Les sélectionnés Prix de la littérature arabe 2025


Comme chaque année, je vous présente les sélectionnés du prix de la littérature arabe.

Le lauréat de l’année dernière est Amira Ghenim avec Le désastre de la maison des notables.

La sélection met en lumière la richesse de la littérature arabe, à travers des auteurs issus de pays divers, qui écrivent en arabe ou en français, mais aussi, la qualité des traductions et la diversité des sujets abordés. En effet, on parle peu du travail de traduction, pourtant il est essentiel dans la transmission de cette richesse et cela quel que soit la littérature et le pays. Cette année un prix spécial sera attribué à l’un des traducteurs, rendant hommage au travail littéraire, sans lequel nous ne pourrions pas découvrir ces ouvrages.

Depuis 2013, le Prix de la littérature arabe distingue la création littéraire du monde arabe, en récompensant l’œuvre d’un écrivain originaire d’un des pays de la Ligue arabe, auteur d’un livre écrit ou traduit de l’arabe vers le français et publié entre le septembre 2024 et septembre 2025.

Le lauréat sera annoncé lors d’une cérémonie prévue le 18 novembre 2025 à l’Institut du monde arabe.


Un goût de thé amer de Mohammed Alnaas | Libye | 🇱🇾

Parution : 3 avril 2025 – Éditeur : Le bruit du Monde – Traduction : Sarah Rolfo – Pages : 176

 » … comme d’autres divertissements de l’être humain, la rixe n’a nul besoin d’être expliquée ou interprétée. « 
Dans les années 1990, la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste est dirigée par le Guide en la personne de Mouammar Kadhafi et le pouvoir est aux mains du peuple.
Les comités populaires, sous la houlette d’un citoyen désigné par ses pairs, sont chargés de gérer tous les aspects de l’existence, selon le principe de la démocratie directe.
Dans le village de Géhenne, deux candidats se disputent le siège de secrétaire du comité, Jamal le vendeur d’alcool et un colonel à la retraite. Les deux clans s’affrontent ouvertement et divisent le village tout entier.
Dans ce pays sous embargo, les produits de consommation subventionnés par l’État sont détournés et revendus au marché noir. Le thé, boisson nationale indispensable, est l’objet de nombreuses convoitises.
Un roman où l’on rencontre, parmi d’autres personnages, un homme qui ne se conduit pas en véritable héros et une femme à la personnalité fascinante et sans complexe.

Journaliste et écrivain, Mohammed Alnaas naît en 1991 à Tajoura, en Libye. À l’aube de ses trente ans, il signe un premier roman magistral, Du pain sur la table de l’oncle Milad, qui remporte en 2022 le prix international de la fiction arabe. Auteur de nouvelles, il vient de publier son deuxième recueil. 

La Naturalisation de Zied Bakir | Tunisie | 🇹🇳

Parution : 29 janvier 2025 – Éditeur : Grasset – Pages : 208

Tunisie 1987. Le coup d’État de Ben Ali contre Bourguiba coïncide avec la circoncision (loupée) du narrateur, Elyas Z’Beybi. Montant à Paris pour poursuivre ses études, Elyas préfère la vie de bohème, tout en nourrissant un grand espoir : devenir français. Choisit-il les meilleurs moyens ? Il se lie d’amitié avec un ancien légionnaire, devient sans-abri, expérimente une communauté Emmaüs, passe par un hôpital psychiatrique où il séduit, bien malgré lui, la psychiatre de l’hôpital…

Moderne roman picaresque, La naturalisation raconte un exil choisi jusque dans ses galères. Son maladroit héros, à la fois naïf et lucide, attachant et trop francophile pour se croire un “étranger”, affronte et les autres et lui-même dans une succession de mésaventures aussi comiques que tendres. Le destin ne va pas toujours droit.

