Avis express : l’essentiel en quelques mots

Dans le premier billet de cette nouvelle rubrique, je présentais quelques romans graphiques des éditions Steinkis. Comme je vous le disais, pour le moment ce format sera consacré aux romans graphiques et bandes dessinées. Appréciant de plus en plus découvrir ce genre, je trouve que ce format est particulièrement adapté aux bandes dessinées.

Ces avis express seront donc plus courts et moins détaillés que mes chroniques habituelles, mais ils me permettront de partager avec vous mes impressions sur des lectures que je n’aurais pas le temps de chroniquer en profondeur.


Perdus dans le futur Tome 1 de Damian et Alex Fuentes Fuentes

Parution : 4 juin 2021 – Pages : 128 – Editeur : Dupuis – Genre : Bande dessinée | jeunesse/Ado | voyage dans le temps | science-fiction

Lors d’une visite scolaire dans les ruines d’un ancien château, alors qu’un orage se prépare, Piero décide de jouer un mauvais tour à ses camarades. Tel est pris qui croyait prendre : les voilà tous les cinq précipités dans un trou, entraînés dans un tunnel spatio-temporel. Perdus dans le futur, au sein d’une jungle hostile où l’humanité semble avoir disparu, ils découvrent une planète où la nature sauvage a repris le contrôle. S’ils veulent tous s’en sortir sains et saufs, il faudra bien compter les uns sur les autres. Face au groupe soudé des quatre bons copains, Piero n’est plus en position de force et derrière le cœur de pierre du méchant harceleur se cache aussi celui d’un enfant qui souffre et qui a peur.

Les traits saisissants, très carrés, au scalpel, donnent un côté rétro gaming avec cette colorisation très flashy, très année 80, que l’on retrouve avec les fringues, les coiffures, le tout fleur bon la pop culture et j’ai bien aimé. Les touches d’humour, très ado sont drôles et avec un peu d’imagination on pourrait presque se reconnaitre dans certaines réactions…

C’est dynamique, moderne, la colorisation change selon les lieux où se trouvent les personnages qui découvrent d’autres humains habitant ce monde mystérieux, qui vont les aider à rentrer…

Cette bande dessinée et l’occasion d’aborder des sujets intéressants, comme le harcèlement, la protection de la nature et la force de l’entraide et de l’amitié.


Perdus dans le futur Tome 2 de Damian et Alex Fuentes Fuentes

Parution : 11 mars 2022 – Pages : 112 – Editeur : Dupuis – Genre : Bande dessinée | jeunesse/Ado | voyage dans le temps | science-fiction

Les jeunes Piero, Sara, Mei, Arnold et Driss ont réussi à effectuer un saut temporel leur permettant de quitter les Templiers réfugiés dans le futur. Mais plutôt que d’arriver chez eux, ils atterrissent en 2112, dans un parc d’attraction en ruines avec ses monstres de carton-pâte, qu’ils prennent d’abord pour des créatures réelles ! Découvrant avec horreur que la Terre a connu une terrible apocalypse, que n’ont pu lui éviter les hommes, trop occupés à se réfugier dans des mondes virtuels connectés, les enfants vont se trouver pris entre deux groupes d’enfants rescapés : ceux restés défenseurs de l’ultra-technologie et les partisans d’un nouveau monde restant à réinventer… Une situation qui va plus que jamais souder Piero, le caïd de la classe, à ses anciens souffre-douleur, mais qui va rudement compliquer le voyage de retour jusqu’à leur époque…

Le tome 2 approfondit l’univers du premier opus et propose une intrigue plus complexe et des enjeux plus personnels pour les personnages. La construction narrative est plus mâture, l’humour et l’aventure se mêlent à des moments de suspense et d’émotion. Graphiquement, les auteurs continuent de surprendre avec des dessins dynamiques et détaillés qui renforcent la dimension futuriste de l’histoire.

Ce second volume offre ainsi une continuité intéressante et invite le lecteur à explorer de nouveaux territoires tant au niveau de l’intrigue que de l’univers visuel. Dommage que la série ait tardé à reprendre, car les thèmes abordés sont des sujets qui touchent les jeunes et par le biais de la bande dessinée, les messages passent souvent beaucoup mieux.

