Un livre, un extrait… Les malvenus d’Audrey Brière

Le comte en resta statufié.
Il n’y avait rien de vivant dans la forêt que ce petit enfant qui était là depuis un certain temps, à en juger par la façon dont la neige recouvrait ses jambes. Ce petit enfant qui luttait pour survivre, quand on avait voulu le faire mourir d’une atroce manière. Le comte, dessoûlé sur le coup, estima qu’il avait peut-être deux ans, comme son propre fils. Il était possible cependant que sa maigreur et sa petite taille le fissent paraître plus jeune qu’il n’était en réalité.
Un des chiens jappa en se rapprochant du petit et ce dernier hurla de plus belle. Le comte sortit de son état léthargique et se précipita pour éloigner les cabots. Il ôta sa pelisse et enveloppa sa trouvaille à l’intérieur. L’enfant empestait, mais le comte n’y prit pas garde. Il le souleva de terre, l’arrachant à ce qui serait devenu sans son intervention un linceul glacial. Le petit cessa de crier, pour ne laisser place qu’à des sanglots silencieux. Il fixa intensément son sauveur, imprégnant ses pupilles de ce visage buriné, bouffi par le chagrin et l’alcool. Il se recroquevilla contre la poitrine chaude du comte. Ce dernier sentait entre ses doigts les bras fins et les pieds gelés du bambin.
C’était un petit garçon.


1917. Alors que la Première Guerre mondiale fait rage, un homme est retrouvé mort dans une cave du village de Haut-de-Cœur, en Bourgogne. Pas mort d’un excès de froid, de faim ou de vin, comme d’autres, mais proprement égorgé. Ici, bon nombre des habitants ont grandi sans autre père et mère que les religieuses du majestueux couvent des Ursulines. C’est le cas de l’inspecteur de police Matthias Lavau : recueilli tout petit par le couvent, il est parti faire ses armes à Paris et à Lyon avant de finalement rentrer au bercail. Son talent ? Il se souvient de tout, tout le temps. Une mémoire parfois lourde à supporter, mais dans ses enquêtes, un atout précieux. La victime aussi est un ancien des Ursulines : Thomas Sorel, bien connu dans les alentours, et presque unanimement détesté… C’est le bras armé du très redouté maire. Beaucoup ont souhaité sa mort, pour des raisons valables, le plus souvent. Dans l’atmosphère crépusculaire de l’hiver interminable qui s’est abattu sur la région, Matthias et son assistante Esther vont devoir démêler les racines du Mal, entrelacées depuis des décennies et profondément plantées dans les passions, les vices et les secrets de Haut-de-Cœur.

Parution : 3 février 2023 – Éditeur : Seuil – Pages : 352


Ju lit Les Mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes –




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5 réponses

  1. Tu me donnes drôlement envie. Tu es dessus?

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  2. L’extrait et la couverture sont attrayants !

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