
« De gros traits d’eau tombent tout à coup, et entrent dans la tour carrée par la fenêtre. On entend un coup de tonnerre, puis quelques secondes après un arc électrique tranche le ciel ruisselant.
Le château est une carène craquante. Pierre sent la tour balancer de gauche à droite. Il voit les autres osciller. Les mâchicoulis roulent-boulent dans les vignes et les rosiers morts. Les éclairs pétaradent à qui mieux mieux. Le ciel sera bientôt entièrement à vif. Pierre voit les premières coulées de boue. L’atmosphère est psychotique. Le château va couler. Il va flamber. S’ouvrir. La boue se jette sur les remparts. La terre veut enterrer Léon : elle l’appelle. Les éclairs s’abattent sans discontinuer. Ce n’est plus de la pluie, mais des vagues sur les flancs. Tout craque, même si pour l’instant tout tient. Les gendarmes sont encore là, dans la nuée et l’ombre. Ils vont donner l’assaut d’une minute à l’autre !
Pierre lève les yeux et aperçoit en haut de Montahut, sur les pinacles de roche blanche, des flammes. Des flammes ! Les cyprès et les chênes verts brûlent ! Un éclair est tombé sur l’humus sec. Les langues de feu grandissent dans les arbres.
L’orage et l’incendie s’affrontent. La pluie est phénoménale. Des cascades reviennent dans les éclairs. Des torrents de boue dévalent les chemins. Au fond du temple des nuages, Pierre voit briller des arbres de lumière. Les couronnes d’orties brûlent. La pierre fond sous les crocs du chien d’ombre. En l’air, ce sont des odeurs de poivre, d’argile fraîche, de résine, de caramel, de métal, d’oisillon mort, de coquillage cramé. Pierre a reconnu l’incendie de son enfance. Les souvenirs volent autour de lui en pommes de pin enflammées.
Les gendarmes ne voient-ils pas que l’enfer descend de la colline, vers Montrafet ? N’entendent-ils pas ce grondement souterrain ? Croient-ils vraiment que leurs camionnettes suffiront à les protéger ? »
Parution : 18 août 2021 – Éditeur : Calmann-Lévy – Pages : 352
Au seuil des Corbières, les Testasecca habitent un château fort fabuleux, fait d’une multitude anarchique de tourelles, de coursives, de chemins de ronde et de passages dérobés. Clémence, dix-sept ans, bricoleuse de génie, rafistole le domaine au volant de son fidèle tracteur ; Pierre, quinze ans, hypersensible, braconne dans les hauts plateaux; Léon, le père, vigneron lyrique et bagarreur, voit ses pouvoirs décroître à mesure que la vieillesse le prend; Diane, la mère, essaie tant bien que mal de gérer la propriété. Ruinés, ils sont menacés d’expulsion. Et la nature autour devient folle: des hordes de chevreuils désorientés ravagent les cultures. Frondeurs et orgueilleux, les Testasecca décident de défendre coûte que coûte le château. Dans cette épopée baroque et tragique, Guillaume Sire érige une mythologie sur la terre de son enfance.
Catégories :Un livre, un extrait...
Encore un auteur que je ne connais pas 🤩
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Alors, je ne connaissais pas, mais je te recommande celui-ci 😉
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J’ai découvert l’écriture de Guillaume Sire avec celui-ci. On en parle bientôt 😉
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Comme moi 😉
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Le nouveau Guillaume Sire, qu’est ce que j’aime cet auteur ! Son précédent m’avais bouleversé. Je lirais celui-ci aussi. J’ai hâte d’avoir ton ressenti sur ce roman Julie 🙂📚
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Ce sera mon premier Guillaume Sire et je lirais d’autres, car j’ai bien aimée 😉 Mon avis dans les jours à venir ! Je n’ai lu quasiment que des Calmann 😉
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J’ai hâte de lire ton avis. Calmann a une très belle rentrée littéraire 😉🙂
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Merci Frédéric 🙂 Je te confirme la belle rentrée Calmann 😉
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Oh c’est une de mes lectures de cette rentrée littéraire 🙂 Hâte de le lire !!
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Il devrait te plaire, car c’est un très bon livre 😉
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