Bonne nouvelle pour ceux qui seraient tentés, la sortie du tome 3 est prévue pour le 13 juin de cette année. Et il sera apparemment question du sauvetage de la planète…

Au terme d’un nouveau rétropédalage temporel depuis le futur, Piero, Sara, Mei, Arnold et Driss – sans Luna, mais avec une petite nouvelle : Arlette – découvrent qu’une révolution a éclaté. Celle que les humains ont décidé de mener contre Apzon et les autres industries énergétiques en situation de monopole, devenues de facto les maîtresses du monde. Malheureusement, Apzon va bientôt envoyer ses troupes robotisées à l’assaut des mutins… Le dernier combat d’un Club des cinq du futur moderne, inclusif, écolo !


Indiana de Catel et Claire Bouilhac adaptée du roman de Georges Sand

Parution : 15 septembre 2023 – Pages : 176 – Editeur : Dargaud – Genre : roman graphique | adaptation | violences conjugales | trahison | adultère

Indiana a épousé pour son malheur un officier en retraite, antipathique et autoritaire. Elle vit avec lui dans la tristesse d’un château de province. Tout la dispose à se laisser séduire par l’amour : Raymon qui possède la fougue et la jeunesse que n’a plus son mari. Hélas, cette aventure (et son amant) s’avère bien décevante. Alors que tout prédestinerait l’héroïne à une fin tragique, elle trouvera le réconfort et la sérénité sur l’île Bourbon, dans la compagnie de son cousin Ralph. Une intrigue amoureuse fougueuse et délicate, une étude des mœurs incisive, une charge contre l’oppression dont les femmes sont victimes font d’Indiana un classique de la littérature féministe.

Adaptée du premier roman éponyme de George Sand publié en 1832, cette bande dessinée explore les thèmes de l’amour, de la liberté et de la condition féminine au XIXᵉ siècle.

Un prologue et un épilogue consacrés à George Sand elle-même, mettent en lumière les parallèles entre la vie de l’auteure et celle de son héroïne, rendant le récit encore plus intéressant. Le dessin expressif et les couleurs subtiles accompagnent avec justesse la complexité des émotions des personnages. Cette adaptation rend hommage à l’œuvre originale tout en la rendant accessible au public contemporain. Un roman graphique que je vous recommande !


Habemus Bastard, tome 1 : L’être nécessaire de Sylvain Vallée

Parution : 3 mai 2024 – Pages : 88 – Editeur : Dargaud – Genre : Bande dessinée | Polar, policier 

Un homme de main n’a pas droit à l’erreur.
Lucien le sait, son patron ne lui pardonnera pas.
Il aurait pu faire n’importe quoi pour sauver sa peau : prendre un avion pour l’étranger et tenter de se faire oublier, s’engager dans la Légion ou même changer de tête.
Mais il a trouvé mieux : une soutane.

Une approche audacieuse du polar teinté d’humour noir. l’intrigue est assez originale, un homme de main se retrouve mêlé à l’univers clérical, un contraste qui offre des situations à la fois burlesques et décalées. Un suhet largement exploité au cinéma et que j’ai trouvé plaisant de retrouver sous ce format.

Le dessin est vif, les couleurs dynamisent l’ensemble et apportent une réelle identité visuelle à la BD. L’humour, souvent grinçant, sait ponctuer l’action et donner du relief aux dialogues.

Le scénario manque par moments de profondeur et se contente de suivre des codes assez classiques du genre. L’équilibre entre le comique et le suspense est assez inégal, laissant l’impression que le récit ne prend pas toujours le temps d’explorer pleinement ses idées.


Habemus Bastard, tome 2 : Un coeur sous une soutane de Sylvain Vallée

Parution : 4 octobre 2024 – Pages : 88 – Editeur : Dargaud – Genre : Bande dessinée | Polar, policier 

Lucien a pris ses marques et a fini par endosser pleinement son rôle de nouveau curé de Saint-Claude.
Son petit business est fructueux et la soutane lui apporte de nombreux avantages en nature. Mais son passé commence à le rattraper…
Gendarmes, gitans, gangsters et paroissiens, ils en ont tous après lui et la réunion finale s’annonce explosive !