Zied Bakir est né en 1982 en Tunisie. En 2006, il obtient à Sfax une maîtrise en langue et littérature française dont il se sert pour émigrer à Paris. En 2010, il autoédite son premier livre qu’il vend dans les rues de Saint-Germain-des-Prés. En 2015, il quitte la France et se retrouve dans une prison en Libye. Depuis son retour à Paris en 2017, il se consacre aux voyages et à l’écriture.

Je me regarderai dans les yeux de Rim Battal | Maroc | 🇲🇦

Parution : 8 janvier 2025 – Éditeur : Bayard – Pages : 208

À dix-sept ans, à l’âge des romans à l’eau de rose, des serments d’amitié et des poèmes de Rimbaud, une jeune fille fume une cigarette à la fenêtre de sa chambre. Cette transgression déclenche la violente fureur de sa mère – puis, comme un envol effaré, la fugue de la narratrice. Un ultimatum lui est alors posé : elle devra produire un certificat de virginité. L’examen gynécologique forcé sera sa « première fois ». Comment sortir de l’enfance quand tous les adultes nous trahissent ? Comment aimer quand ceux qui nous aiment nous détruisent ? Porté par une écriture puissante qui n’oublie ni l’ardeur ni la drôlerie, le récit de Rim Battal dit les premières fois, le désir, la générosité et la force qui président à la naissance d’une femme et d’une écrivaine.

Née en 1987 à Casablanca, vivant aujourd’hui à Paris, Rim Battal est poétesse. Après des études de journalisme, elle se consacre à l’écriture et à la photographie, devenant l’une des figures d’une nouvelle génération de poètes. Elle a notamment publié « Vingt poèmes et des poussières »(Lanskine), « L’eau du bain », « Les Quatrains de l’all inclusive » ou encore « X et excès »(Le Castor Astral). « Je me regarderai dans les yeux » est son premier roman.

La Danse du paon de Hanan El-Cheikh | Liban | 🇱🇧

Parution : 2 octobre 2024 – Éditeur : Sindbad /Actes Sud –Traduction : Khaled Osman – Pages : 352

Yasmine a quitté Beyrouth pour le Sud de la France il y a des années. De nature optimiste, elle est capable d’enchanter ses jours dans une cité-dortoir du Var, mais s’inquiète du désœuvrement et des addictions de Naji, son seul enfant. Le jeune homme se rêve rappeur et nourrit sa créativité à grand renfort de drogues. Mère et fils ne savent plus comment vivre ensemble. Ils reçoivent un jour des nouvelles inattendues de Rica, le cousin de Naji, qui a été ballotté entre le Liban, pays de son père, et le Sénégal, pays de sa mère, avant d’échouer dans un centre pour réfugiés en Allemagne. Lorsqu’il vient s’installer chez eux, c’est comme la promesse d’un nouveau départ : le partage de souvenirs communs, la possibilité d’un autre équilibre familial, la solidarité pour affronter les aléas du quotidien dans un pays d’accueil guère accueillant. Désabusé, fantasque, cet improbable trio va tenter de resserrer ses liens et de trouver du sens à l’existence – par la musique, l’amour, la beauté.
Ce roman enlevé, vibrant des maux de l’exil et d’une passion irrépressible pour la vie, à réinventer sans cesse, livre en filigrane une description sans concession du racisme qui ronge notre monde.

Grande voix de la littérature libanaise, Hanan El-Cheikh a écrit des romans, des nouvelles et des pièces de théâtre. le Liban est toujours présent, dans ses livres, à travers son histoire ou celle de ses personnages. Elle dit « parler de moi et parler du Liban était une seule et même chose ». Le rapport homme / femme, est au cœur de ses sujets ainsi que les traditions qui peuvent être brisées par des femmes qui feront tout pour l’amour, ou la liberté.

