Sur l’étendue de dix nouvelles, Banks, avec une tendresse infinie, se raconte et raconte les histoires de monsieur et madame tout le monde.

Dans la première nouvelle intitulée “En guise d’introduction”, il met en scène ses propres parents mythomanes. Si la mère use de son imagination pour capter l’intérêt de son entourage, le père, lui, n’aura cherché qu’à se faire aimer par son fils. S’en suit des histoires où des hommes, et peu de femmes, se retrouvent pris entre les mailles des trahisons, des violences conjugales, des problèmes financiers, du divorce, de l’alcoolisme et du temps qui passe.

Malgré la profusion des thèmes, les dix nouvelles sont reliées par un fil conducteur, celui du moment fatidique. L’instant où tout bascule et où une prise de conscience s’impose, plaçant chacun des personnages face à sa propre existence. Un incident, une rencontre qui viendront briser la routine dans laquelle ils se sont enlisés plus ou moins volontairement.

Le talent de Banks réside dans sa capacité à transformer la nouvelle en une sorte de petit roman. La psychologie des personnages est fouillée; on les côtoie, on s’émeut de leur sort, on s’attache à eux pendant qu’ils regardent leurs destinées leur glisser entre les doigts.

Banks ne juge pas. Il ne cherche pas non plus à faire passer un message. Mais à la lecture de ces nouvelles on entraperçoit l’humaniste en lui. Celui qui, malgré l’affection qu’il porte à ses personnages, ne fait que constater l’échec de l’expérience humaine, et notre solitude.

Parution : 04/06/2002 – Editions : J’ai lu – Pages : 207 – Genre : nouvelles,

Dans ces nouvelles pétries d’une sorte de conscience de classe tranquille et obstinée, on retrouvera des paysages et des thèmes chers à Russell Banks, et notamment les trahisons dont parents et enfants, maris et femmes, Blancs et Noirs se rendent mutuellement coupables. Ennemi déclaré du pittoresque, il refuse pourtant que ses personnages ne soient que pures incarnations d’une pathologie sociale – quelle que soit l’importance, dans ses textes, de problèmes tels que l’alcoolisme, la violence conjugale ou l’irresponsabilité financière.
Tendresse, décence et grâce, tels sont sans doute les mots les plus justes pour rendre compte des nouvelles de ce recueil. Le monde est un endroit glacé auquel Russell Banks, dans une empathie chaleureuse, s’emploie à offrir la possibilité d’une rédemption

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