L’aventure déjantée continue avec une belle montée en tension. Dans ce second opus, le ton s’alourdit légèrement en laissant place à davantage d’action et à des enjeux qui se corsent, tout en conservant cet humour noir caractéristique du premier tome. Le dessin de Sylvain Vallée garde cette dynamique cinématographique aux scènes de confrontation, et les dialogues bien ciselés contribuent à l’atmosphère irrévérencieuse.

Cette accélération narrative fait parfois perdre de vue la profondeur de certains personnages secondaires et rend l’intrigue un peu prévisible par moments. Ce deuxième tome plaira aux amateurs d’humour noir et de polar décalé. J’ai passé un bon moment avec ces deux tomes.


In Memoriam, tome 1 – Manon de Djet et Mathieu Salvia

Parution : 20 janvier 2023 – Pages : 80 – Editeur : Dupuis – Genre : bande dessinée | post-apocalyptique | Urban fantasy | Thriller/polar

Paris est en ruines. De la capitale mondiale des Arts et de la Sorcellerie, il ne reste désormais plus rien. Il a suffi d’une nuit pour qu’une déflagration d’origine inconnue balaie non seulement les immeubles haussmanniens, les statues centenaires et les bâtiments historiques, mais également la connexion liant les sorciers à la magie.
C’était il y a quelques mois. Depuis, la vie reprend lentement son cours au milieu des décombres, des sortilèges défectueux et des avis de recherche placardés par centaines. Autrefois intouchables, les sorciers sont désormais la cible de toutes les persécutions. Accusés par l’opinion publique d’être à l’origine de la catastrophe, pourchassés par le gouvernement, ceux qui n’ont pas encore fui le pays sont contraints à la clandestinité.

Voilà une bande dessinée vive, sur-vitaminée et qui ne laisse aucun temps mort ! Grâce à un scénario original mêlant mystère, émotion et une touche de fantastique.

Le duo Djet et Mathieu Salvia réussit à instaurer une ambiance captivante, en explorant des thèmes variés, tout en les plaçant dans un futur où la magie, la technologie, prend toute sa place. Les planches sont pleines de peps. Ce premier tome pose les bases d’un univers riche, tout en laissant planer assez de mystère pour donner envie de découvrir la suite. Je regrette seulement que la 4ème de couverture en dise beaucoup trop, ce qui gâche un peu la découverte. J’ai passé un excellent moment et j’ai pu enchainer les deux tomes !


In Memoriam, tome 2 – Adam de Djet et Mathieu Salvia

Parution : 13 octobre 2023 – Pages : 80 – Editeur : Dupuis – Genre : bande dessinée | post-apocalyptique | Urban fantasy | Thriller/polar

Adam, l’ancien sorcier engagé par Joseph pour retrouver sa filleule, est en mauvaise posture depuis son affrontement avec la Mafia des Chats. Tandis que de leurs côtés, Manon et Shi sont pris au piège dans la laverie en flammes, privés de l’artefact de téléportation qui a décidé de rendre l’âme au plus mauvais moment… L’enquête se resserre autour de la mystérieuse Line. Pourquoi Calvin et Carl, les deux seuls sorciers qui semblent encore posséder leurs pouvoirs, cherchent-ils à lui mettre la main dessus ? Quel est le lien entre ces deux tueurs, Mila et Line ? Se pourrait-il que cette dernière ait une connexion avec la Grande Déchirure, cette explosion ayant ravagé Paris, comme ses dessins d’enfant semblent le suggérer ? Si chacun semble animé par ses propres intérêts, tous les chemins convergent définitivement vers Line et son Chat titanesque.

Dans ce tome, Djet et Mathieu Salvia poursuivent l’intrigue initiée dans le premier volume, en mettant cette fois l’accent sur le personnage d’Adam, un ancien sorcier au passé trouble. Ici ils explorent davantage les mystères entourant Line et sa connexion potentielle avec la « Grande Déchirure », l’explosion qui a ravagé Paris.

L’univers s’enrichit avec de nouveaux protagonistes et les relations avec les personnages existants. Le récit est rythmé, plein d’action et de suspense, tandis que le dessin dynamique de Djet met en valeur l’atmosphère fantastique et sombre de l’histoire. Ce second opus maintient l’intérêt du lecteur et prépare le terrain pour les développements à venir dans la série. Je ne sais pas si d’autres tomes sont prévus, mais ce serait dommage qu’il n’y en aient pas.