La Fin du Sahara de Saïd Khatibi | Algérie | 🇩🇿

Parution : 13 mars 2025 – Éditeur : Gallimard Traduction : Lotfi Nia – Pages : 400

Algérie, septembre 1988. Dans une petite ville aux portes du désert en proie à une prolifération de criquets et à une pénurie de vivres, au bord du soulèvement, on retrouve le corps de Zakia Zaghouani, la chanteuse de l’hôtel Le Sahara. Immédiatement les soupçons se portent sur son amoureux, qui est jeté en prison. Un inspecteur de police enquête. L’avocate du principal suspect également. Famille, amis et proches témoignent et se retrouvent confrontés à leur passé. Secrets, trahisons, rancunes, mais aussi rêves et espoirs éclairent leurs liens avec la victime : chacun nourrit, pour une raison ou une autre, le désir de se venger d’elle. Alors, qui a réellement tué Zakia ? Et si, derrière le meurtre de cette femme, se cachait un secret si insoutenable qu’il pourrait déchirer toute une communauté ?

Après avoir fait des études en littératures modernes, il devient responsable des pages culturelles du journal Djazair News, deux ans après il rejoint le quotidien algérien El Khabar. Il poursuit actuellement une carrière de journaliste à l’international, couvrant de nombreux pays.

Brève histoire de la Création et de l’Est du Caire de Shady Lewis | Egypte | 🇪🇬

Parution : 7 mai 2025 – Éditeur : Sindbad /Actes Sud – Traduction : May Rostom et Sophie Pommier – Pages : 224

Battue une fois de trop par son mari, une jeune femme copte fuit le domicile conjugal avec son petit garçon. Leur errance la nuit dans les rues de l’Est du Caire, alors en proie à une émeute, révèle à l’enfant la réalité d’un monde hostile et absurde, infesté par la violence : celle des hommes contre les femmes, des adultes contre les enfants, des islamistes contre les Coptes, de l’État contre la société, de la société contre les individus, des humains contre les animaux… Une vieille histoire qui remonte jusqu’à la Création.
Quand la langue elle-même se fait outil de domination et de falsification des faits, comment se défendre pour survivre ? Comment, malgré cela, accéder au bonheur ? Et que devient notre besoin d’amour ? Shady Lewis confirme ici, dans une veine noire, son grand talent de romancier et d’écrivain.

Né au Caire en 1978, il suit des études d’ingénieur en Égypte avant de s’installer à Londres où il obtient un master en psychologie qui lui vaut d’intégrer les services administratifs. Il écrit dans de très nombreuses revues arabes et européennes. Outre sa contribution à divers ouvrages collectifs, Shady Lewis a publié plusieurs livres. 

Je suis ma liberté de Nasser Abu Srour | Palestine | 🇵🇸

Parution : 16 janvier 2025 – Éditeur : Gallimard Traduction : Stéphanie Dujols – Pages : 304

Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser a dit adieu au monde. Au fil des années, un lien particulier s’est noué entre ce Palestinien et le mur qui lui fait face : celui-ci s’anime, répond et change d’apparence selon que l’espoir ou le renoncement domine. Surtout, il lui inspire ce texte. Depuis sa cellule, Nasser raconte son histoire et celle de son peuple comme s’il les extirpait du mur, faisant surgir par ses mots le monde qu’il a quitté. Lorsque Nanna, une jeune avocate qui rend visite aux prisonniers, s’éprend de cette âme libre, le monologue du condamné devient dialogue ardent. Mais l’amour peut-il patienter ? Tels les Bédouins puisant dans un lexique infini pour décrire le désert, Nasser Abu Srour fait de sa prison un univers en expansion. Entre réalité et onirisme, Je suis ma liberté est un hommage visionnaire au pouvoir émancipateur de la littérature.

Nasser Abu Srour (né en 1969), incarcéré depuis 1993 et condamné à perpétuité pour sa participation au meurtre d’un officier des services de renseignement israéliens au cours de la première Intifada (1987-1993), est aujourd’hui l’un des plus anciens de ces prisonniers. Il lui a fallu plusieurs années pour faire sortir clandestinement son histoire . Ce récit de près de trente années de captivité, a été publié en arabe à Beyrouth en 2022.

