La rentrée littéraire août/septembre aux éditions Calmann-Lévy

Après la rentrée littéraire des éditions Julliard et de La manufacture des livres, place aux éditions Calmann-Lévy, dont j’ai le plaisir d’avoir reçu trois livres.

Certains vous tentent ?


« Son père ne cesse de lui répéter qu’il doit être fier de sa race. Youness n’a rien contre l’idée, mais à 13 ans, il aimerait quand même que son paternel avance deux ou trois arguments, parce que de son point de vue, les Arabes, c’est quand même ceux qui balaient les trottoirs et qui maniait le marteau-piqueur, Ceux à qui on reproche les trois millions de chômeurs, ceux qui sentent la sueur en revenant du boulot. Jusqu’à preuve du contraire, songe-t-il avec amertume, les Français, ils ont quand même la meilleure part, et puis, qui est-ce qu’on ramasse dans la Zone, les yeux révulsés, une shooteuse à la saignée du coude ?« 

Parution : 20 août 2025 – Pages : 256

« Son visage possédait une beauté revêche, vaguement bohémienne, qui évoquait des barres de cité, des familles nombreuses et des halls enfumés, un mélange de ruse et de fatalité. »

Younes veut croire en sa dernière chance. À vingt-trois ans, il sort de prison. Sa libération anticipée est assortie d’un placement sous surveillance électronique : chaque soir, après le travail, il devra rentrer à Berlioz, la cité de son enfance.
Il reprend aussitôt du service comme coursier-moto chez Panam’Expres, où il s’apprête à revoir Serge, son meilleur ami.
Ils ont grandi sur la même dalle de béton. Ont fait ensemble les quatre cents coups. Et, malgré le fossé qui se creusait entre les communautés, ils sont restés fidèles l’un à l’autre.
Retrouvant tour à tour ses camarades de course, la frénésie parisienne, les périls du dernier kilomètre, Younes s’accroche à cette drôle de liberté, suspendue au joug de son bracelet électronique. Jusqu’au jour où l’amour frappe à sa porte.


« J’essaie de voir ce baiser, je me concentre jusqu’à ce que l’image en soit bien nette, j’essaie d’éclairer les souvenirs sans en modifier la teinte mais c’est impossible, je ne sais déjà plus si je me remémore ou si je réécris. Je me dis que ce baiser a glissé avec le temps de mes lèvres à ma joue, puis à mon épaule, je vois l’affaissement de ce baiser symboliser celui de mon couple. »

Parution : 
20 août 2025 – Pages : 180

Alice erre en Corse. Alice erre la nuit dans les rues animées d’une ville méditerranéenne. Comme un automate, elle se rend à son travail, avant de rejoindre le deux-pièces impersonnel qui héberge ses insomnies.
Alice fuit.
Quelques jours plus tôt, son mari lui a annoncé qu’il la quittait. Même pas pour une autre. L’ennui a pris le dessus dans une relation autrefois tumultueuse.
Pour ne pas avoir à affronter la réalité, pour ne pas s’effondrer devant sa fille, Alice fuit.
Jusqu’à sa rencontre avec Siham, une jeune femme, presque une adolescente, qui la recueille un soir d’ivresse.


« Nous avons été pris au piège de la haine et de la violence, et malgré les avertissements nous nous sommes enfoncés dans le piège jusqu’à la gorge. Oui, jusqu’à la gorge, parce que c’était bien de là que ça venait, des mots, tous ces mots qui préparaient le terrain. Nous avons tendu l’oreille et leur poison s’est répandu lentement en nous, goutte à goutte et mot à mot, la nappe toxique rongeant nos consciences, abolissant toute morale ».

Parution : 20 août 2025 Pages : 200

Un homme parle. Il raconte sa fuite hors de Paris, avec ses deux enfants. La ville, en proie à la guerre civile, est en feu. Il veut rejoindre une République du Jura sans doute illusoire. Dans un pays dévasté par le conflit, sa seule mission doit être de préserver les siens de la cruauté. La route, parcourue en voiture, à dos d’âne et souvent à pied, sera longue. Elle sera semée de dangers mortels, illuminée par la beauté de certaines rencontres. À travers champs, à travers bois, il tâche de se raccrocher à ce qu’il peut conserver d’humanité et d’amour.


« J’ai un peu honte de pas être capable de juger une musique autrement qu’à travers ce que les autres en disent. Lire tout à travers les yeux des autres, comme s’ils savaient tout mieux que moi. Faire semblant de savoir autant qu’eux. Comme si j’étais un humain de moins bonne qualité et que mes cinq sens, et tout ce qui me permet d’avoir des goûts, étaient pas fiables.
Comme si je pouvais pas simplement sentir, écouter, regarder les choses, et faire confiance à mon cœur pour en juger. Est-ce qu’il faut être entraîné pour prendre goût aux belles choses? J’ai pas de réponse, et toute façon j’ai réponse à rien.
« 

Parution : 20 août 2025 – Pages : 160

Comme chaque été, les touristes affluent sur le littoral, quelque part au sud de la France. Et Noé navigue entre ses amis, toujours les mêmes, et le restaurant de la plage où il travaille pour son père. Comme chaque été, Noé n’attend qu’une chose : retrouver Léna. Léna est parisienne, charismatique, cultivée, rien ne semble l’atteindre. Elle rayonne tandis que Noé se perd dans ses incertitudes. Qu’est-ce qu’elle peut bien lui trouver, à lui qui n’a rien d’autre à offrir que ce bord de mer et cette bande de copains un peu bancale ? Il le sait, un amour de vacances, ça ne dure pas. Mais est-ce une raison pour tout gâcher ?


