À son réveil, Maali Almeida découvre qu’il est mort. Comment? Il l’ignore. On l’informe qu’il dispose d’une semaine pour décider de son avenir dans l’au-delà. Un narrateur extérieur s’adresse à Almeida et lui/nous raconte son histoire passée. Est-ce l’ancien Maali qui s’adresse à l’actuel? Je ne l’ai pas su.

Entre le monde des vivants et celui des fantômes, la frontière est fragile et lézardée. La violence règne des deux côtés.

Dans ce roman creuset politico-mystico-policier, le Sri Lanka ressemble à un condensé lourd de matière noire où tout n’est que désordre et chaos. La confusion et l’anarchie poussées à leur extrême règnent à tous les niveaux de la société. Britanniques, américains et israéliens s’activent à attiser les conflits. Les chinois veulent également participer à la mêlée, il y aura toujours une part du gâteau à grappiller. L’ONU, figure aussi ridicule qu’inutile, y envoie les soldats indiens se faire la peau.

Les arcanes de la société sri lankaise sont asphyxiants. Dans ce régime soumis à l’étranger, les hommes politiques sont corrompus jusqu’à la moelle. Les guerres entre les différentes factions mettent à nu une population divisée, rongée par une haine fratricide et capable des pires atrocités. Pataugeant dans une misère matérielle, intellectuelle et humaine, les sri lankais trouvent refuge dans les pratiques superstitieuses.

Si l’auteur réussit à restituer l’écheveau qu’est son pays, il n’arrive malheureusement pas à dissiper le voile brumeux qui enveloppe son récit. Le chaos social qui est la pierre angulaire du roman s’immisce jusque dans sa structure. Entre une liste interminable de personnages, que j’ai fini par ne plus consulter, et des passages entiers qui n’apportent rien à la lecture, le temps devenait sans fin. Cependant, ce ne sont pas les quelques coquilles, ni la qualité moyenne de la traduction, ou mon indifférence totale à l’égard des personnages, mais un tout, le roman dans sa globalité, qui fait que je n’y ai pas adhéré.

J’ai certes appris des choses sur le Sri Lanka, mais n’importe quelle autre source aurait fait l’affaire; pas la peine de se farcir un roman de presque 500 pages pour cela !

Je remercie les Éditions Calmann-Lévy pour l’envoi du livre et leur confiance.

Parution : 3 janvier 2024 – Editions : Calmann-Lévy – Pages : 450 – Genre : Littérature sri-lankaise,  fantastique, fiction,  croyances,  mythologie – Traduction : Xavier Gros

« Chaque âme a le droit d’errer sept lunes dans l’Entre-Deux. Pour se souvenir de ses vies passées. Et ensuite, pour oublier. Ils veulent que vous oubliiez. »

1990, Colombo. Alors que la guerre civile au Sri Lanka est à son apogée, le photographe de guerre Maali Almeida se réveille dans un grand bureau céleste. Une employée harassée l’informe brusquement qu’il est mort, son cadavre gît dans les profondeurs du lac Beira. Depuis cet Entre-Deux, une dernière chance s’offre à lui : Maali dispose d’une semaine – sept lunes –, pour résoudre le mystère de son propre meurtre et révéler des clichés qui changeront le cours de ce conflit sanglant et sans merci.

Il se lance alors dans une enquête rocambolesque au coeur de la capitale sri-lankaise avant que son témoignage sur des atrocités ne tombe entre de mauvaises mains, ou pire, dans l’oubli.

S’inspirant du folklore et de la mythologie du Sri Lanka, Shehan Karunatilaka brosse un portrait kaléidoscopique des vivants et des esprits, personnages romanesques ou figures historiques, qui cherchent tous vengeance ou vérité.

Catégories :Calmann-lévy, Contemporain, Les avis de MyrlitBooks

Tags:avis lecture, chronique, Les avis de MyrlitBooks