Le chalet brûle dans la nuit, tel un volcan étincelant au centre de la vallée.

Des langues de lumière se dressent dans le ciel noir, encerclant les montagnes enneigées. Les flammes, teintant de rouge la neige blanche, exhibent leur beauté féroce et privent à jamais le paysage de sa candide innocence. Quelqu’un les a libérées de leur prison secrète et à présent, elles reprennent la place qui leur revient de droit.

Lorsque les cloches de la petite ville alpine sonnent pour appeler les secours, la maison en bois est déjà totalement enveloppée par l’étreinte ardente.

Des voix s’élèvent. Les flammes rugissent de colère, défiant ceux qui osent avancer pour les arrêter. Ces hommes n’auront d’autre choix que de se laisser effrayer et fasciner par ce spectacle de destruction. Si ce n’était pas terrible, ce serait magnifique.

À quelques pas de cet enfer, une rangée de minuscules pieds nus s’imprime dans la neige fraîche.

Des fillettes gelées, en chemise de nuit. Elles ont six ans. Sur leurs visages, la suie crée un masque strié par les larmes, dans leurs cheveux d’étranges fils d’argent, vestiges de leur déguisement de la veille. Des petites fées autour d’un grand bûcher, pour un rituel magique. Le souffle qui se condense dans le froid glacial de la nuit. Leurs yeux écarquillés. Elles se serrent les unes contre les autres, terrifiées mais sauves.

Elles ne sont pas seules. Il y a aussi les trois monitrices responsables de leur bien-être et de leur sécurité.

Cela aurait dû être leur dernier jour de vacances dans ce lieu enchanteur, entre cours de ski, patinage, descentes en luge, sessions Monopoly, Pictionary ou Dr Maboul, chocolat chaud et histoires du soir devant la grande cheminée. Dans quelques heures, les pensionnaires allaient retrouver leurs familles, bronzées, avec de fantastiques expériences à raconter.

Mais après cette nuit, elles ne seront plus jamais les mêmes. Tous les souvenirs de cette semaine sentiront la fumée et l’urine chaude qui coule entre les jambes. Ils auront le bruit du feu qui ricane dans leur dos en les poursuivant. Et le goût amer de la peur. Cette saveur se cachera au plus profond de la mémoire de ces fillettes et leur reviendra en bouche, même quand elles seront adultes, chaque fois que leur instinct pressentira le danger.

Les trois monitrices auront elles aussi du mal à ne pas être hantées par la lumière aveuglante de la scène. Sur le moment, deux d’entre elles n’arrivent même pas à cligner des yeux. La troisième, elle, continue de faire la navette entre les enfants. Elle les compte à voix basse. Puis elle les recompte, par sécurité. Avec les prénoms, il est plus facile de se tromper. Elle les passe en revue en leur posant une main sur la tête, comme si elle les baptisait à nouveau.

Au fond de son cœur, la femme espère que le nombre final change. Mais il reste toujours le même. Alors, imperturbable, elle recommence.

Elles ne sont pas seulement onze, elles ne sont pas seulement onze – se répète-t-elle en boucle.

Elle ne regarde personne dans les yeux, pour ne pas être obligée de les reconnaître.

Si elle le faisait, il lui faudrait aussi penser au prénom de celle qui manque. La douzième.

La monitrice qui compte tourne le dos au chalet qui, entre-temps, a disparu dans les flammes. Elle ne peut pas le savoir, mais on ne voit même plus la flèche du toit. La femme est la seule, parmi les curieux et les secours, à ne pas être hypnotisée par la scène.

Elle n’a pas le courage de regarder.

Soudain, un bruit sinistre l’arrête dans sa tâche. Un sifflement effrayant, inattendu, douloureux. Pareil au dernier gémissement d’un géant qui s’écroule. En un instant, la maison au milieu des montagnes disparaît, comme engloutie par les entrailles brûlantes de la terre. Avant de prendre congé de son public, le feu dévastateur lui offre une dernière merveille, cruelle. Dans le ciel étoilé s’élève une myriade d’étincelles dorées.

Parution : 2 octobre 2024 – Éditeur : Calmann-Lévy – Pages : 380 – Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza – Genre : thriller, polar littérature italienne, thriller psychologique

DANS LE SILENCE DES CHUTES DE NEIGE, SEUL LE RUGISSEMENT DU FEU SE FAIT ENTENDRE. ET LORSQUE LA MAISON EN BOIS S’EFFONDRE, IL NE RESTE QUE LES MURMURES EFFRAYÉS DE CEUX QUI ONT RÉUSSI À S’ÉCHAPPER.

Grâce à sa détermination et son sang-froid, Serena, une redoutable femme d’affaires, va de réussite en réussite. Elle vit de manière opulente à Milan sous le règne de l’ordre et du contrôle. Mais lorsqu’elle tombe accidentellement enceinte d’Aurora, Serena doit endosser une responsabilité qu’elle n’avait jamais imaginée : celle de mère.

Six ans plus tard, dans une colonie de vacances nichée au cœur des montagnes suisses, un incendie ravageur menace la vie des douze petites pensionnaires. Pendant un instant, les équipes de secours croient avoir retrouvé toutes les enfants – mais il en manque une : Aurora. Aucune trace de son corps n’est trouvée dans les décombres.

Tandis que Serena cherche à faire son deuil, une personne anonyme la contacte et affirme que sa fille est toujours vivante. Pire encore, elle serait en danger… C’est alors que commence la plus grande mission de la vie de Serena : retrouver Aurora et la délivrer du mal.

EST-CE QUE MÊME LA PLUS COURAGEUSE DES MÈRES EST CAPABLE DE TOUT ?

Ju lit les mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Contributrice journal 20 minutes – Membre the funky geek club

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