…manger comme un cochon, un temps de cochon, jeter des perles aux pourcentage, faire une tête de cochon, avoir un caractère de cochon, des yeux cochons, un tour de cochon, vieux cochon – sans compter « Balance ton porc », ou tout simplement « cochon » pour dire du mal de quelqu’un. Mon pauvre cochon, tu n’as pas bonne presse.

À l’aube de ses 80 ans, Susie Morgenstern, figure emblématique de la littérature jeunesse, publie un essai autobiographique étonnant, et drôle.

Elle apprend qu’elle doit subir une opération cardiaque : on lui proposera de remplacer une valve par une valve porcine. Or, élevée dans une famille juive où le cochon est un tabou absolu, l’idée la confronte à ses croyances.

Le livre alterne entre souvenirs, anecdotes et réflexions, pour finalement aboutir à une lettre adressée au « cochon », geste à la fois humoristique, et symbolique. Au fil du récit, elle tisse des liens entre traditions, perte, amour, transmission et humour.

À mi-chemin entre fiction et carnet intime, le texte est touchant et accessible.
L’auteure adopte un ton personnel et enjoué, le récit tient à la fois de l’autobiographie et de l’essai léger. L’écriture est sobre, ponctuée d’humour et d’anecdotes qui rendent le récit intimiste. Le parti-pris narratif, (confessions et digressions) crée une proximité immédiate avec le lecteur et rend le livre facile à lire.

Malgré ces points positifs, je me suis ennuyée. Le ton intimiste, l’aspect autobiographique, avec des digressions sur sa vie personnelle, ses enfants, son mari, m’ont semblé trop surfait, trop léger, pour que je m’y intéresse pleinement. Je pensais que l’auteure s’attarderait plus sur cette valve, l’acceptation et la place qu’elle a dans sa vie. Or, elle ne sert que de prétexte, même si elle s’adresse au cochon, pour faire le tour d’horizon de sa vie. Il n’est question que de manière lapidaire de cette valve, alors même qu’elle est le centre du sujet.

Coeur de cochon est un petit livre malicieux, l’auteure se confronte à son histoire et à ses croyances avec humour. À lire si vous appréciez les textes personnels qui mêlent intimité et réflexion sur la vie.

Je remercie les éditions JC Lattès et Netgalley pour leur confiance.

Extraits :

Tu es tellement disgracieux que, dans les dessins « humoristiques » de juifs, on faisait nos portraits avec une tête de porc. Tu es l’arme chérie des antisémites pour se moquer de nous. D’ailleurs, ce n’est pas la seule expression dénigrante dont tu es le héros : manger comme un cochon, un temps de cochon, jeter des perles aux pourceaux, faire une tête de cochon, avoir un caractère de cochon, des yeux de cochon, un tour de cochon, vieux cochon – sans compter Balance ton porc, ou tout simplement « cochon » pour dire du mal de quelqu’un. Mon pauvre cochon, tu n’as pas bonne presse.

Longtemps, je me suis complu dans  » C’est eux ou c’est nous ! », jusqu’au jour où mon amie israélienne, militante pour l’Israël idéal, m’a dit : « Je ne veux pas vivre dans un pays où c’est eux ou c’est nous. Je veux vivre dans un pays où EUX et NOUS sont NOUS ».

On a estimé à 17 millions de morts les crimes contre l’humanité perpétrés par le régime nazi en Europe. Six millions furent des juifs. J’ai toujours eu l’impression que chacun d’entre eux était un morceau de moi.

Est-ce que tu sais ce que c’est de vivre avec une grosse pierre dans ton cœur, ton estomac, ta tête? Une grosse pierre de chagrin, de peine, de douleur, de tristesse et de détresse. Et l’angoisse que ça pourrait toujours arriver de nouveau. Un cafard géant qui séjourne en toi et picorer avec un venin de mémoire et de larmes d’accablement. Tu es le premier à qui je parle de ça. C’est curieux que tellement habitée par la Shoah, je n’ai jamais écrit un roman qui se passe pendant la Seconde guerre mondiale. Je ne m’y suis pas autorisée : je suis née juste après la guerre et si loin géographiquement, aux États-Unis. Je ne me sentais pas légitime.

On apprend à s’habituer à la solitude, surtout quand sa passion l’exige.

Parution : 20 août 2025 – Éditeur : JC Lattès – Pages : 180 – Genre : littérature française, autobiographie, judaïsme, famille

Susie Morgenstern a un ennemi : le cochon, interdit absolu pour l’autrice élevée dans une famille juive à Newark.

Pourtant, à l’aube de ses 80 ans, son monde est bouleversé. « C’est votre coeur, il va falloir opérer. » Et remplacer la valve aortique par celle d’un porc. Pour la première fois, Susie Morgenstern s’intéresse pleinement à cet animal proscrit, interroge les traditions juives, reçoit un signe de son défunt mari sous la forme d’un manuscrit perdu, et décide finalement d’adresser au cochon une lettre… pour le remercier.

Ju lit Les Mots

Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes

Catégories :Contemporain, J.C. Lattès, Littérature française

Tags:avis livresque, thriller psychologique