Il alluma le néon. Clignotements et vibrations avant qu’une lumière blanche médicale inondât la pièce. Il fit un tour d’horizon, tout était encore à sa place. L’étagère murale remplie de boîtes de conserve, à côté l’armoire avec les outils, ainsi que la brouette avec laquelle il avait conduit le garçon endormi jusqu’ici, et la machine à laver. Au milieu de la pièce, sur le carrelage blanc, il y avait une évacuation d’eau qui s’écoulait dans la terre. Vestige pratique d’une époque révolue. Ça sentait le vinaigre blanc et les matières fécales. Le croque-mitaine se dirigea vers le mur opposé. La moindre brique était visible. Un bleu de travail pendait à un crochet argenté. Le tissu élimé était parcouru de nombreux coups de scie. Il attrapa la combinaison et la jeta sur la brouette. Puis il tourna la patère comme une clé.

L’auteur crée une ambiance oppressante, un brin nostalgique, rappelant un peu la série Stranger Things ou les romans de Catriona Ward. Il parvient à instaurer une tension où chaque personnage semble dissimuler un secret, et où la forêt environnante devient un personnage à part entière, menaçante et mystérieuse. Le choix de situer l’action dans les années 80 ajoute une couche de mystère, et l’absence de technologies modernes et des moyens de communication que nous connaissons aujourd’hui, renforce le mystère.

Cependant, malgré cette atmosphère réussie, le roman souffre de certaines faiblesses. La construction de l’intrigue, bien que prometteuse, m’a semblé trop prévisible et certains personnages, notamment l’inspecteur Stahl, manquent parfois de profondeur. D’ailleurs, certaines de leurs motivations ne sont pas suffisamment exploitées pour donner plus de densité au récit.

De plus, l’influence cinématographique de l’auteur, également scénariste, se ressent dans une écriture parfois trop visuelle, trop dans le détail, au détriment de la complexité narrative, là où en tant que lectrice, je recherche des sensations. Alors ce n’est pas désagréable, mais peut-être que cela m’a empêché de laisser la place à mon imagination.

Le livre s’attarde longtemps sur des descriptions et des personnages secondaires avant de vraiment lancer l’action. Ces développements atmosphériques, même s’ils sont bien écrits, ralentissent la progression et donnent l’impression d’une attente prolongée plutôt que d’un suspense soutenu, ce qui rend le démarrage laborieux.

Dans la forêt du croque-mitaine est une lecture qui séduira les amateurs de thrillers psychologiques à l’ambiance rétro et mystérieuse. Si l’intrigue présente des éléments classiques du genre, l’atmosphère et le cadre temporel apportent une touche d’originalité. Cependant, une plus grande profondeur dans le développement des personnages et une intrigue moins prévisible auraient renforcé l’impact du récit.

Je remercie les Éditions Belfond pour leur confiance réitérée.

Parution : 20 mars 2025 – Éditeur : Belfond – Pages : 368 – Genre : policier, polar, polar historique, littérature allemande 

Le croque-mitaine…
Voilà dix ans qu’un petit village de l’Odenwald essaie d’oublier ce nom. Jusqu’à ce soir de mai 1986 où un garçon disparaît à la fête foraine, réveillant les frayeurs passées.
Qui est ce mystérieux ravisseur ? Pourquoi n’a-t-on jamais retrouvé sa trace, ni celle de ses victimes ?
Déterminé à résoudre l’affaire qui a hanté sa carrière, le commandant de police retraité Hans J. Stahl reprend l’enquête.
Pasteur énigmatique, enfant qui attire à lui les lapins, directeur d’une clinique psychiatrique aux pratiques douteuses, infirmière trop zélée… Dans ce lieu isolé, les profils suspects ne manquent pas.
Pour l’ex-commandant Stahl commence alors une intense et imprévisible partie de Cluedo. Mais le temps presse. De son repaire, le croque-mitaine guette. Et il s’apprête à frapper de nouveau.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2025 au 11 juillet 2026)

Catégories :Belfond, Challenge Polars et Thrillers, Littérature allemande, Thrillers/Polars

Tags:avis lecture, chronique, polar, thriller, thriller psychologique