Rentrée littéraire 2025 – Chronique d’un mal invisible : La Honte d’Arttu Tuominen


Missing white woman syndrome – le syndrome de la femme blanche disparue. L’expression signifiait que les médias surinvestissaient souvent le traitement de la disparition d’une femme belle, jeune et blanche, par rapport à celle d’un homme ou celle d’une femme ayant d’autres origines ethniques.


Après avoir découvert les trois premiers opus l’été dernier, j’étais contente de retrouver certains personnages, que j’avais particulièrement appréciés.

Si dans Le Serment, l’auteur explore l’enfance, l’amitié et la loyauté même lorsque cela est contraire à ses propres principes, dans La Revanche, le deuxième titre dans lequel on retrouve les personnages récurrents, les sujets de société y sont plus exploités, notamment la place des homosexuels, l’homophobie, sont décortiqués, mais tout en nuances, avec Tous les silences, l’auteur explore les failles de l’Histoire de la Finlande et son implication durant la seconde guerre mondiale, avec une alternance entre deux époques, pour mieux comprendre le présent.
Si dans Le serment, l’auteur concentre son intrigue sur Jari, un des personnages de la brigade, dans La revanche, c’est au tour de Oksman, dans Tous les silences, les relations humaines se sont un peu aplanies et c’est tant mieux, car l’enquête est une vraie montagne russe émotionnelle.

Dans ce quatrième tome de la série Delta Noir, paru il y a quelques jours, l’auteur renoue avec sa pratique et met sur le devant de la scène Linda, en la confrontant directement à son enquête et ses travers, mais il n’oublie pas pour autant, en toile de fond, Jari Paloviita, criblé de dettes et en plein craquage domestique… Tandis que la responsable du service tente de sortir son fils junkie des mains de trafiquants… Chaque personnage représente à lui seul, un phénomène de société…

Arttu Tuominen, tisse une toile complexe, entre enquête et traumatismes personnels, interrogeant les dérives numériques où les prédateurs se cachent derrière des pseudos, à l’abri du reste du monde, mais aussi le poids des traumatismes dans le parcours de vie. Certains traumas, que l’on pensait bien enfouis, ressurgissent au moment où on s’y attend le moins, souvent d’ailleurs lorsque l’on devient parent. C’est le cas de Linda, autant en quête de vérité sur l’affaire et sa résolution que face à son propre passé qui resurgit brutalement via le prisme de sa fille.

Le roman aborde des sujets d’une brûlante actualité : le harcèlement en ligne, les dangers des réseaux pour les jeunes. C’est l’occasion de rappeler quelques règles fondamentales, comme ne pas partager ses photos, envoyer des photos coquines en se disant que c’est pour son amoureux. (il y a plus facilement des filles qui se font avoir sur ces sujets…)

L’enquête est immersive, et passionnante, on suit toujours avec plaisir le déroulé, mais il est décuplé, grâce aux personnages de Arttu Tuominen. Ce qui se passe en Finlande, solitudes des adolescentes, vulnérabilités numériques, prédateurs, se transpose partout ailleurs et l’effet miroir rend le propos encore plus glaçant.

La Honte s’impose comme un récit policier dense et sensible, qui explore avec finesse les fractures d’une société. Arttu Tuominen offre un texte empreint de suspense émotionnel et de vérité sociale, qui nous confronte à nos peurs collectives avec l’urgence d’un drame intime.

Je remercie les éditions De La Martinière via Netgalley pour leur envoie.

Parution : 05 septembre 2025 – Éditeur : De La Martinière – Pages : 4324 – Genre : thriller, romans policiers, polars, littérature finlandaise, thriller social

Sur Internet, personne n’est vraiment qui il prétend être…

Dans les rues de la petite ville finlandaise de Pori, Laura, treize ans, disparaît sans laisser de traces. Pour Linda Toivonen, inspectrice à la brigade criminelle et mère célibataire, l’enquête ravive de douloureux souvenirs. Très vite, elle découvre que l’adolescente échangeait avec des hommes plus âgés sur un réseau en ligne aussi opaque qu’inquiétant.

Quand Linda s’aperçoit que d’autres jeunes filles ont disparu dans des circonstances similaires, toutes les pistes convergent vers une figure sinistre : Peter Pan, un prédateur qui refuse de grandir. À mesure que l’enquête progresse, une angoisse obsédante s’empare de Linda : et si sa fille était la prochaine sur la liste ?


Ju lit Les Mots
Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes



Catégories :La Martinière, Littérature française, Thrillers/Polars

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26 réponses

  1. Merci Julie pour cette chronique. Déjà un 4e tome … je n’ai toujours pas lu le premier 🥴. Pas certaine de rajouter cette série sur ma WL …trop de retard !

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  2. Avatar de ducotedechezcyan

    Le tome sur la Finlande pendant la guerre serait plus à mon goût que celui-ci, dommage que ce soit une série… Tu crois qu’on peut lire les tomes séparément?

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  3. Une image actuelle de la Finlande cela semble intéressant .

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  4. Très belle chronique qui renforce mon désir de dévorer ce polar. Merci de rappeller la thématique des trois romans précédents qui m’ont tous trois tellement bouleversée.La honte est dans la prochaine Masse Critique, je croise les doigts ;-)

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  5. Je n’ai lu que le premier de la série pour le moment, mais je compte la continuer. Bonne journée

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  6. J’ai bien aimé le 3 (non, je n’ai pas lu les tomes 1 & 2), alors, j’ai ajouté le 4 !

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  7. Des thèmes importants et actuels qui semblent ici bien abordés. Leur côté universel les rend assez tristes car on dirait que le monde suit les même débordements et dérives, bien que ce soit à des degrés variés.

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  8. Il est possible de les découvrir dans le désordre ? J’en ai un seul ici, et c’est le précédent, qui m’attirait particulièrement !

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  9. C’est drôle, je pensais que tu parlais d’Antti Tuomainen, un auteur que j’ai dans ma PAL mais dont les romans semblent plus légers et j’avais un peu de mal à raccrocher les wagons.^^ Dans tous les cas, je n’ai lu aucun des deux auteurs pour l’instant, mais ton billet est une bonne piqûre de rappel.

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    • Figure toi que je me suis faite avoir aussi, lorsque j’ai acheté un bouquin! mais j’ai plus de mal avec ce côté plus léger. Comme quoi ! Ravie que cela te donne une occasion de découvrir ce presque homonyme 🙂

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  10. Pour l’instant je n’ai lu que le tome 3 « Tous les silences » et je m’étais promis de lire le 1 et le 2… pas encore pris le temps !! je rajoute aussi celui-ci maintenant que j’ai lu ta chronique !! 😉 Merci Julie 🙂

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