
Wajdi Mouawad, dramaturge et écrivain, n’écrit pas de simples histoires : il sculpte la douleur, la mémoire et l’identité avec une intensité qui nous prend aux tripes. Deuxième tome du cycle Le Sang des Promesses Incendies, est sans doute son œuvre la plus percutante. Avec ce drame intime, il nous entraîne dans une quête déchirante du passé où les plaies refont surface avec une intensité bouleversante.
Incendies, se présente comme une pièce de théâtre, ce qui peut dérouter le lecteur au début, et c’est en grande partie pour cette raison que j’ai tardé à la lire. Pour autant, l’auteur arrive à faire exprimer à ses personnages, la douleur et l’amour avec une puissance brute. Les dialogues sont ciselés, les monologues déchirants, et chaque mot semble porter le poids de l’histoire et des silences accumulés.
Le récit alterne entre passé et présent, entre la quête de Jeanne et Simon et le destin tragique de Nawal. Ce jeu temporel donne une intensité dramatique exceptionnelle et maintient une tension constante, jusqu’à une révélation finale qui laisse sans voix.
Incendies n’est pas seulement une histoire familiale : c’est aussi une réflexion sur la mémoire, l’impact dévastateur de la guerre sur les individus et les familles, le poids des secrets familiaux et la manière dont ils finissent toujours par rattraper les générations futures. Inspiré des conflits du Liban, le texte touche à l’universel et montre comment la violence transcende les frontières et les époques.
En donnant la parole à des personnages meurtris, l’auteur cherche avant tout à écrire pour réparer les blessures, à faire d’incendies une œuvre cathartique libérant les émotions pour tourner la page et enfin vivre. Le dramaturge s’inspire de plusieurs personnalités pour donner vie à Nawal, héroïne tragique inoubliable, à la fois forte et brisée, tiraillée entre l’amour, la révolte et la fatalité. Jeanne et Simon, eux, évoluent au fil du récit, passant de l’incompréhension à la sidération, puis à l’acceptation d’une vérité qui les dépasse.
Incendies ne laisse pas indifférent, c’est une lecture marquante, qui ne ménage pas son lecteur. La souffrance y est omniprésente, et certains passages sont d’une brutalité difficile à encaisser. Il faut être prêt à plonger dans cette douleur pour en apprécier la portée.
Lire Incendies, c’est accepter de se confronter à l’indicible. C’est être bouleversé par un récit qui touche à l’intime et à l’universel, où chaque mot reflète l’intensité du feu et du sang. C’est un texte qui nous rappelle à quel point la mémoire est un fardeau autant qu’un devoir.
Avec Incendies, Wajdi Mouawad livre une œuvre puissante, tragique et nécessaire. Entre drame familial et fresque historique, il tisse un récit d’une beauté cruelle qui marque profondément le lecteur. C’est un livre qui brûle, qui interroge et qui laisse une empreinte indélébile. Incontournable pour ceux qui aiment les histoires qui ne laissent pas indemnes.
Parution : 5 janvier 2011 – Editions : Actes Sud – Pages : 169 – Genre : Pièce de théâtre, thriller psychologique, littérature canadienne,
À la mort de leur mère, Nawal Marwan, Jeanne et Simon se retrouvent face à un testament qui leur réserve une révélation aussi troublante qu’inattendue. Deux lettres leur sont remises : l’une destinée à leur père qu’ils croyaient mort, l’autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Pour comprendre le silence et la souffrance qui ont marqué leur mère, ils doivent remonter le fil de son histoire, depuis son pays natal ravagé par la guerre jusqu’à une vérité insoutenable.
En parallèle, le récit nous plonge dans le destin tragique de Nawal, jeune femme engagée dans la lutte pour la liberté, marquée par l’exil, la violence et une résilience inébranlable.



Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2024 au 11 juillet 2025)
Ju lit Les Mots
– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des
auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20
minutes
Catégories :Actes Sud, littérature libanaise, Littérature québécoise, Thrillers/Polars

Un récit qui doit être profondément poignant et marquant.
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Oui ! Le film l’est tout autant 😉
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Merci Julie pour cette très belle chronique 🥰! Bravo ! tu donnes envie de découvrir cette œuvre, dont le côté historique pourrait m’intéresser.
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Avec plaisir Céline, ravie que mon avis te donne envie. C’est réellement un livre à découvrir et un film à voir 🥰
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Je ne l’ai pas trouvé à la médiathèque … mais ce n’est que partie remise !
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Ah dommage ! Peut-être plus tard…
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J’ai vu Wajdi Mouawad il y a quelques mois à la Grande librairie, un auteur humble, passionnant et profondément humain. Depuis, j’hésite entre lire ses pièces ou attendre qu’elles soient rejouées… Il y a aussi une adaptation ciné… Bref, j’ai l’embarras du choix !
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Je l’ai vu aussi 😉
L’approche du film de Villeneuve est différente et je trouve que les 2 se complètent très bien. L’occasion de lire un bon livre et voir un excellent film 😉
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j’ai vu le film que j’ai un peu oublié pourtant j’avais beaucoup aimé.
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Le film est incroyable. Il m’a beaucoup marqué
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La couverture est étonnante. J’aime bien. Ta chronique est très belle Julie. Je découvre grâce à toi cet auteur et j’ai appris qu’il y avait un film. Merci à toi 🙂
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Merci Frédéric 🙂 Pour moi la couverture se comprend une fois qu’on a lu le livre 😉 Elle peut même être un frein à la lecture… Je suis ravie de te le faire connaitre, il mérite d’être lu. Le film est incroyable ! Et je suis venue au livre par le film.
Merci encore Frédéric 🙂
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J’ai tout aimé ! La représentation théâtrale pour commencer : quatre heures clouée sur mon fauteuil ! Puis la lecture du texte dont je savourais chaque moment, puis le film, une adaptation dont je craignais qu’elle n’affadisse le texte, mais pas du tout !
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Je n’ai malheureusement pas vu la pièce mais j’en serais très heureuse aussi. J’ai longtemps hésité à lire le texte tellement j’avais aimé et été touchée par le film que j’ai vu plusieurs fois. Finalement les deux formats se complètent très bien et chacun donne une dimension différente au sujet.
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