Histoire du polar de Claire Caland et Sandrine Kerion

Parution : 5 mars 2025 – Pages : 216 – Editeur : Les Humanoïdes Associés – Genre : Roman graphique | documentaire | Guide historique | Thriller/polar

Découvrez la première bande dessinée documentaire retraçant l’histoire du polar, racontée par une spécialiste du genre. A travers une véritable réflexion autour du genre, découvrez le polar de sa préhistoire à aujourd’hui. Quand est né le genre ? Qui en sont les précurseurs ? Quels livres faut-il absolument avoir lu ? Qui a tué Sherlock Holmes ?

J’ai tout aimé dans ce roman graphique documentaire ! L’album explore avec une approche à la fois encyclopédique et immersive, les origines du genre, ses figures emblématiques et la diversité de ses sous-genres – du whodunit au roman noir, en passant par le thriller et même le cozy mystery.

Grâce à un travail de recherche pointu et à un graphisme soigné, l’ouvrage offre un panorama riche et accessible du polar, invitant le lecteur à redécouvrir des classiques et à comprendre l’impact de ce genre sur la littérature et le cinéma. C’est un roman graphique riche à découvrir que vous soyez féru du genre ou novice. J’ai appris des choses et cela m’a passionné ! L’auteure retrace l’évolution du genre policier, depuis ses prémices jusqu’à aujourd’hui. Elle s’interroge sur la naissance du polar, ses pionniers, les œuvres essentielles à connaître. L’ouvrage est enrichi d’une préface de l’écrivain Franck Thilliez, ce qui est très sympa !


Ruines de Peter Kuper

Parution : 24 novembre 2015 – Pages : 330 – Editeur : ça et là – Genre : Roman graphique | littérature américaine | Mexique | relations de couple

Ruines est le cinquième ouvrage que Peter Kuper publie chez çà et là. Il met en scène deux trentenaires new-yorkais, qui vont tenter de sauver leur couple au bord de l’implosion en venant passer une année sabbatique à Oaxaca, une petite ville provinciale mexicaine. George et Samantha se retrouvent confrontés à une double crise : celle de leur relation affective, et la crise politique que connaît la ville au moment où des manifestations d’enseignants sont violemment réprimées par le gouverneur local. En fil rouge de ce récit et symbole de cet aller sans retour pour l’un des protagonistes, Peter Kuper suit la migration d’un papillon monarque depuis les États-Unis jusqu’à la région d’Oaxaca pour se reproduire, un parcours de plus de 4000 km qui est aussi l’occasion pour l’auteur de montrer les ravages causés par l’homme sur son environnement. Peter Kuper s’inspire largement des deux années qu’il a passées avec sa femme dans la ville d’Oaxaca, au sud du Mexique, et du soulèvement populaire dont ils furent témoins en 2006. Ruines capte magistralement les ombres et la lumière d’un pays à la fois soumis à d’énormes tensions internes et fermement ancré dans son histoire et sa culture, tissant ensemble drames personnels, politiques et écologiques, dans un portrait passionnant de la vie au sud du Rio Grande.

L’exemple type de lecture dont le titre et la couverture trompent énormément. En tant que lecteur nous avons des projections différentes, et cela est dû à la fois à notre vécu, notre éducation et nos attentes. Je n’imaginais pas du tout lire ce type de bande dessinée et peut-être aurais-je dû lire cette 4ème de couverture que je boude de manière générale.

J’ai bien compris l’image que l’auteur tente de donner entre les ruines de son couple qui part à sa perte, celles du Mexique en proie à une crise politique majeure, tout en ancrant son récit dans un pays à l’Histoire très marquée. Mais sincèrement, que c’est long ! Long… Ces 330 pages m’ont semblé durer une éternité ! Si j’ai continué ma lecture, c’est que j’espérais un sursaut, que quelque chose se passe… Finalement rien, il ne se passe rien de particulier que la vie de ce couple. La 4ème de couverture en dit suffisamment pour tout comprendre et sans avoir besoin de lire ce que l’auteur veut nous dire ! Les dessins auraient pu sauver les meubles, mais malheureusement je me suis lassée. Il y a un côté Moi ce que j’aime c’est les monstres, mais en moins bien. Peut-être que le fait que cela date de 2015, a joué sur cet effet de lassitude, je ne sais pas. En tout cas, je ne vous la recommande pas. Lors du bilan de février j’ai mis 3 étoiles et demi, avec le recul, je ne garde que frustration ! C’est fou comme nos ressentis peuvent évoluer au gré de nos lectures…

