Un livre, un extrait… Beyrouth-sur-Seine de Sabyl Ghoussoub

Personne en France ne connaît la différence entre un Arabe et un autre, on ne fait aucune différence entre un Jordanien, un Irakien et un Libanais, ils sont mis dans le même panier, même les Iraniens pour une majorité de Français sont des Arabes.

Avant la guerre, Beyrouth n’était pas divisée, les communautés vivaient mélangées. On trouvait des musulmans à l’Est et des chrétiens à l’Ouest mais très vite, quelques mois après le début des hostilités, une ligne de démarcation a séparé les quartiers musulmans de Beyrouth-Ouest des quartiers chrétiens de Beyrouth-Est.
Même si certains musulmans vivaient encore à l’Est et des chrétiens à l’Ouest, le conflit s’éternisant, et malgré quelques moments d’accalmie, chaque secteur est devenu de plus en plus homogène jusqu’à finir par séparer également dans Beyrouth, des années plus tard, les chiites des sunnites dans les quartiers musulmans.

Bien après la fin de la guerre, j’avais été surpris quand je me suis installé à Beyrouth de rencontrer beaucoup de jeunes de mon âge qui ne s’étaient jamais rendus, même pas une fois, « de l’autre côté », « chez les autres » et cela dans les deux sens. Les parents avaient transmis leur peur à leurs enfants et même si cette ligne de démarcation n’existait plus, elle restait dans les esprits de beaucoup de Libanais.


Parution : 18/08/2023 – Editions points – Pages : 288 – Genre : autobiographique   témoignage   Histoire   exil   souvenirs   déracinement   immigrat-ion

Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d’origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu’il cherche. La vie de ses parents ? De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant ? Ou bien de la vie de son pays, ravagé par des années de guerre civile ?
Alors qu’en 1975 ses parents décident de vivre à Paris pendant deux ans, le Liban sombre dans un conflit sans fin. Comment vivre au milieu de tout cet inconnu parisien quand tous nos proches connaissent la guerre, les attentats et les voitures piégées ? Déambuler dans la capitale, préparer son doctorat, voler des livres chez Gibert Jeune semble dérisoire et pourtant ils resteront ici, écrivant frénétiquement des lettres aux frères restées là-bas, accrochés au téléphone pour avoir quelques nouvelles. Très vite pourtant la guerre pénètre le tissu parisien : des bombes sont posées, des attentats sont commis, des mots comme « Palestine », « organisation armée », « phalangistes » sont prononcés dans les JT français.
Les années passent, le conflit politique continue éternellement de s’engrener, le Liban et sa capitale deviennent pour le narrateur un ailleurs dans le quotidien, un point de ralliement rêvé familial. Alors il faut garder le lien coûte que coûte notamment à travers ces immenses groupes de discussion sur WhatsApp. Le Liban, c’est la famille désormais.


Ju lit Les Mots

– Blog littéraire – Critiques littéraires – Co-fondatrice Prix des auteurs inconnus – Membre the funky geek club – Contributrice journal 20 minutes –




Catégories :Un livre, un extrait...

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7 réponses

  1. Merci pour cet extrait Julie 😍.

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  2. Merci pour cet extrait ce livre a l’air super didactique et pédagogique.

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Rétroliens

  1. C’est lundi, que lisons-nous ? #22 – Ju lit les mots

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