Pays amer de Georgia Makhlouf | Liban | 🇱🇧

Parution : 9 janvier 2025 – Éditeur : Les Presses de la Cité – Pages : 304

Mona vit une jeunesse marginale à Beyrouth. Dans un village du nord du Liban, elle découvre une magnifique maison à l’abandon. L’ancienne propriétaire, une certaine Marie Karam, était une originale solitaire, chassant comme un homme et entourée d’animaux vivants ou empaillés. Intriguée, Mona enquête et apprend que le journal intime de Marie a été conservé, avec quantité de clichés qui témoignent d’un admirable talent.
La lecture de ce journal lui ouvre des pans inconnus de l’histoire du Liban du début du XXe siècle, et des pays arabes, en particulier de l’Égypte, qui ont vu fleurir un féminisme actif et optimiste.
Entre Marie et Mona, dont la création artistique et les amours sont confrontées au même poids de la tradition et des préjugés sociaux, Georgia Makhlouf tisse le fil de destins poignants, épris de liberté.
Marie en paiera le prix. Pour Mona, l’histoire reste à écrire.

Ce roman est une fiction librement inspirée de la vie de Marie El Khazen (1899-1983), première femme photographe libanaise.

Correspondante à Paris de L’Orient Littéraire, le supplément mensuel du quotidien L’Orient Le Jour. Elle a longtemps écrit des chroniques pour le Magazine Littéraire. Membre fondateur et présidente de Kitabat, une association libanaise pour le développement des ateliers d’écriture. Ecrivaine d’expression française. Elle partage sa vie entre Paris et Beyrouth.


Ju lit Les Mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes –




Catégories :Prix de la littérature arabe

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34 réponses

  1. Ravie que le roman de Rim Battal soit dans la sélection ! 📚🏖

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  2. Merci pour cette présentation

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  3. Merci pour ce bel article Julie 🥰. J’aime beaucoup ce rendez-vous annuel où tu nous présentes ce prix avec les œuvres qui le composent et dont on parle trop peu, hélas. J’en ai déjà repéré un qui me tente beaucoup « Je me regarderai dans les yeux » de Rim Battal

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  4. Merci pour cette belle présentation. Je ne connais aucun de ces livres et j’avoue que cette culture m’est complètement étrangère. Bonne journée

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  5. Voilà une très belle présentation d’une sélection de romans arabes. Je ne connaissais pas ce prix. Je trouve cette démarche très intéressante. belle journée à toi Julie 🙂☀️

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  6. Jolie sélection qui donne envie 😍. Merci à toi pour le partage 🙏 😘

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  7. Tous de totales découvertes pour moi ! Merci 🙂

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  8. Quelle superbe initiative ! Merci Julie de nous présenter les romans en lice dont certains me tentent. En as-tu lu certains ?

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  9. Merci Julie pour cette belle présentation… Ces livres méritent d’être connus et reconnus. Ils sont tous intéressants, mais j’en ai repéré deux qui me tentent bien : « Je suis ma liberté » et « Pays amer »… Je serai heureuse de découvrir tes retours ! 🙂

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  10. J’ai beaucoup aimé « je me regarderai dans les yeux » et j’aimerais découvrir  » la fin du Sahara « .
    Merci Julie 🙏🏻

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  11. Merci de nous présenter la sélection. Pour ma part, je suis touchée par le résumé de Je suis ma liberté.

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  12. Très curieuse de découvrir tes avis si tu les lis !

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  13. Bon courage pour ces lectures. Hâte d’avoir tes retours.

    Je ne sais pas si j’aurais le temps de le lire ce mois-ci mais j’ai le lauréat de l’an dernier dans ma PAL

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Rétroliens

  1. Bilan lectures Juillet 2025 – Ju lit Les Mots

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