Les vautours planent en spirale en sommet du ciel orange de ce monde. Ils passent par les fissures et descendent calmement, poussés par les coups de vent qui balayent les ouvertures, pour repartir sur la terre d’en haut et redescendre. Eux qui n’oublient jamais portent dans leurs plumes le code de la tristesse, le souvenir des charognes qui les nourrissent.

Ces derniers mois j’ai découvert une nouvelle plume et après la trilogie de la Famille Pelletier, dont je vous parle bientôt, j’ai eu envie de découvrir ses autres livres. J’ai donc commencé par Robe de marié qui m’avait été recommandée et que j’avais noté sur ma liste depuis des lustres.

Avec ce roman, Pierre Lemaitre signe un thriller psychologique glaçant, où il déploie son sens aigu du rythme et de la manipulation narrative. Ici, pas de lente montée en tension : le roman saisit à la gorge dès les premières pages et ne relâche jamais son emprise.

Sophie Duguet oublie tout. Les noms, les gestes simples, ses propres actes. Pire : les morts s’accumulent autour d’elle. Elle fuit, change d’identité, mais l’étau se resserre. Très vite, ce qui semble être la chronique d’une folie ordinaire se transforme en un piège retors, savamment orchestré. Lemaitre déconstruit le schéma classique de la victime et du coupable dans un récit à la structure redoutable.

Scindé en plusieurs parties, le livre bascule d’un point de vue à l’autre avec une précision chirurgicale. Lemaitre excelle à brouiller les pistes, à manipuler son lecteur sans jamais tricher. Le personnage de Sophie, à la fois touchant et inquiétant, incarne parfaitement cette ambiguïté tout le long du récit. Le style, direct et nerveux, renforce l’effet de malaise permanent, et chaque révélation est pensée pour faire vaciller les certitudes.

J’ai apprécié la maîtrise narrative de Robe de marié, le glissement progressif dans l’horreur psychologique, la manipulation subtile du lecteur : tout est d’une efficacité redoutable. Lemaitre nous offre ici un thriller sombre, presque clinique, qui interroge la mémoire, la culpabilité, et surtout la construction du monstre.

Robe de marié est une descente aux enfers brutale et implacable, menée tambour battant. Un polar psychologique qui manipule le lecteur avec une rare intelligence.

Parution : 7 janvier 2009 – Editeur : Calmann-Lévy – Pages : 276 – Genre : littérature française, roman noir, thriller, thriller psychologique,

Nul n’est à l’abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s’accumulent puis tout s’accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n’a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite, elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape… L’ombre de Hitchcock et de Brian de Palma plane sur ce thriller diabolique.

Avec Robe de marié, dont on comprendra le titre dans les dernières pages, Pierre Lemaitre livre un polar parfaitement orchestré où le mal n’épargne personne. Allan Kaval, Marianne.

Une fable cruelle et amorale sur le harcèlement et la vengeance. Philippe Lemaire.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 juillet 2024 au 11 juillet 2025)

Ju lit Les Mots

Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes

Catégories :Calmann-lévy, Challenge Polars et Thrillers, Littérature française, Romans noirs, Thrillers/Polars

Tags:avis livresque, thriller psychologique