PS : je crois que je me suis complètement laissé influencé par Les Ruines de Scott Smith, pourtant cela n’a rien à voir…


Oncle Vania de Rémy Benjamin adaptation de la pièce de théâtre d’Anton Tchekov

Parution : 5 mars 2025 – Pages : 144 – Editeur : La boite à bulles – Genre : Roman graphique | adaptation | pièce de théâtre

Dans le domaine qu’elle possède et qu’elle gère – avec l’aide de son oncle Vania – Sonia mène une existence morne et tranquille. Mais celle-ci se trouve soudain perturbée par la présence du père de Sonia, le professeur Sérébriakov, venu passer de longues vacances, accompagné de sa nouvelle épouse, la jeune et belle Eléna. La jeune femme attise les convoitises de l’Oncle Vania ainsi que d’un ami de la famille, le médecin Astrov – homme misanthrope, amoureux de la nature et inquiet pour son devenir – dont est secrètement amoureuse Sonia…
Quand le professeur, monstre d’égoïsme, annonce son intention de vendre le domaine, la tension entre les différents protagonistes atteint son paroxysme et des coups de feu sont échangés.
La pièce – et sa brillante adaptation – propose une galerie de personnages tout à la fois ridicules dans leur incapacité à prendre en main leur destin, à ne pas gâcher leur unique vie, et touchants par leur sincérité, leur humanité. Et aborde des thèmes aussi contemporains que le mal de vivre ou l’écologie…

De Tchekov, j’ai lu Ivanov, que j’avais apprécié. Cela remonte à fort fort longtemps… J’étais donc curieuse de découvrir cette adaptation en BD de la pièce de théâtre du même titre.

Je ne vais pas tergiverser longtemps, je n’ai malheureusement pas apprécié ma lecture et j’en suis la première déçue. Au-delà du texte, dont je ne peux juger l’adaptation, je m’attacherais aux dessins, car c’est avant tout ce qu’on demande pour ce type de support. Je les ai trouvé sans expressions, des visages coupés à la serpe, aux traits grossiers, déformés. Je n’ai pas réussi à savoir si le flou utilisée est dû à la version numérique ou si c’est aussi floue dans la version papier, mais en tout cas ce n’est pas très agréable, surtout lorsque cela comporte des bulles. D’ailleurs, certaines planches sont trop chargées, et auraient méritées d’être plus aérées pour donner plus de visibilité au texte. Le graphisme n’est pas esthétique, ce qui ne donne certainement pas grande valeur de l’œuvre elle-même. Et c’est bien dommage. J’ai par contre bien aimé la palette de couleur utilisée.


Seule contre Hollywood de Halim Mahmoudi

Parution : 20 février 2025 – Pages : 101 – Editeur : Steinkis – Genre : cinéma | viol | violence | procès | justice

L’affaire Patricia Douglas est probablement le plus gros scandale jamais enterré de l’histoire de Hollywood.

 » Je n’essayais pas d’obtenir quoi que ce soit. Je voulais juste que quelqu’un me croie.  » Patricia Douglas

À peine âgée de 20 ans, Patricia Douglas, ainsi que 120 danseuses professionnelles, sont recrutées pour un tournage par la Metro-Goldwyn-Mayer. Elles sont convoquées le soir du 5 mai 1937, mais, bien loin de participer au  » tournage  » prévu, les jeunes femmes se retrouvent propulsées dans une gigantesque soirée privée organisée pour les 282 représentants commerciaux. Agressée durant la soirée, Patricia Douglas décide de porter plainte contre le plus puissant des studios hollywoodiens. À l’époque, ce genre d’affaires se dénoue en privé, à coups d’intimidation et d’arrangements financiers mais, 80 ans avant , Patricia Douglas aura le courage d’aller jusqu’au bout…

Un un scandale méconnu de l’histoire hollywoodienne, celui de Patricia Douglas, la première actrice à avoir osé dénoncer publiquement les abus sexuels au sein de la MGM en 1937

J’étais très curieuse de découvrir ce roman graphique, qui tient à la fois du documentaire cinématographique, social et de la dénonciation de faits de violences physiques, et morales envers une femme, jeune actrice en devenir dont le rêve c’est brisé sur les dents pointues des grands pontes du cinéma américain.

