Peut-être croyons-nous à un certain niveau que si le monde devait prendre fin et être réinventé, si quelque catastrophe inconcevable devait survenir, alors nous pourrions être réinventés, nous aussi, sous la forme de personnes meilleures, plus héroïques, plus respectables.

J’avais très envie de découvrir la plume d’Emily St. John Mandel, que j’ai repéré depuis un moment avec Station Eleven, c’est pourtant avec son dernier opus que je la découvre sur une intrigue qui nous parle de voyage dans le temps, mais pas que…

Je dois dire que j’ai parfois été déstabilisée, car je ne voyais pas où voulait m’emmener l’autrice, mais j’ai décidé de lui faire confiance, et même si j’ai parfois eu du mal, je suis contente d’être allé jusqu’au bout, car c’est vraiment un livre à découvrir.

Si vous êtes friand du genre fantastique, des voyages dans le temps (j’aimerais que cela soit possible !) alors il vous faut découvrir La Mer de la tranquillité.

Le début est on ne peut plus classique, puisqu’on est en 1912 avec un jeune aristocrate obligé de s’exiler, car il ne sera pas l’héritier. Il lui faut donc trouver une occupation. Même si les descriptions sont très visuelles, c’est dans cette partie qu’elles m’ont le plus ennuyé et que j’ai trouvé que cela tardait à se mettre en place.

Enfin, je ne savais pas ce qui ne se mettrait pas en place, mais j’attendais quelque chose en tout cas ! Et là revirement, l’autrice nous propulse en 2020, 2203 et 2401.

Elle nous parle de colonies lunaires, de champs robotisés, mais sans que cela ne soit trop science-fiction. Pas de navire intergalactique ni ce genre de choses.

Mais des vies observées, décortiquées, sous un seul prisme. Et je dois dire que j’ai trouvé ça excellent ! La construction, les liens entre les personnages, entre les époques, tout est d’une fluidité folle.

Elle croise les époques et les personnages grâce à un seul fait paranormal, vécu par chacun des personnages :

Il titube péniblement entre les arbres et, quelques instants plus tard, Edwin se retrouve seul à scruter les branches. Il s’avance… et l’obscurité s’abat, comme provoquée par une cécité ou une éclipse. Il a l’impression de se trouver dans un intérieur caverneux, genre garde de chemin de fer ou cathédrale, il entend des accords de violon, il y a des gens autour de lui, puis un son impossible à identifier…

Toute la construction de l’autrice tourne autour de cette expérience vécue par chacun de ses personnages, dans des temporalités différentes. Elle va peu à peu resserrer l’étau tout en distillant de manière fragmentée le suspens au rythme des années et de la vie de chacun. L’idée du voyage dans le temps n’est certes pas révolutionnaire, mais la manière dont l’auteure construit son intrigue est d’une grande élégance et finesse, qui s’adressera à tous les lecteurs, même ceux éloignés de la science-fiction.

Emily St John Mandel nous embarque aux confins de la galaxie, à des époques différentes, tout en parsemant son récit de propos scientifiques ou philosophiques et j’ai apprécié mon voyage.

Parution : 23 août 2023 – Éditeur : Rivages – Pages : 304 – Genre : science fiction, thriller, thriller, thriller psychologique – Traduction : Gérard De Chergé

Quel est cet étrange phénomène qui semble se produire à diverses époques et toujours de la même façon ? Dans les bois de Caiette, au nord de l’île de Vancouver, des gens entendent une berceuse jouée au violon, accompagnée d’un bruissement évoquant un engin volant qui décolle. L’expérience est intense mais brève, au point que l’on pourrait croire à une hallucination. En 2401, sur une des colonies lunaires, l’institut du Temps veille à la cohésion temporelle de l’univers. Une brillante physicienne nommée Zoey s’interroge sur des anomalies qui la perturbent. Le monde tel qu’il existe ne serait-il qu’une simulation ?

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