluide, maîtrisée, malgré l’alternance des époques, la réalité et la fiction.
L’imaginaire de l’auteur est envoûtant, nous berce et émerveille, entre songe et réalité notre cœur de lecteur ne pourra choisir. Lire Murakami, c’est accepter de se perdre, mais pour mieux se retrouver. J’ai parfois eu le sentiment de faire une thérapie, avec une introspection, comme un moment de parenthèse qui fait du bien. C’est une musique profondément dense et réflexive que l’auteur nous propose de prendre le temps d’approfondir. Comme un cheminement vers lequel on doit tendre.
J’ai retrouvé cette intimité effleurée avec Abandonner un chat : Souvenirs de mon père.
J’ai eu l’impression d’arpenter un rêve dont je me suis réveillée trop tôt, avec un goût de mélancolie en bouche. La ville, les murs mouvants, la jeune fille au souvenir persistant : tout cela devient une métaphore du temps et de ce que l’on ne peut retenir. C’est un texte qui se savoure lentement, en laissant ces images nous imprégner.
La Cité aux murs incertains est une lecture poétique et mélancolique, une invitation à franchir les murs de notre réalité pour explorer ces espaces où tout est possible, mais rien n’est certain. Murakami y confirme sa capacité rare à faire de l’étrange un miroir de notre humanité la plus intime.
Je remercie les éditions Belfond pour leur confiance.
Parution : 2 janvier 2025 – Éditeur : Belfond – Pages : 560 – Traduction : Hélène Morita – Genre : littérature japonaise, thriller fantastique, science fiction, onirisme, réalisme magique
Tu dis : » La Cité est entourée de hauts murs et il est très difficile d’y pénétrer. Mais encore plus difficile d’en sortir.
– Comment pourrais-je y entrer, alors ?
– Il suffit que tu le désires «
La jeune fille a parlé de la Cité à son amoureux. Elle lui a dit qu’il ne pourrait s’y rendre que s’il voulait connaître son vrai moi. Et puis la jeune fille a disparu. Alors l’amoureux est parti à sa recherche dans la Cité. Comme tous les habitants, il a perdu son ombre. Il est devenu liseur de rêves dans une bibliothèque. Il n’a pas trouvé la jeune fille. Mais il n’a jamais cessé de la chercher… Avec son nouveau roman si attendu, le Maître nous livre une œuvre empreinte d’une poésie sublime, une histoire d’amour mélancolique entre deux êtres en quête d’absolu, une ode aux livres et à leurs gardiens, une parabole puissante sur l’étrangeté de notre époque.



Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2025 au 11 juillet 2026)
Ju lit Les Mots
Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club
Catégories :Belfond, Challenge Polars et Thrillers, Fantastique/Science-fiction/Uchronie/Dystopie..., Littérature japonaise, Thrillers/Polars

J’aimerais vraiment réussir à rentrer dans un ouvrage de Murakami. Pour l’instant, j’ai essayé seulement Kafka sur le rivage, et ça ne l’a pas fait, je ne suis pas allée bien loin dans ma lecture. Peut-être pas le bon moment.
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Je pense qu’il faut tester ses textes courts et puis parfois un livre se fait désirer et il faut savoir écouter 😉
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je ne participe pas à l’engouement pour cet auteur mais il faut sans doute que je lui redonne une chance.
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Peut-être 😉
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L’auteur a et aura assurément son public. Malheureusement après ma déception sur 1Q84, je suis un peu échaudée et j’ai peur de me perdre voir méandres de ses frontières si floues entre réalité et fiction v.v
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Je comprends tout à fait. C’est un auteur exigent et peut-être qu’avoir débuté avec 1Q84, n’était pas la meilleure manière de l’aborder 😉
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Je le crains 😅
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😅😉
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Tu as tout dit et si joliment Julie, lire Murakami c’est accepter de se perdre mais pour mieux se retrouver. Je suis totalement d’accord avec cette approche de son écriture. Je l’ai un peu délaissé ces dernières années mais il demeure un auteur qui compte pour moi. Il a tellement de talent. Très bon weekend à toi Julie 🙂
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Merci beaucoup Frédéric 🙂 C’est un auteur dont la lecture est exigeante mais qui procure des sensations indélébiles.
Excellent week-end à toi également 🙂
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Je n’aime pas du tout ces romans. Bon dimanche
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C’est ton droit 🙂
Bon dimanche.
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1Q84 a été un de mes plus grands échecs … 😅 j’ai essayé, je ne pense que cet auteur soit pour moi. Mais comme rien n’est jamais figé dans la vie … un jour peut-être. J’avais noté une nouvelle (tu en avais parlé ici il me semble, « galette au miel »)
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Je pense que soit ça passe, soit ça casse avec cet auteur ! Je ne me suis pas lancée dans 1Q84, j’ai les livres, je verrais à l’occasion. Oui Galette au miel 😉
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