En mourant, tout comme à l’instant de venir au monde, nous avons peur de l’inconnu. Mais la peur est quelque chose d’intérieur à nous-mêmes, qui n’a rien à voir avec la réalité. Ainsi mourir est comme naître : un simple changement.

Avec La Maison aux esprits, Isabel Allende signe une œuvre magistrale, entre réalisme magique et saga familiale, où le quotidien côtoie l’extraordinaire. Premier roman de l’auteure, il a marqué le début d’une carrière littéraire fulgurante et impose une voix singulière, capable de transcender les frontières entre l’intime et le politique.

À travers l’histoire de la famille Trueba, elle brosse une fresque étourdissante, mêlant passions, tragédies et événements historiques.

La Maison aux esprits suit plusieurs générations de la famille Trueba , depuis Clara del Valle , dotée de dons surnaturels, jusqu’aux bouleversements politiques qui ravagent son pays, un Chili fictif, mais indéniablement inspiré de la réalité. Au centre de cette saga, Esteban Trueba, patriarche colérique et autoritaire, incarne les tensions entre tradition et changement, pouvoir et perte.

J’ai été très orgueilleux et, à cause de cet orgueil, j’ai plus souffert que les autres.

La maison familiale, véritable personnage du récit, devient le théâtre de destins entrelacés où l’amour, la haine et le surnaturel se mêlent dans un tourbillon inoubliable.

Isabel Allende possède une plume visuelle et immersive, avec une narration fluide et poétique. Son style rend chaque page vivante, oscillant entre le réel et le merveilleux. Elle maîtrise l’art de magnifier le quotidien tout en ancrant le récit dans des thématiques universelles.

L’auteure aborde plusieurs thèmes, dont le surnaturel et les esprits qui hantent la maison, traité avec une naturel enrichissant la dimension symbolique du récit. Mais aussi les liens complexes entre amour, pouvoir, héritage et rancunes au sein d’une même famille.

Elle tisse, par ailleurs, en filigrane, une critique des inégalités sociales et des régimes autoritaires, reflétant l’histoire tumultueuse du Chili, sans jamais le nommer.
L’alternance entre générations et points de vue, crée une dynamique riche et captivante. Les événements s’enchaînent sans jamais perdre en intensité.

La Maison aux esprits m’a transporté, autant par la richesse de son univers que par la profondeur de ses personnages. La manière dont Isabel Allende entremêle l’intime et l’historique m’a vraiment plu. J’ai été particulièrement émue par Clara, dont la sérénité et la connexion avec le surnaturel lui permettent de résister aux duretés du monde.

J’ose dire que c’est un chef-d’œuvre intemporel qui mêle avec brio la magie et la réalité, l’intime et l’universel. Isabel Allende offre un récit poignant et enchanteur, une exploration des passions humaines et des blessures historiques. Un livre qui nous rappelle qu’il existe toujours une petite lumière à laquelle s’accrocher.

Parution : 19/10/2022– Éditeur : Fayard – Pages : 544 – Traduction : Carmen et Claude Durand – Genre : littérature chilienne, saga familiale, roman historique

À la mort de Rosa del Valle, sa fiancée d’une incomparable beauté, Esteban Trueba s’exile aux Trois María, la propriété abandonnée de sa famille, pour tenter d’oublier sa peine. Dix ans plus tard, le domaine a retrouvé sa splendeur d’antan et les fermiers des conditions de vie décentes. Esteban, désormais riche propriétaire, revient à la ville chercher une épouse  et jette son dévolu sur Clara l’extralucide, sœur de Rosa. Il construit pour elle une grande demeure. Bientôt, la maison s’emplit de leur descendance et de visiteurs, sans oublier les esprits attirés par les dons surnaturels de Clara… Mais le temps passant, les failles et les ambitions de l’irascible Esteban finissent par fissurer le fragile équilibre familial, alors que le cours de l’histoire emporte les siens dans les affres des révolutions sociales et politiques du xx^e  siècle.
Premier roman d’Isabel Allende au succès mondial,  La Maison aux esprits  est devenu un classique incontournable. À travers trois générations de la famille Trueba, à la croisée de l’Histoire et du merveilleux, Isabel Allende tisse une évocation poétique et terriblement lucide du pays qu’il lui a fallu fuir après le coup d’État militaire de Pinochet.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2024 au 11 juillet 2025)

Catégories :Challenge Polars et Thrillers, Contemporain, Historique, Le livre de Poche, Littérature chilienne

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