Un livre,un extrait… Le Trophée de Gaea Schoeters

La détonation déchire le silence du matin. Même s’il s’y attendait, le recul de la lourde carabine de chasse a réussi à déséquilibrer Hunter. La force du tir soulève son pied gauche à près d’un demi-mètre du sol. Debout à ses côtés, Van Heeren ne peut s’empêcher d’éclater de rire. “Ça vous surprend toujours, non ? Elles vous en foutent plein le cul, ces vieilles pétoires à double canon. Mais, cela dit, joli coup.”

Il accompagne Hunter jusqu’à l’extrémité de la carrière aménagée en stand de tir. À sa grande satisfaction, celui-ci constate qu’il a mis en plein dans le mille. Un minuscule trou cylindrique à peine plus épais que son petit doigt a perforé le centre de la cible de papier, mais l’impact de la balle a pulvérisé le sac de sable qui la supportait ; de minces filets de latérite rouge sang s’écoulent de toutes parts. Cette puissance d’arrêt vaut bien quelques bleus à l’épaule : tout à l’heure elle fera toute la différence entre la vie et la mort. En faveur du chasseur, et au détriment du gibier. Il n’a jamais compris pourquoi tant de chasseurs préfèrent aujourd’hui les petits calibres. Dans la brousse, il ne se sentirait pas en sécurité avec une arme plus légère. Les petites munitions exigent la plus grande précision et, en terrain difficile, le chasseur n’a pas toujours le luxe de choisir son angle de tir.

Quand une bête sauvage attaque sans crier gare, c’est bien de la veine si vous arrivez à l’atteindre. Et puis surtout, si une arme légère finit bien par tuer dans la plupart des cas, elle n’arrête pas immédiatement le gibier dans son élan. Le chasseur, quant à lui, n’a pas trop envie de se faire écraser par un animal “mort” qui poursuit sa course sur quelques mètres encore avant de s’effondrer. C’est pourquoi, pour la chasse au gros gibier, il préfère encore sa fidèle carabine à canons juxtaposés .577 Nitro Express plutôt qu’un modèle plus léger et plus moderne ; c’est exactement la même arme qu’avait utilisée Hemingway lorsqu’il avait abattu un rhinocéros et plusieurs lions dans les parages au milieu desquels il se retrouve aujourd’hui.

Parution :  14 septembre 2022 – Éditeur : Actes Sud – Traduction : Benoît-Thaddée Standaert Pages : 288 – Genre : thriller, roman noir

Hunter White, riche new-yorkais et investisseur à Wall Street, a acheté une licence de chasse lui permettant de tuer un rhinocéros noir, seul trophée qui manque encore à son palmarès. Parti en Afrique, son terrain de jeu de prédilection, il rêve d’enfin pouvoir ramener à sa femme, en guise de cadeau d’anniversaire, la tête empaillée de son rhinocéros. Mais son rêve se muera bientôt en cauchemar. Sans retour en arrière possible.
Alors que nous croyons avoir l’Afrique en ligne de mire dans une prose infusée de Joseph Conrad et d’Ernest Hemingway, nous découvrons bien vite que c’est le lecteur lui-même que Gaea Schoeters a pris pour cible.



Catégories :Un livre, un extrait...

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2 réponses

  1. Une histoire pour le moins original, ça ferait un excellent film. J’adore la couverture. Ils sont doués chez Actes Sud 😊

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