Chronique d’une dérive coupable : Un lundi de Pentecôte de Patricia Delahaie


Condamné à mort ! Condamné à mort ! je suis condamné à mort ! je me répète les mots mais je ne peux pas croire qu’il s’agit de moi. Il y a deux ans j’étais un petit gars banal et aujourd’hui on veut me couper la tête ? Maitre Le Callet m’avait pourtant promis…maman était si sûre… Je ne peux même pas pleurer. Je suis sidéré. Ils sont complètement fous.


Patricia Delahaie revisite de manière inédite l’affaire Christian Ranucci, en proposant une fiction troublante et intimiste. À travers ce roman, l’auteure nous entraîne dans les méandres complexes de la psychologie, tout en apportant une réflexion profonde sur la relation fusionnelle et ambivalente qui unit un fils à sa mère.

Elle dresse avec finesse le portrait d’un personnage tiraillé entre ses pulsions et sa conscience, offrant un éclairage nuancé sur la complexité de ses sentiments et sur la relation presque étouffante avec sa mère.

La narration est immersive et plonge le lecteur dans les pensées du personnage principal, en développant subtilement ses conflits et ses tourments.

Inspiré par l’affaire Ranucci, le roman interroge la fiabilité des aveux et les imperfections d’un système judiciaire, soulignant la difficulté de distinguer le vrai du faux dans des situations extrêmes. Cette affaire avait fait débat à l’époque où la peine de mort était encore appliquée et a certainement contribué à son abolition.

C’est un livre intéressant, à la fois fiction, mais aussi documentaire, le travail de l’auteure se ressent et plonge le lecteur dans une affaire dont il a vaguement entendu parler ou souvent pas du tout… Les arcanes de la justice sont ainsi au contre d’un récit où l’erreur judiciaire peut faire basculer la vie d’un homme et ou un homme sous la pression peut avouer un meurtre qu’il n’a pas commis. Pour peu que la fragilité psychologique prenne le pas, il n’est pas dit que nous ne pourrions pas céder à cette pression. La tension est palpable et omniprésente.

J’ai apprécié l’alternance entre différentes temporalités et perspectives, ce qui donne une dynamique non linéaire au récit, mais cela requiert une lecture attentive qui peut déplaire à certains.

Avec une plume incisive, l’auteure réussit à humaniser un personnage inspiré d’un fait divers sans toutefois en excuser les actes, associée à une plongée dans les tourments intérieurs de Loïc, le roman offre une lecture perturbante mais immersive, confrontant le lecteur à des questions fondamentales sur la justice, la culpabilité et les liens familiaux toxiques. Une œuvre audacieuse qui marque durablement son lectorat.

Je remercie les éditions Belfond pour cette lecture.

Parution : 28 mars 2024 – Editeur : Belfond – Pages : 368 – Genre : littérature française, thriller, true crime, peine de mort

Après La Faussaire, finaliste du prix des lectrices Elle polar en 2022, Patricia Delahaie livre une réinterprétation intime, puissante et sensible de l’affaire Ranucci, vue à travers le prisme d’une relation mère-fils d’une rare délicatesse, d’une rare cruauté. Loïc le sait : un ogre habite ses pensées. Attiré par les enfants, le jeune homme de vingt ans pense savoir contenir la bête qui vit en lui. Mais ce lundi de Pentecôte 1974, la bête s’échappe. Une petite fille passe dans son champ de vision. Huit ans, robe blanche au motif cerise. Son corps sera retrouvé deux jours plus tard. Loïc risque la peine de mort. Pour sa mère, Louise, son inculpation est une terrible erreur. Comment son fils, son tendre garçon qu’elle a élevé seule pourrait être le monstre que l’on dit ? Alors que la lame de la guillotine pèse sur le procès de Loïc, mère et fils vont tisser ensemble une histoire difficile à croire. Mais à trop vouloir innocenter Loïc, Louise ne risque-t-elle pas de le conduire à l’échafaud ?

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2024 au 11 juillet 2025)


Ju lit Les Mots
Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes



Catégories :Belfond, Challenge Polars et Thrillers, Littérature française, Romans noirs, Thrillers/Polars

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23 réponses

  1. Merci Julie pour ta belle analyse de ce roman. Malgré le bien que tu en dis, je ne pense pas m’y attarder ; quand je l’avais vu à sa sortie, le sujet traité par l’auteure ne m’avait pas attirée. Et au regard des (trop) nombreuses sollicitations, il faut faire des choix 😉

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  2. Avatar de ducotedechezcyan

    ça semble très prenant. Le sujet m’intéresse. Peut-être plus sous format documentaire que romancé ceci dit. Je garde ce titre dans un coin de ma tête, en tout cas, merci d’en avoir parlé 😉

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  3. L’affaire ne m’évoque rien mais ce livre semble néanmoins intéressant bien que peut-être un peu perturbant par les thèmes évoqués.

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  4. Oh alors là ma curiosité est piquée !!! Car j’étais jeune lorsque cela s’est passé, mais j’en ai tellement entendu parler… et savoir si on était pour ou contre la peine de mort était vraiment d’actualité !! J’ai lu « Le pull-over rouge » de Gilles Perrault et j’en étais ressortie bouleversée… Une erreur judiciaire pour délit de sale gueule ? Quand on risque sa tête, c’est grave !!! J’ai donc bien envie de tenter cette lecture car c’est une affaire qui m’a marquée profondément. Merci à toi pour cette découverte !

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  5. Le sujet d’un point de vue « système judiciaire » m’intéresse, même si cette lecture a l’air passablement malaisante.

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  6. un billettrès intéressant à propos d’un livre qui ne me tente pas.

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  7. Quel beau retour Julie, un roman qui m’intéresse au plus haut point car j’ai entendu parler de l’affaire Ranucci qui a été exécuté. C’est une réflexion sur cette affaire très clivante et sur la peine de mort. Autant de sujets très intéressants. 🙂

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Rétroliens

  1. Bilan lectures AVRIL 2025 – Ju lit Les Mots

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