« Quand le club masculin de la synagogue commença à organiser des battues, les agents du FBI optèrent pour l’assentiment passif. Comprenant qu’ils ne pourraient s’opposer à la force et à la volonté de Phyllis, ils décidèrent de calquer leur stratégie dessus. Les agents considérèrent en outre que toutes ces initiatives pourraient laisser entendre au potentiel kidnappeur que personne n’avait le moindre début de piste, ce qui le rassurerait, et le pousserait à une négligence. Avis de recherche et portrait-robot furent transmis à divers organes policiers par le biais d’une chose appelée modem. Mouchards et caméras espions furent installés dans toute la propriété. On surveilla les plaques d’immatriculation sur la Long Island Expressway, comme s’il existait une probabilité pour que Carl enchaîne les aller et retour en voiture de Middle Rock à Riverhead.« 

Parution : 20 août 2025 – Pages : 576

Les Fletcher de Long Island sont l’incarnation d’une certaine idée du rêve américain : l’usine familiale bat son plein et ils sont les propriétaires d’une grande demeure dans cette banlieue aisée proche de New York. Grâce à leur bonne volonté et leur dur labeur, ils connaissent un niveau de richesse et de réussite qui les protégera des aléas de la vie… C’est du moins la théorie.

Mais lorsque Carl, le père et héritier de l’entreprise, est kidnappé contre rançon, une faille apparaît dans cette existence confortable.

S’il est libéré quelque temps après – en apparence sain et sauf –, la violence arbitraire de cet acte aura l’effet d’une bombe à retardement sur lui et ses proches.

À travers l’histoire des différentes générations d’une famille juive depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, Taffy Brodesser-Akner livre un grand roman américain où peurs, désirs, ambitions et mensonges éclatent au grand jour.


« Tu es en quelle classe ? s’enquit la commissaire.

— En deuxième année de lycée.

— Tu as une matière préférée ? »

Sa question le surprit et il réfléchit un moment avant de répondre : « Les maths. »

Cette remarque arrêta Griffoni dans son élan. « Les maths ? » Comme Orlando acquiesçait, elle lui demanda : « Pourquoi ? »

Sans la moindre hésitation, Orlando déclara : « Parce que c’est si pur. »

Elle détourna les yeux de San Giorgio pour l’observer : « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »

N’ayant sûrement jamais eu à répondre à cette question, il sembla pris au dépourvu. Son regard dériva vers San Lazzaro : sans doute les moines sur l’île pourraient-ils l’aider à trouver une explication. Il enfouit ses mains dans ses poches et monta et descendit sur la pointe des pieds avant de lancer : « Ce n’est pas comme l’histoire, la littérature italienne, la religion, ou les autres matières que nous étudions. Tout est . Tu leur poses une question et elles te donnent la réponse. Elles t’indiquent une règle immuable : peu importe le nombre de prières que tu fais, ou les menaces que tu reçois pour donner la réponse exigée par une autre personne. » Il se hissa encore plusieurs fois sur la pointe des pieds puis, lassé de ce petit manège, il se laissa retomber avec un bruit sourd.

« C’est probablement la raison pour laquelle je ne les ai jamais beaucoup aimées », répliqua Griffoni. Puis, prenant une voix bourrue, elle lâcha, dans un napolitain quasi incompréhensible : « Les règles, nous, on n’aime pas trop ça. »

À ces mots, il tourna brusquement la tête vers elle et l’observa un long moment. « Est-ce que vous travaillez vraiment pour la police ?

— Mon service finit à 6 heures, alors je suis libre de dire ce que je veux. »

Parution : 20 août 2025 – Pages : 576

Depuis quelques mois, des gangs d’adolescents sévissent dans les rues de Venise. Ils se provoquent sur les réseaux sociaux, s’affrontent violemment en pleine rue, et s’en prennent même aux membres de la questure…

Tandis que le commissaire Brunetti et sa collègue, Claudia Griffoni, enquêtent sur ce phénomène inquiétant, ils découvrent que ces garçons viennent tous de familles influentes dans les sphères politiques, juridiques et économiques de la ville. L’un d’entre eux est même le fils d’un héros de guerre adulé par les Vénitiens.

Mais les tensions vont crescendo et la corruption, vénérée et intouchable, s’apprête à faire de nouvelles victimes.

Brunetti devra choisir entre protéger la future génération ou préserver la paix des puissants avant qu’il ne soit trop tard.


Ju lit Les Mots
Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes



Catégories :Calmann-lévy, Littérature française, littérature italienne

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14 réponses

  1. Les 4 premiers sont vraiment à découvrir. Hâte de lire tes retours !

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  2. Rien pour moi cette fois mais peut-être sauras-tu me faire changer d’avis ^^

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  3. Comme pour les autres, je vais attendre et voir au fur et à mesure… 😉

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  4. Ma madeleine de Proust retrouver Brunetti chaque année et deambulateur dans Venise et m’y perdre

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  5. Oh punaise, il faut que je vous parle du dernier Donna Leon !

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