L’histoire de Patricia Douglas, méritait bien d’être mise à l’honneur, malgré l’horreur qu’elle a subit. Malgré sa jeunesse, elle osera défier les plus grands studios américains, en portant plainte pour viol ! Ce qui outre le jugement et la mise au banc de cette jeune femme, signait la fin de sa carrière.

C’est une BD fort intéressante, car elle montre bien les pressions que Patricia Douglas subit, mais aussi la manière dont elle est traitée alors qu’elle est victime. Les choses n’ont malheureusement pas beaucoup évoluées, plus de 80 ans après, puisque c’est toujours à la victime de se justifier. Ce n’est pas un fait divers, c’est un viol, c’est la violence des hommes envers les femmes. J’ai beaucoup aimé la manière dont Halim Mahmoudi démontre la bassesse des hommes, dans un milieu et dans une société où les femmes s’achètent et se vendent sans aucune considération.

Un roman graphique en noir et blanc avec des tonalités sépia. les dessins sont dynamiques, vifs et très vivants. Ceux en gros plans donnent un aspect cinématographique, avec des cadrages faisant penser à certaines séries des années 70/80. Un bel hommage à une femme, qui a eu le courage de s’attaquer à de gros poissons, et qui n’aura malheureusement pas eu gain de cause. Gageons que des années plus tard, la génération lui rendra justice.


Adaptation en bande dessinée du livre Une histoire critique des États-Unis de James W. Loewen par Nate Powell

Parution : 9 février 2025 – Pages : 265 – Editeur : Steinkis – Genre : documentaire | Histoire| éducation | idéologie | justice

Le récit de notre histoire participe-t-il à la reproduction des injustices et des inégalités ? Adaptation graphique du best-seller de James W. Loewen, cet essai analyse avec finesse les discours sur l’histoire étasunienne et en tire une lecture révélatrice. Par de multiples clefs de compréhension, il nous aide à construire un regard critique sur la manière dont les récits peuvent être interprétés et transmis, et comment notre vision de l’histoire dessine le monde actuel.

Ce roman graphique est une adaptation du livre de James W. Loewen, Lies My Teacher Told Me: Everything Your American History Textbook Got Wrong, jamais traduit en France, qui examine de manière critique la manière dont l’histoire des États-Unis est enseignée dans les manuels scolaires. L’adaptation en roman graphique de Nate Powell rend toute l’envergure du livre de Loewen et son analyse de douze manuels d’Histoire utilisés dans les lycées américains et surtout sa conclusion sur le fait que ces ouvrages véhiculent souvent des perspectives erronées et mythifiées de l’histoire américaine.

L’auteur critique notamment la présentation édulcorée de figures historiques telles que Christophe Colomb, les relations entre Européens et Amérindiens, ainsi que la traite des esclaves. Il souligne que ces manuels ont tendance à éviter les controverses et à adopter un style simpliste, ce qui rend l’histoire ennuyeuse pour les élèves et masque les réalités complexes du passé américain.

Nate Powell exprime pas ses planches ce que Loewen proposait avec sa réécriture de l’histoire américaine telle qu’elle devrait être enseignée, en mettant l’accent sur les aspects souvent négligés ou mal interprétés. Le roman graphique aborde des sujets variés, allant de l’histoire précolombienne à des événements plus récents comme la guerre du Vietnam, en passant par des figures emblématiques comme Helen Keller.

Cette adaptation graphique vise à rendre accessible à un public plus large les critiques de Loewen concernant les inexactitudes et les omissions présentes dans les manuels d’Histoire américains. ​


Carcoma d’Andrés Garrido

Parution : 7 février 2025 – Pages : 176 – Editeur : Dupuis – Genre : fantastique | fantasy| piraterie | mystère

Ce sont des pirates, des laissés pour compte et des damnés qui ont tous prêté serment de ne plus jamais poser le pied à terre et de voguer inlassablement vers l’inconnu en attendant une mort inévitable. Mais le destin va en décider autrement et les plonger dans l’effroi.

Tous ont laissé derrière eux un passé torturé qu’ils cherchent à oublier.

