« Le Quatrième mur » de S. Chalandon est un livre dur, cruel et secouant.

Il n’est pas une fiction au sens propre du terme puisqu’il raconte une réalité sordide. C’est le récit de la guerre qui a fait éclater le Liban et dont les répercussions perdurent jusqu’à nos jours.

Tout y malheureusement vrai.

Chalandon réussit un tour de force en concentrant dans son texte l’essentiel des « évènements ». Tel un historien, il raconte les faits sans aucun parti pris et en n’épargnant personne.

Le lecteur devient alors le spectateur privilégié d’une tragédie qui se déroule sous ses yeux avec interdiction de détourner son regard. Si j’en avais le pouvoir, je mettrais ce roman entre les mains de tous les jeunes libanais, mais aussi ceux qui vivent dans des pays où des guerres civiles sévissent. Il leur servirait d’uppercut, de coup de poing pour retrouver la lucidité et dire stop à cette violence dévastatrice.

Quant aux lecteurs adultes, ils y apprendront la vérité sur les conflits dans cette région du monde, loin de la subjectivité des médias.

« Événements » est le terme qu’utilisent les libanais pour désigner cette guerre qui a duré de 1975 à 1990.

Parution : 20 août 2014 – Editions : Le Livre de Poche – Pages : 336 – Genre : littérature française, Moyen-Orient, Liban, religion 

L’idée de Samuel était belle et folle : monter l’Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m’a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l’a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m’offre brutalement la sienne

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