
Elle avait attendu la fin de l’hiver, le bébé avait six mois, il était grand temps.
Elle avait bourré le landau du peu de choses qui leur appartenait, cousu ses maigres économies dans l’ourlet de sa jupe, attaché son chignon, et elle était partie de bon matin, remontant le Danube sans autre perspective que celle de quitter la grande et impériale ville de Vienne, écrasante de magnificence avec ses façades immaculées, ses calèches et ses voitures vrombissantes.
Vienne et ses trottoirs où les dames élégantes en chapeau à plumes croisaient celles qu’on appelait «les filles de la ligne» parce que la police limitait par une ligne invisible le pavé qui leur était concédé pour le racolage. Et Vienne fourmillait de maisons closes, boîtes de nuit et autres cabarets.
La marchandise féminine s’offrait publiquement à chaque heure et à tous les prix.
Pour les messieurs en haut-de-forme et noire redingote se procurer une femme pour un quart d’heure ou une nuit coûtait aussi peu de peine que d’acheter un paquet de cigarettes. Deux cents couronnes pour une danseuse de l’Opéra, deux couronnes pour une fille des rues mal fardée.
Martha n’était pas dupe, dans sa situation, elle aurait rejoint tôt ou tard la cohorte fatiguée des femmes affamées et tristes qui vendaient du plaisir sans plaisir et finissaient toutes à l’hôpital.
Elle était jolie, elle avait même posé pour un peintre.
Mais elle avait son honneur.
Parution : 03 janvier 2024 – Éditeur : Calmann-Levy – Pages : 350 –Genre : littérature française
Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt Portrait d’une dame est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d’un musée d’art moderne en Italie.
Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l’histoire mouvementée de son portrait.
Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses descendants. Une fresque magistrale où se mêlent secrets de familles, succès éclatants, amours contrariées, disparitions et drames retentissants.
Ju lit les mots
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Il est beau ce portrait peint par Klimt en couverture. J’ai hâte d’avoir ton retour sur ce roman. Merci Julie 🙂
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Effectivement Frédéric, c’est un beau portrait ! L’avis de Céline parait demain 😉 Apparemment, elle a aimé 😉
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J’irai lire l’avis de Céline avec grand plaisir 😉
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Merci Frédéric 🙂
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J’aime beaucoup la plume et je suis curieuse de découvrir si l’héroïne arrivera à s’en sortir.
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La plume est très jolie et l’auteure aborde toujours des thématiques intéressantes 🙂
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Merci pour cet extrait ! J’ai ce livre dans ma wishlist depuis sa sortie.
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Avec plaisir Caroline 🙂 Céline nous donne bien envie de le lire en tout cas 😉
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