À bord, personne ne connaît les secrets des uns et des autres ni ne sait pourquoi ils ont choisi de rejoindre le navire Carcoma : ils ne sont unis que par leur serment et une obéissance aveugle à leur capitaine, un homme amer, alcoolique, sans concession et violent, qui dirige cette troupe d’une main de fer.

Ces pirates désabusés font une découverte étonnante lorsque leur bateau s’échoue par mégarde sur une île déserte : une mystérieuse créature marine qui va, contre toute attente, bouleverser les relations de l’équipage. Et cette situation n’est pas du goût du capitaine.

Un vent de terreur va bientôt s’abattre sur le Carcoma…

Une bande dessinée avec un univers univers visuel qui reflète l’ambiance sombre du récit. Les dessins présentent un style semi-réaliste, avec des personnages aux traits expressifs. Les décors, en particulier le navire et les environnements marins, sont détaillés, renforçant l’immersion du lecteur dans ce monde de pirates errants.

La palette de couleurs est dominée par des tons froids et terreux, tels que des verts gris, des bleus profonds et des sépias, ce qui accentue l’atmosphère lugubre et mélancolique de l’histoire, en adéquation avec le destin tragique des personnages. Les rares touches de couleurs plus vives sont utilisées avec parcimonie pour souligner des moments clés ou des éléments particuliers du récit. Une belle lecture visuelle et immersive, où la maternité et le deuil s’imbriquent à merveille.


Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2024 au 11 juillet 2025)Challenge American Year – The Cannibal Lecteur (Du 15 Novembre 2024 Au 15 Novembre 2025)


Ju lit Les Mots
– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes –



Catégories :avis express, Seuil

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23 réponses

  1. Sacrées fournées !
    Chacun semble avoir ses forces du côté du scénario même si je ne suis pas sûre d’aimer les dessins de nombre d’entre eux…
    En revanche je note Seule contre tous et Cardoma où là les deux le plaisent !
    J’ai aussi reçu et apprécié l’Histoire critique des États-Unis, j’y ai appris plein de choses.

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    • Je comprends tout à fait ! L’appreciation des dessins c’est vraiment très personnel, mais chaque lecture a son.charme, même celles que je n’ai pas apprécié.
      Effectivement L’Histoire des États-Unis est Un roman graphique très riche et très instructif. Du coup on comprends beaucoup de choses sur le rapport des américains aux autres…

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  2. Je craque pour la dernière, je vais voir si je la trouve à la médiathèque.

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  3. Whaou ! Elles sont chouettes ces BD, il y en a quelques unes qui me plairaient bien. Dommage elles ne sont pas à la médiathèque 🤣. Le polar dont tu m’avais déjà parlé, Indiana et Une histoire critique des USA me tentent beaucoup
    Merci Julie pour toutes ces découvertes ☺️

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  4. Merci pour ces avis express. J’ai pris note de Habemus Bastard pour mon compagnon et du documentaire sur le polar pour moi.

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  5. Avatar de ducotedechezcyan

    Une sélection riche et variée 🙂
    Je retiens surtout la BD sur le polar, mais Indiana ou Seule contre Hollywood pourraient me tenter à l’occasion.
    Une histoire critique des Etats-Unis m’intéresserait aussi, mais quand je vois la quantité de texte sur les planches, je me dis que ça vaudrait plus la peine de lire le livre. Le texte dans les BD a tendance à être petit, ou dans des polices pénibles à lire et je tiens de plus en plus à mon confort de lecture!
    Merci pour toutes ces découvertes 😉

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    • Elles sont dans l’ensemble toutes intéressantes 🙂
      Je l’ai lu en numérique et je n’ai pas été dérangée mais tu as bien raison de veiller à ton.confort de lecture. Le livre n’a pas été traduit mais peut-être le trouveras-tu en VO 😉
      Je suis ravie de te faire découvrir ces BD ! Merci à toi Cyan 😉

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  6. Une belle panoplie de bd. Parmi celles-ci, Indiana me tente particulièrement.

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  7. J’aime beaucoup le style de Carcoma, elle me tente bien cette BD, merci pour cette découverte 🙂

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  8. En tant que fan absolu de George Sand, je me laisserais bien tenter par Indiana.

    Bonne journée, Julie.

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